2011-07-08 14:36:56

Indépendance du Sud-Soudan. Le Saint-Siège envoie une délégation officielle


Le Sud-Soudan va proclamer samedi son indépendance, se séparant ainsi du reste du Soudan. L’Église catholique sera largement représentée aux festivités, à Juba. Benoît XVI a tenu à envoyer une délégation officielle emmenée par le cardinal John Njue, archevêque de Nairobi, et dont fait partie notamment le nonce apostolique au Soudan, Mgr Leo Boccardi. Objectif : faire parvenir ses vœux de paix et de prospérité aux Autorités du nouvel État et à tous ses habitants dont beaucoup sont catholiques. Jeudi, le Secrétaire du Saint-Siège pour les Rapports avec les États a reçu une délégation de parlementaires soudanais. A cette occasion, Mgr Dominique Mamberti a souhaité que la paix, la réconciliation, le respect des droits, et en particulier de la liberté religieuse, soient les piliers fondamentaux de la nouvelle organisation sociopolitique de la région. Le Saint-Siège, qui entretient des relations diplomatiques stables avec les Autorités de Khartoum depuis 1972, prendra en examen, avec le soin voulu, une éventuelle demande de la part du gouvernement du Sud-Soudan. Le Saint-Siège invite la communauté internationale à soutenir le Soudan et le nouvel État indépendant pour qu’ils trouvent, grâce à un dialogue franc, pacifique et constructif, des solutions justes et équitables aux questions qui restent en suspens. Il souhaite aux populations un avenir de paix, de liberté et de développement.

Si beaucoup s’inquiètent à l’étranger de l’avenir de ce nouvel État, sur place, l’évêque de Rumbek se montre confiant. Mgr Cesare Mazzolari, missionnaire combonien présent au Sud Soudan depuis 30 ans, se dit certain que cette nouvelle nation saura conquérir sa place dans le monde, même s’il reconnait qu’elle aura besoin du soutien de la communauté internationale. Très active pendant la guerre, l’Église catholique locale s’est associée aux préparatifs des festivités par des initiatives pastorales de prière et d’éducation à la réconciliation. Quant au Saint-Siège, il souhaite que ce 9 juillet marque réellement la fin d’une guerre qui a trop duré. Dans son éditorial hebdomadaire, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège cite un discours prononcé par Jean-Paul II à Khartoum en 1993, en présence d’une foule énorme et de nombreux catholiques déplacés du Sud : « le vent qui souffle sur l’Afrique – affirmait le Pape - impose la mise en place de nouvelles structures, économiques et politiques qui respectent de manière effective les droits de l’homme et la dignité humaine ». En 18 ans, selon des estimations, le conflit aurait fait deux millions de tués et quatre millions de déplacés. Le Père Federico Lombardi reconnaît que le Sud-Soudan sera l’un des pays les plus pauvres du monde, mais – espère-t-on – libre et en paix. Le Père Lombardi lance un appel à la solidarité concrète avec cette nouvelle nation, solidarité internationale et ecclésiale.

Ce jeudi, le président nord-soudanais, Omar el-Béchir, a souhaité que la jeune nation soit un Etat « stable et sûr », indiquant qu'il comptait se rendre à la cérémonie d'indépendance du très prochainement 193ème Etat du monde. Un pays qui va devoir relever de nombreux défis. Pour Christian Delmet, chercheur au CNRS et spécialiste du Soudan, le Sud-Soudan a même tout à construire. Il est interrogé par Charles-François Brejon RealAudioMP3

Les experts ainsi que des associations chrétiennes appellent à la vigilance, car des défis restent à relever : le sous-développement est catastrophique, les structures et les infrastructures sont quasiment inexistantes, la mortalité infantile est parmi les plus élevées du monde, les risques de dissensions sont persistants ; une situation aggravée par des mouvements de population de grande ampleur et l’instabilité des frontières.
Marie-Leïla Coussa a interrogé à ce sujet Mgr Michel Dubost, président de la Commission Justice et Paix de l’épiscopat français, qui s'est récemment rendu sur place. Entretien RealAudioMP3








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