L'envoyé du Pape préside une messe pour la paix et la prospérité au Sud-Soudan
Une messe solennelle a été célébrée ce dimanche à Juba, capitale du Sud-Soudan, qui
vient de proclamer son indépendance. La concélébration a été présidée au nom du Pape
par l’archevêque de Nairobi. Le pape qui a formulé des vœux de paix et de prospérité
pour ce nouvel État. Dans tous le pays, les cloches ont sonné à toute volée. On a
prié notamment pour les très nombreux martyrs de la guerre civile avec le Nord. L’Église
catholique était largement représentée aux festivités, le 9 juillet. Benoît XVI a
tenu à envoyer une délégation officielle emmenée par le cardinal John Njue, archevêque
de Nairobi, et dont faisait partie notamment le nonce apostolique au Soudan, Mgr Leo
Boccardi. Objectif : faire parvenir ses vœux de paix et de prospérité aux Autorités
du nouvel État et à tous ses habitants dont beaucoup sont catholiques. Jeudi, le Secrétaire
du Saint-Siège pour les Rapports avec les États avait reçu une délégation de parlementaires
soudanais. A cette occasion, Mgr Dominique Mamberti a souhaité que la paix, la réconciliation,
le respect des droits, et en particulier de la liberté religieuse, soient les piliers
fondamentaux de la nouvelle organisation sociopolitique de la région. Le Saint-Siège,
qui entretient des relations diplomatiques stables avec les Autorités de Khartoum
depuis 1972, prendra en examen, avec le soin voulu, une éventuelle demande de la part
du gouvernement du Sud-Soudan. Le Saint-Siège invite la communauté internationale
à soutenir le Soudan et le nouvel État indépendant pour qu’ils trouvent, grâce à un
dialogue franc, pacifique et constructif, des solutions justes et équitables aux
questions qui restent en suspens. Il souhaite aux populations un avenir de paix,
de liberté et de développement.
Si beaucoup s’inquiètent à l’étranger de l’avenir
de ce nouvel État, sur place, l’évêque de Rumbek se montre confiant. Mgr Cesare Mazzolari,
missionnaire combonien présent au Sud Soudan depuis 30 ans, se dit certain que cette
nouvelle nation saura conquérir sa place dans le monde, même s’il reconnait qu’elle
aura besoin du soutien de la communauté internationale. Très active pendant la guerre,
l’Église catholique locale s’est associée aux préparatifs des festivités par des initiatives
pastorales de prière et d’éducation à la réconciliation. Quant au Saint-Siège, il
souhaite que ce 9 juillet marque réellement la fin d’une guerre qui a trop duré.
Dans son éditorial hebdomadaire, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège cite
un discours prononcé par Jean-Paul II à Khartoum en 1993, en présence d’une foule
énorme et de nombreux catholiques déplacés du Sud : « le vent qui souffle sur l’Afrique
– affirmait le Pape - impose la mise en place de nouvelles structures, économiques
et politiques qui respectent de manière effective les droits de l’homme et la dignité
humaine ». En 18 ans, selon des estimations, le conflit aurait fait deux millions
de tués et quatre millions de déplacés. Le Père Federico Lombardi reconnaît que le
Sud-Soudan sera l’un des pays les plus pauvres du monde, mais – espère-t-on – libre
et en paix. Le Père Lombardi lance un appel à la solidarité concrète avec cette nouvelle
nation, solidarité internationale et ecclésiale.
Le Sud-Soudan va devoir
relever de nombreux défis. Pour Christian Delmet, chercheur au CNRS et spécialiste
du Soudan, ce pays a tout à construire. Il est interrogé par Charles-François Brejon
Les experts
ainsi que des associations chrétiennes appellent à la vigilance, car des défis restent
à relever : le sous-développement est catastrophique, les structures et les infrastructures
sont quasiment inexistantes, la mortalité infantile est parmi les plus élevées du
monde, les risques de dissensions sont persistants ; une situation aggravée par des
mouvements de population de grande ampleur et l’instabilité des frontières. Marie-Leïla
Coussa a interrogé à ce sujet Mgr Michel Dubost, président de la Commission Justice
et Paix de l’épiscopat français, qui s'est récemment rendu sur place. Entretien