Indépendance du Sud-Soudan. Le Saint-Siège envoie une délégation officielle
Le Sud-Soudan va proclamer samedi son indépendance, se séparant ainsi du reste du
Soudan. L’Église catholique sera largement représentée aux festivités, à Juba. Benoît
XVI a tenu à envoyer une délégation officielle emmenée par le cardinal John Njue,
archevêque de Nairobi, et dont fait partie notamment le nonce apostolique au Soudan,
Mgr Leo Boccardi. Objectif : faire parvenir ses vœux de paix et de prospérité aux
Autorités du nouvel État et à tous ses habitants dont beaucoup sont catholiques. Jeudi,
le Secrétaire du Saint-Siège pour les Rapports avec les États a reçu une délégation
de parlementaires soudanais. A cette occasion, Mgr Dominique Mamberti a souhaité que
la paix, la réconciliation, le respect des droits, et en particulier de la liberté
religieuse, soient les piliers fondamentaux de la nouvelle organisation sociopolitique
de la région. Le Saint-Siège, qui entretient des relations diplomatiques stables avec
les Autorités de Khartoum depuis 1972, prendra en examen, avec le soin voulu, une
éventuelle demande de la part du gouvernement du Sud-Soudan. Le Saint-Siège invite
la communauté internationale à soutenir le Soudan et le nouvel État indépendant pour
qu’ils trouvent, grâce à un dialogue franc, pacifique et constructif, des solutions
justes et équitables aux questions qui restent en suspens. Il souhaite aux populations
un avenir de paix, de liberté et de développement.
Si beaucoup s’inquiètent
à l’étranger de l’avenir de ce nouvel État, sur place, l’évêque de Rumbek se montre
confiant. Mgr Cesare Mazzolari, missionnaire combonien présent au Sud Soudan depuis
30 ans, se dit certain que cette nouvelle nation saura conquérir sa place dans le
monde, même s’il reconnait qu’elle aura besoin du soutien de la communauté internationale.
Très active pendant la guerre, l’Église catholique locale s’est associée aux préparatifs
des festivités par des initiatives pastorales de prière et d’éducation à la réconciliation.
Quant au Saint-Siège, il souhaite que ce 9 juillet marque réellement la fin d’une
guerre qui a trop duré. Dans son éditorial hebdomadaire, le directeur du bureau de
presse du Saint-Siège cite un discours prononcé par Jean-Paul II à Khartoum en 1993,
en présence d’une foule énorme et de nombreux catholiques déplacés du Sud : « le vent
qui souffle sur l’Afrique – affirmait le Pape - impose la mise en place de nouvelles
structures, économiques et politiques qui respectent de manière effective les droits
de l’homme et la dignité humaine ». En 18 ans, selon des estimations, le conflit aurait
fait deux millions de tués et quatre millions de déplacés. Le Père Federico Lombardi
reconnaît que le Sud-Soudan sera l’un des pays les plus pauvres du monde, mais – espère-t-on
– libre et en paix. Le Père Lombardi lance un appel à la solidarité concrète avec
cette nouvelle nation, solidarité internationale et ecclésiale.
Ce jeudi,
le président nord-soudanais, Omar el-Béchir, a souhaité que la jeune nation soit un
Etat « stable et sûr », indiquant qu'il comptait se rendre à la cérémonie d'indépendance
du très prochainement 193ème Etat du monde. Un pays qui va devoir relever de nombreux
défis. Pour Christian Delmet, chercheur au CNRS et spécialiste du Soudan, le Sud-Soudan
a même tout à construire. Il est interrogé par Charles-François Brejon
Les experts
ainsi que des associations chrétiennes appellent à la vigilance, car des défis restent
à relever : le sous-développement est catastrophique, les structures et les infrastructures
sont quasiment inexistantes, la mortalité infantile est parmi les plus élevées du
monde, les risques de dissensions sont persistants ; une situation aggravée par des
mouvements de population de grande ampleur et l’instabilité des frontières. Marie-Leïla
Coussa a interrogé à ce sujet Mgr Michel Dubost, président de la Commission Justice
et Paix de l’épiscopat français, qui s'est récemment rendu sur place. Entretien