Des centaines de milliers de jeunes prient avec le Pape pour la souffrance du monde
Benoît XVI et des milliers de pèlerins ont participé ce vendredi soir à un Chemin
de croix en plein cœur de Madrid. Le chemin de Croix est toujours un événement
central des JMJ. Mais il aura eu, en cette édition, un fort impact artistique et symbolique
dans cette péninsule ibérique où cette pratique, très répandue, s’accompagne d’un
folklore dévotionnel très riche. De grandes statues de bois, les célèbres pasos, ou
trônes de la Semaine Sainte, provenant du patrimoine religieux des diocèses espagnols
avaient été installés le long d’une des artères centrales de Madrid, pour marquer
les 14 stations du Chemin de croix sur un parcours d’environ 700 mètres ; des statues
de procession datant pour certaines de l’époque baroque. Une 15° station consacrée
à la Vierge avait été placée à la droite de la tribune du Pape, place de Cibeles.
La richesse culturelle et spirituelle de l’Espagne était déployée. Les méditations
ont été rédigées par les sœurs de la Croix de Séville, qui se consacrent à l’assistance
des pauvres. On a prié pour les jeunes qui souffrent : à cause de la guerre, des affrontements
fratricides, des persécutions religieuses, de la marginalisation, de la toxicomanie,
de l’avortement, du terrorisme, des catastrophes naturelles, des abus sexuels, des
péchés contre la pureté. Des détenus d’une prison de Madrid avaient obtenu un permis
spécial pour y participer. Des jeunes d’une quinzaine de pays ont été choisis
pour porter la croix de station en station, venus d’Irak, du Soudan, du Japon, d’Haïti
… ou encore du Burundi comme ce jeune séminariste interrogé peu avant le début du
Chemin de croix
Benoît XVI,
qui a participé pour la première fois à l’intégralité du Chemin de croix, a descendu
l’avenue à bord de sa papamobile avant de gagner la place de Cibeles. Dans son
allocution, il a invité les jeunes à ne pas passer à côté de la souffrance humaine.
La passion du Christ - a-t-il dit - nous pousse à charger sur nos épaules la souffrance
du monde. Les diverses formes de souffrance sont des appels du Seigneur pour édifier
nos vies en suivant ses traces et pour faire de nous des signes de sa consolation
et de son salut. La croix n’est pas l'aboutissement d’un échec, mais le don plus grand
: celui de sa propre vie. En elle, nous reconnaissons l’image de l’amour suprême,
où nous apprenons à aimer ce que Dieu aime et à aimer comme Lui.
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Traduction
de l'allocution du Pape
Chers jeunes, Nous avons célébré avec piété
et ferveur ce chemin de croix en accompagnant le Christ dans sa passion et sa mort.
Les commentaires des Hermanitas de la Cruz, qui servent les plus pauvres et ceux qui
sont dans le besoin, nous ont permis d’entrer dans le mystère de la croix glorieuse
du Christ, qui renferme la vraie sagesse de Dieu, celle qui juge le monde et ceux
qui se croient sages (cf. 1 Cor 1, 17-19). La contemplation des extraordinaires imágenes
provenant du patrimoine religieux des diocèses espagnols, nous a aidé également dans
cet itinéraire vers le calvaire. Ce sont des imágenes où la foi et l’art s’harmonisent
pour arriver au cœur de l’homme et pour l’inviter à la conversion. Quand le regard
de la foi est limpide et authentique, la beauté se met à son service et elle est capable
de représenter les mystères de notre salut jusqu’à nous émouvoir profondément, et
de transformer notre cœur, comme cela est arrivé à sainte Thérèse d’Avila en contemplant
une représentation du Christ blessé (cf. Libro de la vida 9, 1). Pendant que nous
avancions avec Jésus pour arriver au sommet du don de lui-même au calvaire, les paroles
de saint Paul nous sont venus en mémoire : « Le Christ m’a aimé et il s’est livré
pour moi » (Ga 2, 20). Devant un tel amour si désintéressé, pleins d’étonnement et
de gratitude, nous nous demandons maintenant : Que ferons-nous nous-autres pour lui
? Quelle réponse lui donnerons-nous ? Saint Jean le dit clairement : « À ceci nous
avons connu l’amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi,
donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3 , 16). La passion du Christ nous pousse
à charger sur nos épaules la souffrance du monde, avec la certitude que Dieu n’est
pas quelqu’un qui est distant ou lointain de l’homme et de ses vicissitudes. Au contraire,
il s’est fait l’un d’entre nous « pour pouvoir compatir avec l'homme de manière très
réelle, dans la chair et le sang ... De là, dans toute souffrance humaine est entré
quelqu'un qui partage la souffrance et la patience; de là se répand dans toute souffrance
la con-solatio; la consolation de l'amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l'étoile
de l'espérance » (Spes salvi, 39). Chers jeunes, que l’amour du Christ pour nous
augmente votre joie et vous aide à être proches de ceux qui sont dans le besoin. Vous
qui êtes très sensibles à l’idée de partager la vie avec les autres, ne passez pas
à côté de la souffrance humaine, où Dieu espère en vous afin que vous puissiez donner
le meilleur de vous-mêmes : votre capacité d’aimer et de compatir. Les diverses formes
de souffrance qui, tout au long du chemin de croix, ont défilé devant vos yeux, sont
des appels du Seigneur pour édifier nos vies en suivant ses traces et pour faire de
nous des signes de sa consolation et de son salut : « Souffrir avec l'autre, pour
les autres; souffrir par amour de la vérité et de la justice; souffrir à cause de
l'amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux
d'humanité; leur abandon détruirait l'homme lui-même » (ibid.). Sachons recevoir
ces leçons et les mettre en pratique ! Pour cela, regardons vers le Christ, cloué
sur un bois rude, et demandons-lui qu’il nous montre cette sagesse mystérieuse de
la croix par laquelle l’homme vit. La croix n’a pas été le développement d’un échec,
sinon la manière d’exprimer le don aimant qui arrive jusqu’à un don plus grand : celui
de sa propre vie. Le Père a désiré aimer les hommes dans l’accolade de son Fils crucifié
par amour. Par sa forme et sa signification, la croix représente cet amour du Père
et du Christ pour les hommes. En elle, nous reconnaissons l’image de l’amour suprême,
où nous apprenons à aimer ce que Dieu aime et comme il le fait : c’est elle la Bonne
Nouvelle qui redonne l’espérance au monde. Tournons maintenant nos yeux vers la
Vierge Marie qui nous fut donnée pour mère au calvaire, et supplions-la de nous soutenir
par sa protection aimante sur le chemin de la vie, en particulier quand nous passons
à travers la nuit de la souffrance, afin que nous réussissions comme elle à demeurer
fermes dans la foi au pied de la croix.