Journée des Moyens de Communications sociales : ramener l'humanité à la vie
Pour cette année encore, le monde va célébrer la Journée mondiale des Moyens de
communications sociales, décidée par le Concile œcuménique Vatican II en 1963
en partant de la vision éclairante de l’Eglise sur le rôle et la mission des moyens
modernes de communication. Outils sans cesse en évolution, bouleversant chaque année
davantage la réalité d’un monde désormais assujetti à la vitesse, à la capacité de
communiquer de loin et avec le plus grand nombre de personnes possibles, les nouvelles
technologies de l’information et de la communication s’imposent comme essentielles
à notre monde qui tend à s’éloigner du religieux et du sacré. Pourtant l’Eglise ne
cesse de ramener à la centralité de l’homme et de sa vie, don sacré de Dieu à préserver,
respecter et cultiver quel que soit le contexte d’évolution de la société. D’où la
justesse du thème retenu par le Pape pour cette 45è Journée mondiale ce 6 juin : «
Vérité, annonce et authenticité de vie à l’ère du numérique ».
Les
moyens technologiques de communication innovent donc, mais innovent-ils aussi la communication
qu’ils servent ? Pour un continent comme le nôtre, cette question ne peut échapper
à personne. Unanimement décrit comme le continent de l’oralité, c’est
à dire celui où la parole scelle les accords et les actes de vie, le continent a aussi
cédé –hélas - à la tentation de laisser les médias devenir des outils de haine et
de mort. C’est un trait caractéristique de notre époque : bien et mal se mélangent.
Ce que la radio a détruit au Rwanda, d’autres radios s’emploient aujourd’hui à le
restaurer. Radio Okapi et Radio Ndeke Luka, deux radios de l’ONU installées l’une
en République démocratique du Congo et l’autre en République centrafricaine, et toute
la chaîne des Radios Maria de nos diocèses font du mieux qu’elles peuvent pour redire
aux hommes que la parole peut aussi restaurer la vie, réconcilier et promouvoir les
valeurs communes d’humanité.
Dans un contexte où Pasteurs et fidèles
« peuvent ressentir quelque difficulté à communiquer le message évangélique et à transmettre
la foi », exhortait le Pape en novembre dernier en recevant au Vatican les participants
à l’Assemblée plénière du Conseil pontifical des Moyens de communications sociales,
« il s’agit pour l’Eglise (…) de savoir répondre avec une intelligence créative ;
de s’engager dans une communication humanisante qui stimule le sens critique et la
capacité d’évaluation et de discernement ; de contribuer à la croissance de l’humain
».
Célébrer la Journée des Moyens de communications sociales c’est donc
bien en substance rappeler les communicateurs et les usagers des médias que nous sommes
au devoir incontournable de « transmetteurs » et consolidateurs d’un brin d’humanité.
Car il n’y a pas de communication qui vaille qui ne soit d’abord au service de l’humanité
et de ses valeurs les plus intrinsèques. Il y a donc comme un impératif et un dénominateur
commun qui nous sont rappelés : l’humanité n’est telle que si, composée d’humains,
elle se nourrit des valeurs d’humanité. Cela peut paraître une évidence à le répéter
à la suite des Papes.
« Dieu continue de communiquer avec l'humanité à
travers l'Eglise, dépositaire et gardienne de sa révélation, dont il a confié au seul
magistère vivant la charge d'interpréter de façon authentique sa parole. De plus,
l'Eglise elle-même est une communio, une communion de personnes et de communautés
eucharistiques issues de la Trinité et reflétant sa communion ; la communication est
donc de l'essence de l'Eglise », rappelle la réflexion du Conseil pontifical pour
les Moyens de communications sociales « Eglise et Internet » (Eglise et Internet N°
14, 15 et 16). Communiquer c’est transmettre de la vie et de l’humanité, tel peut
donc se résumer aujourd’hui mais aussi demain et toujours, pour l’Afrique et pour
le monde, l’essence de la célébration de la Journée mondiale des Moyens de communications
sociales. Plus qu’une fête – une de plus – c’est un rappel de devoir à se faire serviteurs
d’humanité.
(Par Albert Mianzoukouta, du programme français pour l'Afrique)