Lettre de la Congrégation pour le Clergé aux Recteurs de Sanctuaires
Du Vatican, le 15 août 2011 En l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie Prot.
N. 2011 0546
Éminence/Excellence Révérendissime, Dans le grand horizon de
la nouvelle évangélisation, cette Congrégation, compétente en la matière, se fait
un devoir de transmettre par l'aimable intermédiaire de Votre Éminence/Excellence,
une lettre d'encouragement aux Recteurs des Sanctuaires de votre circonscription
(cf. P.J.).
Au cours de l'histoire les Sanctuaires sont apparus comme des lieux
merveilleux dont la Providence se sert pour la conversion, le soutien et le réconfort
de nombre de personnes. Encore aujourd'hui ils peuvent continuer à éclairer de
nombreuses personnes par la joie de la foi chrétienne, et contribuer à sensibiliser
à l'écoute de l'appel universel à la sainteté. Avec de telles ressources nous pourrons
humblement collaborer à endiguer le sécularisme et à augmenter la pratique religieuse.
Nous
appelons donc de nos voeux un zèle renouvelé de la part des prêtres chargés du soin pastoral
des Sanctuaires, une plus pleine compréhension de l'importance qu’il y a à valoriser chaque
occasion pour prendre soin de la liturgie, de la catéchèse, de la prédication, de
l'écoute des confessions, de la célébration des sacramentaux et même de l’art sacré,
et ainsi, à travers tous ces détails, on pourra proposer de l’aide à ceux qui pénètrent
dans un Sanctuaire, ne serait-ce qu’occasionnellement.
En vous remerciant
de ce que vous voudrez bien faire pour la diffusion et la mise en valeur de cette
lettre, je profite de l’occasion pour vous renouveler en sentiment de profonde affection
collégiale l’expression de mon plus grand dévouement dans le Seigneur Mauro Card.
Piacenza Préfet XCelso Morga Iruzubieta Arch. tit. de Alba Maritima Secrétaire _________________________________
Révérends
Recteurs, Je désire adresser à chacun de vous mon salut cordial, que j'étends volontiers
à ceux qui sont à vos côtés dans le soin pastoral des Sanctuaires, avec l'expression
de ma sincère gratitude pour le dévouement attentionné avec lequel vous répondez
quotidiennement aux besoins pastoraux de pèlerins qui, de toute part dans le monde,
accourent toujours plus nombreux dans les lieux de culte qui vous sont confiés.
Par
cette Lettre, je me fais avant tout l’interprète des sentiments du Saint-Père Benoît XVI
qui considère de grande importance la présence des Sanctuaires, précieux dans la vie de
l'Église, puisque, comme but de pèlerinage, ils sont surtout les lieux « d’un rappel,
qui attire un nombre croissant de pèlerins et de touristes religieux, certains
desquels se trouvent dans des situations humaines et spirituelles complexes, assez
éloignés du vécu de la foi et avec une faible appartenance ecclésiale » (Lettre
à l'occasion du II Congrès Mondial de pastorale des pèlerinages et des Sanctuaires
– Saint Jacques de Compostelle, 27-30 septembres 2010). Le Bienheureux Pape Jean-Paul
II affirmait : « toujours et partout, les Sanctuaires chrétiens ont été ou ont
voulu être les signes de Dieu, de son irruption dans l'histoire humaine » (Discours
aux Recteurs de sanctuaires - 22.01.1981). Les sanctuaires, donc, sont « un signe
du Christ vivant parmi nous, et dans ce signe les chrétiens ont toujours reconnu
l'initiative de l'amour de Dieu vivant pour les hommes » (Conseil Pontifical pour
la Pastorale des Migrants et Itinérants, le Sanctuaire. Mémoire, présence et prophétie
du Dieu vivant - 8.05.1999, n. 5).
Conscient, donc, de la valeur particulière
que les sanctuaires revêtent dans l'expérience de foi de chaque chrétien, la Congrégation
pour le Clergé, compétente en la matière (cfr. Jean-Paul II, Constitution Apostolique
Pastor bonus - 28.06.1988, art. 97, 1°), entend proposer à votre attention quelques
considérations destinées à donner une impulsion renouvelée et plus efficace aux
activités ordinaires de la pastorale qui se déroulent en ces lieux. Dans un climat
de sécularisme diffus, le sanctuaire continue effectivement, encore aujourd'hui,
à représenter un lieu privilégié où l'homme, pèlerin sur cette terre, fait l’expérience
de la présence affectueuse et salvifique de Dieu. Là il trouve un espace fécond, loin
des essoufflements quotidiens, où il peut se recueillir et retrouver sa vigueur spirituelle pour
reprendre le chemin de foi avec une plus grande ardeur, pour chercher, trouver et
aimer le Christ dans la vie ordinaire au milieu du monde.
Quel est le coeur
des activités pastorales dans un Sanctuaire ? La réglementation canonique, à propos
de ces lieux de culte, prévoit avec une profonde sagesse théologique et l’expérience
de l’Eglise, qu’en ces lieux « on offre aux fidèles avec une plus grande abondance
les moyens du salut, en annonçant avec soin la Parole de Dieu, en développant opportunément
la vie liturgique, surtout par la célébration de l'Eucharistie et de la Pénitence, comme
aussi en cultivant les formes saines de la piété populaire » (can. 1234, §1). La norme canonique
donc, en traçant une synthèse précieuse de la pastorale spécifique aux Sanctuaires,
fournit une occasion intéressante pour réfléchir brièvement sur quelques éléments
fondamentaux caractéristiques de l'office que l’Eglise vous a confié.
1. Annonce
de la Parole, prière et piété populaire Le sanctuaire est le lieu où résonne avec
une singulière puissance la Parole de Dieu. Le Saint Père Benoît XVI, dans l'Exhortation
Apostolique post-synodale Verbum Domini, récemment publiée (30.09.2010), réaffirme
que l’Eglise « se fonde sur la Parole de Dieu, elle naît et vit d'elle » (n. 3).
Elle est la « maison » (cfr. ibidem, n. 52) dans laquelle la parole divine est
accueillie, méditée, annoncée et célébrée (cfr. ibidem, n. 121). Ce que le Souverain
Pontife dit de l'Église peut être affirmé du Sanctuaire d'une manière analogue. L'annonce
de la Parole revêt un rôle essentiel dans la vie pastorale du Sanctuaire. Les ministres
sacrés ont par conséquent la tâche de préparer cette annonce, dans la prière et dans la
méditation, en filtrant le contenu de l'annonce à l’aide de la Théologie spirituelle,
à l'école du Magistère et des Saints. Les sources principales de leur prédication
seront l'Écriture Sainte et la Liturgie (cfr. Concile OEcuménique Vatican II, Constitution
Sacrosanctum Concilium, 4.12.1963, n. 35), auxquelles se joignent le précieux Catéchisme
de l'Eglise Catholique et son Abrégé. Le ministère de la Parole, exercé de différentes
façon en conformité au dépôt révélé, sera ensuite d'autant plus efficace et incisif
qu’il naîtra du coeur, dans la prière, et qu’il s’exprimera à travers des langages
accessibles et beaux, capables de montrer correctement l’actualité permanente du
Verbe éternel.
La réponse humaine à une annonce féconde de la Parole de Dieu
est la prière. « Les Sanctuaires sont, pour les pèlerins en quête de leurs sources
vives, des lieux exceptionnels pour vivre « en Église » les formes de la prière
chrétienne » (Jean-Paul II, Catéchisme de l'Eglise Catholique [CCC], 11.10.1992,
n. 2691). La vie de prière se développe de différentes façons, parmi lesquelles
nous trouvons diverses formes de piété populaire qui doivent toujours laisser une
« juste place à la proclamation et à l'écoute de la Parole de Dieu ; en effet,
“ la piété populaire trouvera dans la Parole Biblique une source inépuisable d'inspiration,
des modèles de prière inégalables et des propositions particulièrement fécondes
de thèmes“ » (Verbum Domini, n. 65). Le Directoire sur la piété populaire et liturgie
(Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, 09.04.2002)
dédie un chapitre aux Sanctuaires et aux pèlerinages, en souhaitant « des relations
harmonieuses entre les célébrations liturgiques et les pieux exercices » (n. 261).
La piété populaire a une grande importance pour la foi, la culture et l'identité
chrétienne de beaucoup de peuples. Elle est l’expression de la foi d'un peuple,
« vrai trésor du peuple de Dieu » (ibidem, n. 9), dans et pour l’Eglise: pour le comprendre,
il suffit d’imaginer la pauvreté à laquelle serait réduite l'histoire de la spiritualité
chrétienne d'Occident en l'absence du « Rosaire », du « Chemin de Croix », ou encore
des processions. Ce ne sont que deux exemples, mais suffisamment évidents pour relever
le caractère indispensable de cette piété.
En exerçant votre ministère auprès
d'un Sanctuaire, vous avez souvent l’occasion d'observer les gestes de pitiés,
aussi particuliers qu’expressifs, par lesquels les pèlerins ont l’habitude d’exprimer
visiblement la foi qui les anime. Les formes multiples et polychromes de dévotion,
qui dérivent souvent d’autant de sensibilités et de traditions culturelles, témoignent
de l'intensité fervente d'une vie spirituelle alimentée par une prière constante et par
le désir intime d'adhérer toujours plus étroitement au Christ. L'Église, consciente
de l’incidence significative de ces manifestations religieuses dans la vie spirituelle
des fidèles, a toujours reconnu leur valeur et en a respecté les expressions naturelles.
Non seulement, mais à travers les enseignements des Pontifes Romains et des Conciles,
elle les a recommandées et favorisées. En même temps, pourtant, là où elle a relevé
des attitudes ou des mentalités que l’on ne pouvait pas ramener à un sens religieux suffisamment
sain, elle a éprouvé le besoin d'intervenir, en purifiant ces actes de leurs éléments
fallacieux ou en fournissant des méditations, des cours, des enseignements, etc. La piété
populaire, en effet, ne pourra être locus fidei que si elle s’enracine dans une tradition catholique
originaire ; alors elle sera un instrument fécond d'évangélisation, dans lequel même
les éléments de la culture ambiante autochtone pourront trouver accueil et dignité
en synergie.
Comme responsables de la pastorale dans les Sanctuaires, par
conséquent, votre tâche est d'instruire les pèlerins sur le caractère absolument
prééminent que la célébration liturgique doit revêtir dans la vie de chaque croyant.
La pratique personnelle de formes de piété populaire ne doit absolument pas être
entravée ou rejetée, au contraire il faut la favoriser, mais elle ne peut pas se
substituer à la participation au culte liturgique. Ces expressions, en effet, plutôt
que s'opposer à la place centrale de la Liturgie, doivent l’accompagner et être
toujours orientées vers elle. C’est en effet dans la célébration liturgique des
Sacrés Mystères que s'exprime la prière commune de toute l'Église.
2. Miséricorde
de Dieu dans le sacrement de la Pénitence La mémoire de l'amour de Dieu, qui se
fait présent de façon éminente dans le sanctuaire, amène à la demande de pardon
pour ses péchés et au désir d'implorer le don de la fidélité au dépôt de la foi.
Le Sanctuaire est aussi le lieu de l’actualisation permanente de la miséricorde
de Dieu. C’est le lieu accueillant où l'homme peut avoir une réelle rencontre avec
le Christ, en faisant l’expérience de la Vérité de Son enseignement et de Son pardon, pour
s'approcher dignement, et donc fructueusement, de l'Eucharistie.
Dans ce but
il faut favoriser, et là où c’est possible intensifier, la présence constante de prêtres
qui, avec un esprit humble et accueillant, se consacrent généreusement à l'écoute
des confessions sacramentelles. Dans l'administration du sacrement du Pardon et
de la Réconciliation, les confesseurs, qui agissent comme « le signe et l'instrument
de l'amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur » (CEC, n. 1465), aident les
pénitents à expérimenter la tendresse de Dieu, à percevoir la beauté et la grandeur
de sa bonté, et à redécouvrir en leurs coeurs le désir intime de la sainteté, vocation
universelle et fin ultime de chaque croyant (cfr. Congrégation pour le Clergé,
le Prêtre ministre de la miséricorde divine, 9.03.2011, n. 22). Les confesseurs,
en éclairant la conscience des pénitents, mettent aussi en évidence le lien étroit
qui relie la Confession sacramentelle à une existence nouvelle, orientée vers une conversion
décidée. Qu'ils exhortent donc les fidèles à s'approcher avec régularité et avec une
dévotion fervente de ce sacrement, pour que, soutenus par la grâce qui y est offerte,
ils puissent alimenter constamment leur fidèle engagement d'adhésion au Christ,
en progressant dans la perfection évangélique.
Que les ministres de la Pénitence
soient disponibles et accessibles, en cultivant une attitude compréhensive, accueillante
et encourageante (cfr. Le Prêtre ministre de la miséricorde divine, nn. 51-57).
Pour respecter la liberté de chaque fidèle et aussi pour favoriser une pleine sincérité
au for sacramentel, il est opportun que soient disponibles en des endroits indiqués
(par exemple, si possible, une chapelle de la Réconciliation), des confessionnaux
pourvus d'une grille fixe. Comme l’enseigne le Bienheureux Pape Jean-Paul II dans
la Lettre Apostolique Misericordia Dei (7.04.2002) : « La question du siège pour les confessions
est disciplinée par les normes promulguées par chaque conférence d’évêques, qui
garantiront qu'il soit placé en un lieu visible et soit aussi pourvu d’une grille
fixe, pour permettre aux fidèles et aux confesseurs mêmes qui le désirent de s’en
servir librement » (n. 9, b - cfr. Can. 964, § 2 ; Conseil Pontifical pour l'Interprétation
des textes Législatifs, Responsa ad propositum dubium : de loco excipiendi sacramentales
confessiones [7 Juillet 1998] : AAS 90 [1998] 711 ; cfr. Le Prêtre ministre de
la miséricorde divine, n. 41). Les ministres, en outre, auront soin de faire comprendre
les fruits spirituels dérivants de la rémission des péchés. Le sacrement de la
Pénitence, en effet, « apporte une véritable « résurrection spirituelle », une
restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus
précieux est l'amitié de Dieu » (CEC, n. 1468).
En considération du fait que
les Sanctuaires sont des lieux de vraie conversion, il peut être opportun de renforcer
la formation des confesseurs pour le soin pastoral de ceux qui n’ont pas respecté
la vie humaine, de la conception jusqu'à son terme naturel. Les prêtres, ensuite,
en dispensant la miséricorde divine, doivent remplir ce ministère particulier comme
il se doit, en adhérant avec fidélité à l'enseignement authentique de l'Église.
Qu’ils soient bien formés dans la doctrine, et qu’ils ne négligent pas de se mettre
à jour périodiquement surtout dans les questions touchant à la morale et à la bioéthique
(cfr. CEC, n. 1466). Dans le domaine matrimonial également, qu’ils respectent ce
qu’enseigne avec autorité le Magistère ecclésial. Qu'ils évitent donc de manifester
en siège sacramentel des doctrines privées, des opinions personnelles ou des évaluations
arbitraires non conformes à ce que l’Eglise croie et enseigne. Pour leur formation
permanente il sera utile de les encourager à participer à des cours spécialisés,
comme par exemple, ceux qu’organise la Pénitencerie Apostolique et quelques Universités
Pontificales (cfr. Le Prêtre ministre de la miséricorde divine, n. 63).
3.
L'Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne La Parole de Dieu et la célébration
de la Pénitence sont intimement unis à la Sainte Eucharistie, mystère central en
lequel « est renfermé tout le bien spirituel de l'Église, c'est-àdire le Christ
lui-même, notre Pâques » (Concile OEcuménique Vatican II, Décret Presbyterorum
ordinis, 7.12.1965, n. 5). La célébration Eucharistique constitue le coeur de la
vie sacramentelle du Sanctuaire. Le Seigneur s’y donne à nous. Il faut dès lors que
les pèlerins qui visitent les sanctuaires soient rendus conscients que, s'ils accueillent
avec confiance le Christ eucharistique en leur intimité, Il leur offre la possibilité
d'une réelle transformation de l'existence.
Que la dignité de la célébration
Eucharistique soit aussi opportunément mise en valeur grâce au chant grégorien,
polyphonique ou populaire (cfr. Sacrosanctum Concilium, nn. 116 et 118) ; mais
également en sélectionnant adéquatement tant les instruments de musique les plus
nobles (orgues à tuyaux et similaires - cfr. ibidem, n. 120), que les vêtements revêtus par
les ministres ainsi que les objets utilisés dans la Liturgie. Ceux-ci doivent répondre
à des critères de noblesse et de caractère sacré. Dans le cas des concélébrations,
que l’on veille à avoir un Maître des cérémonies qui ne concélèbre pas, et que
l’on fasse ce qui est possible pour que chaque concélébrant revête la chasuble,
en tant qu’ornement propre du prêtre qui célèbre les divins mystères.
Le
Saint Père Benoît XVI écrivait, dans l'Exhortation Apostolique post-synodale Sacramentum
Caritatis (22.02.2007), que « la meilleure catéchèse sur l'Eucharistie est l’Eucharistie
elle-même bien célébrée » (n. 64). Dès lors, que dans la Sainte Messe les ministres
respectent fidèlement ce qu’établissent les normes des Livres liturgiques. Les rubriques,
en effet, ne sont pas des indications facultatives pour le célébrant mais plutôt des prescriptions
obligatoires qu'il doit observer soigneusement avec fidélité à chaque geste ou signe.
Chaque norme, en effet, est sous-tendue par un sens théologique profond, qui ne peut être
ni diminué ni simplement ignoré. Un style de célébration qui introduirait des innovations
liturgiques arbitraires, en plus d'engendrer la confusion et la division parmi les fidèles,
lèserait la vénérable Tradition et l'autorité même de l'Église, ainsi que l'unité ecclésiale.
Le
prêtre qui préside l'Eucharistie n'est cependant pas non plus un simple exécutant
de rubriques rituelles. Plutôt, la participation intérieure intense et dévote avec
laquelle il célébrera les divins mystères, accompagnée d’une valorisation opportune
des signes et des gestes liturgiques prévus, non seulement façonnera son esprit
de prière, mais se révélera aussi féconde pour la foi eucharistique des croyants
qui participent à la célébration avec leur actuosa partecipatio (cfr. Sacrosanctum
Concilium, n.14).
Comme fruit de Son don dans l'Eucharistie, Jésus-Christ demeure
sous les espèces du pain. Les célébrations comme l'Adoration eucharistique en-dehors
de la sainte Messe, avec l'exposition et la bénédiction du Très saint Sacrement,
manifestent ce qui est au coeur de la célébration : l'Adoration, c'est-à-dire l'union
avec Jésus Hostie.
À cet égard, le Pape Benoît XVI enseigne que « dans l'Eucharistie,
en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s'unir à nous ; l'adoration
eucharistique n'est rien d’autre que le développement explicite de la Célébration
eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d'adoration de l'Église
» (Sacramentum Caritatis, n. 66), et il ajoute aussi : « L'acte d'adoration en-dehors
de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique
elle-même » (là). De la sorte, que l’on attribue une importance très considérable
à l’emplacement du tabernacle dans le Sanctuaire (ou aussi à celui d'une chapelle
destinée exclusivement à l'adoration du Saint-Sacrement) puisqu'il est en lui-même
un « aimant », une invitation et un stimulant pour la prière, l'adoration, la méditation,
l'intimité avec le Seigneur. Le Souverain Pontife, dans l’Exhortation susmentionnée,
souligne que « la localisation correcte [du tabernacle], aide en effet à reconnaître
la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement. Il est donc nécessaire que
le lieu où sont conservées les espèces eucharistiques soit facilement identifiable
par quiconque entre dans une église, grâce aussi à la traditionnelle veilleuse
» (ibidem, n. 69).
Que le tabernacle, réserve eucharistique, occupe donc une
place prééminente dans les Sanctuaires, et aussi, en se souvenant de la relation
entre art, foi et célébration, que l’on fasse attention « à l'unité entre les éléments
constitutifs du presbyterium : autel, crucifix, tabernacle, ambon, siège » (ibidem,
n. 41). L’emplacement correct des signes éloquents de notre foi, dans l'architecture
des lieux de culte, favorise indubitablement, en particulier dans les sanctuaires,
la juste priorité du Christ, pierre vivante, avant même de saluer la Vierge ou les
Saints justement vénérés en ce lieu, en donnant ainsi l’occasion à la piété populaire
de manifester ses racines vraiment eucharistiques et chrétiennes.
4. Un
nouveau dynamisme pour l'évangélisation Enfin, j’aime remarquer qu'encore aujourd'hui
les Sanctuaires conservent une fascination extraordinaire, comme en témoigne le
nombre croissant de pèlerins qui s’y rendent. Il n’est pas rare qu’il s’agisse
d'hommes et de femmes de tout âge et condition, porteurs de situations humaines
et spirituelles complexes, assez éloignés d'une vie de foi solide, ou avec un sens
d'appartenance ecclésiale fragile. Rendre visite à un Sanctuaire peut se révéler
pour eux une précieuse occasion de rencontrer le Chris, et de redécouvrir le sens profond
de leur vocation baptismale, ou d’en percevoir l’appel salutaire.
J'exhorte
donc chacun de vous à porter sur ces personnes un regard particulièrement accueillant
et attentionné. Dans ce domaine également, que rien ne soit laissé à l'improvisation.
Avec sagesse évangélique et une sensibilité élargie, il serait hautement éducatif
de devenir compagnon de voyage des pèlerins et visiteurs, en déterminant les raisons
du coeur et les attentes de l'esprit. Dans un tel service la collaboration à des tâches particulières
de la part de personnes douées d'une humanité accueillante, de perspicacité spirituelle,
d'intelligence théologale, servira à introduire les pèlerins au Sanctuaire comme à un
événement de grâce, un lieu d'expérience religieuse, de joie retrouvée. À cet égard
il sera avantageux de considérer la possibilité de créer des rendez-vous spirituels
même en soirée ou de nuit (des adorations nocturnes ou des veillées de prière),
là où l'afflux de pèlerins reprend de façon notable avec un flux permanent.
Votre
charité pastorale pourra constituer une bonne occasion et un fort stimulant pour que
jaillisse dans leur coeur le désir d'entreprendre un chemin de foi sérieux et intense.
Avec diverses formes de catéchèse, vous pourrez faire comprendre que la foi, loin
d'être un sentiment religieux vague et abstrait, est concrètement tangible et qu’elle
s'exprime toujours dans l'amour et la justice des uns envers les autres.
Ainsi,
auprès des Sanctuaires, l'enseignement de la Parole de Dieu et de la doctrine de l'Église,
au moyen des prédications, des catéchèses, de la direction spirituelle et des retraites,
constitue une excellente préparation pour accueillir le pardon de Dieu dans le sacrement
de la Pénitence, et la participation active et fructueuse à la célébration du Sacrifice
de l'autel. L'Adoration eucharistique, la pieuse pratique du Chemin de Croix et
la prière christologique et mariale du Saint Rosaire seront, avec les sacramentaux
et les bénédictions votives, des témoignages de la piété humaine et un chemin avec
Jésus vers l'amour miséricordieux du Père dans l'Esprit. Ainsi la pastorale de
la famille sera renforcée, et la prière de l'Église au « Maître de la moisson parce
qu'il envoie des ouvriers à sa moisson » (Mt 9, 38) sera heureusement féconde :
de saintes et nombreuses vocations sacerdotales et de consécration particulière
!Que les Sanctuaires en outre, dans la fidélité à leur tradition glorieuse, n'oublient
pas de s’engager dans les oeuvres caritatives et dans le service de l'assistance,
dans la promotion humaine, dans la sauvegarde des droits de la personne, dans l'engagement
pour la justice, selon la doctrine sociale de l'Église. Autour d’eux il est bien que
fleurissent aussi des initiatives culturelles, comme des congrès, des séminaires,
des expositions, des revues, des concours et autres manifestations artistiques
sur des thèmes religieux. De la sorte les Sanctuaires deviendront aussi des promoteurs
de culture, tant savante que populaire, en contribuant pour leur part au projet
culturel de l'Église, orienté en sens chrétien.
Ainsi sous la conduite de
la Vierge Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation à travers qui la grâce elle-même
se communique à l'humanité qui a besoin de rédemption, l’Eglise se prépare partout
dans le monde à la venue du Sauveur. Les Sanctuaires, lieux dans lesquels on se
rend pour chercher, pour écouter, pour prier, deviendront mystérieusement les lieux
dans lesquels on sera vraiment touché par Dieu à travers sa Parole, le sacrement de
la Réconciliation et de l'Eucharistie, l'intercession de la Mère de Dieu et des
Saints. Ce n’est que de cette façon, entre les vagues et les tempêtes de l'histoire,
en défiant le sens opiniâtre de relativisme qui règne actuellement, que les sanctuaires
seront les promoteurs d’un dynamisme renouvelé en vue de la nouvelle évangélisation
tellement attendue.
En remerciant encore chaque Recteur pour le dévouement
et la charité pastorale qu’il déploie pour que le Sanctuaire soit toujours davantage
un signe de la présence aimante du Verbe Incarné, nous vous assurons de notre plus
cordiale proximité dans le seigneur, sous le regard de la Bienheureuse Vierge Marie.
Du
Vatican, le 15 août 2011 En l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie Mauro
Card. Piacenza Préfet X Celso Morga Iruzubieta Arch. tit. de Alba Maritima Secrétaire