Le père Jean-Côme About commente l'Évangile selon saint Marc (9, 2 - 10) de ce 2e
dimanche de Carême : « Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et
les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré
devant eux. »
Écoutez :
En ce deuxième
dimanche de carême, Jésus nous invite à vivre sa transfiguration. Cet épisode
se situe huit jours après la confession de foi de Pierre et les disciples, bien qu’ayant
reçu déjà l’annonce de passion, restent dans une dynamique messianique triomphante.
Ils ont cet espoir que le Règne de Dieu est là et qu’ils vont y participer. D’ailleurs
ils sont dans la pleine période de la fête de soukkôt, primitivement la fête de
la récolte, devenue la fête des tentes, ayant valeur de mémorial. En effet, elle
remémorait le fait que, durant l’exode, les israélites campaient sous la tente
et que Dieu lui-même résidait dans la tente de réunion au milieu de son peuple.
Jésus prie, et le voilà transfiguré devant ses compagnons : « ses vêtements devinrent
resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une
blancheur pareille ». Le premier événement est cette illumination, mais venant,
non de l’extérieur, mais de l’intérieur. Alors que pour Moïse c’est la fréquentation
de la présence de Dieu qui le rend rayonnant aux yeux du peuple, ici Jésus est
illuminé intérieurement. Et cela est tel que ses vêtements sont d’une blancheur
éclatante. Cette gloire illumine tout l’être de Jésus, en sa nature divine et
humaine, mais aussi elle va illuminer les deux personnages apparus, Moïse et Elie.
Pourquoi Moïse et Elie ? Premièrement parce qu’ils sont la figure première des
prophètes de l’Ancien Testament et deuxièmement, parce qu’ils sont les deux seuls
à avoir vécu une théophanie : ils ont vu Dieu passer : Moïse, lors de l’épisode
du buisson ardent et sur le Sinaï, et Elie, sur la montagne, après une brise légère.
Pierre, alors, bien qu’effrayé comme ses compagnons, désire que ce moment ne finisse
pas : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; dressons trois tentes : une
pour toi, une pour Moïse, une pour Elie ». « Il ne savait que dire » précise Marc.
Pierre croit vraiment que ce temps de la gloire est arrivé. Et donc plus rien
d’autre n’existe ; il oublie l’annonce de la passion et reste fermé à cette éventualité.
La venue de la nuée, la frayeur et la voix lui donne le sens de ce qu’il va vivre
: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Puis ils se retrouvent Jésus
et eux seuls. Écoutez-le ! Voilà le sens de notre carême, un sens éclairé par
cette transfiguration. La prière redoublée illumine notre cœur de l’intérieur ;
Tout notre être, notre personne, notre corps sera revêtu de cette gloire que Jésus
nous offre par son sacrifice; Notre vie, comme l’histoire, n’est pas décousue
: le Christ en fait l’unité si nous le laissons l’accompagner ; Dieu n’est jamais
loin : même dans les frayeurs de la vie il se fait entendre et nous en donne le
sens, écoutez-le ! Le silence, la solitude et la prière sont les instruments de
la conversion : après la béatitude de la montagne, il faut accueillir la réalité
du quotidien avec confiance. Enfin, la Résurrection passe par la Passion : le
don s’accompagne nécessairement d’une dépossession, dans la souffrance, mais dont
l’horizon est la joie de Dieu.