2011-04-30 12:53:35

Benoît XVI aux journalistes : « vous êtes des alliés importants et des amis dans notre mission »


Ce samedi matin, Benoît XVI s'est adressé aux participants de la 17ème Assemblée de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), qui, cette année, est l'hôte de Radio Vatican, à l'occasion du 80ème anniversaire de sa fondation. Dans son discours prononcé depuis Castel Gandolfo, Benoît XVI a rappelé que par la radio, les Papes ont pu transmettre au-delà des frontières des messages de grande importance pour l'humanité. Il a également salué les potentialités que la radio pouvait offrir pour le service de la mission de l'Église et souligné qu'en termes d'information, l'Église catholique avait une contribution spécifique à offrir.

Écoutez un extrait du discours de Benoît XVI RealAudioMP3

Traduction intégrale du discours de Benoît XVI à l’Union Européenne de Radio-Télévision. Castel Gandolfo, le 30 Avril 2011

Chers amis,

Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à vous tous, membres et participants de la 17ème Assemblée de l’Union Européenne de Radio-Télévision, qui, cette année, est l’hôte de la Radio vaticane, à l’occasion du 80ème anniversaire de sa fondation. Je salue l’Archevêque Claudio Maria Celli, Président du Conseil pontifical pour les Communications sociales. Je remercie le Président de l’Union Européenne de Radio-Télévision, Monsieur Jean Paul Philippot, et le Père Federico Lombardi, Directeur général de la Radio vaticane, pour les paroles courtoises avec lesquelles ils ont présenté la nature de votre rencontre et les problèmes que vous devez affronter.

Quand mon Prédécesseur Pie XI s’adressa à Guglielmo Marconi pour doter l’État de la Cité du Vatican d’une station radiophonique pourvue de la meilleure technologie disponible à cette époque, il démontra avoir perçu avec lucidité dans quelle direction se développait le monde des communications et les potentialités que la radio pouvait offrir pour le service de la mission de l’Église. Effectivement, par la radio, les Papes ont pu transmettre au-delà des frontières des messages de grande importance pour l’humanité, comme ceux justement célèbres de Pie XII durant la deuxième guerre mondiale, qui ont donné voix aux plus profondes aspirations à la justice et à la paix, ou comme celui de Jean XXIII au moment culminant de la crise entre les États-Unis et l’Union Soviétique en 1962. Par la radio, Pie XII a pu aussi faire diffuser des centaines de milliers de messages des familles à l’adresse des prisonniers et des disparus durant la guerre, réalisant une œuvre humanitaire qui lui a valu une gratitude impérissable. Par la radio, en outre, ont été longtemps soutenues les attentes de croyants et de peuples soumis à des régimes opprimant les droits humains et la liberté religieuse. Le Saint-Siège est conscient des potentialités extraordinaires dont le monde de la communication dispose pour le progrès et la croissance des personnes et de la société. On peut dire que tout l’enseignement de l’Église dans ce secteur, à partir des discours de Pie XII, en passant par les documents du Concile Vatican II, jusqu’à mes plus récents messages sur les nouvelles technologies numériques, est traversé par un courant d’optimisme, d’espérance et de sympathie sincère pour ceux qui s’engagent dans ce domaine pour favoriser la rencontre et le dialogue, pour servir la communauté humaine et pour contribuer à la croissance pacifique de la société.

Chacun de vous sait naturellement que, dans le développement des communications sociales, se cachent aussi des difficultés et des risques. Permettez-moi alors de manifester à vous tous mon intérêt et ma solidarité pour l’importante œuvre que vous accomplissez. Dans la société d’aujourd’hui, des valeurs de base pour le bien de l’humanité sont en jeu, et l’opinion publique, dans la formation de laquelle votre travail a beaucoup d’importance, se retrouve souvent désorientée et divisée. Vous savez bien quelles sont les préoccupations de l’Église au sujet du respect de la vie humaine, de la défense de la famille, de la reconnaissance des droits authentiques et des justes aspirations des peuples, des déséquilibres causés par le sous-développement et la faim dans de nombreuses parties du monde, de l’accueil des immigrés, du chômage et de la sécurité sociale, des nouvelles pauvretés et des marginalisations sociales, des discriminations et des violations de la liberté religieuse, du désarmement et de la recherche de solution pacifique aux conflits. J’ai fait référence à beaucoup de ces questions dans l’Encyclique ‘Caritas in veritate’. Nourrir chaque jour une information correcte et équilibrée et un débat approfondi afin de trouver les meilleures solutions partagées sur ces questions dans une société pluraliste, est la tâche des radios ainsi que des télévisions. C’est une tâche qui requiert grande honnêteté professionnelle, correction et respect, ouverture aux diverses prospectives, clarté dans le traitement des problèmes, liberté par rapport aux barrières idéologiques et conscience de la complexité des problèmes. Il s’agit d’une recherche patiente de cette « vérité quotidienne » qui traduit mieux les valeurs dans la vie et oriente mieux le chemin de la société, et qui est recherchée avec humilité par tous.

Dans cette recherche, l’Église catholique a une contribution spécifique à offrir ; elle entend l’offrir en témoignant de son attachement à la vérité qui est le Christ, mais dans un esprit d’ouverture et de dialogue. Comme je le disais lors de ma rencontre avec des personnalités du monde de la culture et de la politique britannique à Westminster Hall à Londres en septembre dernier, la religion ne cherche pas à manipuler les non-croyants, mais à aider la raison dans la découverte de principes moraux objectifs. La religion contribue en « purifiant » la raison, en l’aidant à ne pas être victime de distorsions, telles que la manipulation par l’idéologie ou l’application partielle qui ne tiendrait pas pleinement compte de la dignité de la personne humaine. En même temps, la religion reconnaît également son besoin des mesures correctives de la raison afin d’éviter les excès, tels que le fondamentalisme ou le sectarisme. « La religion ... n’est pas un problème à résoudre pour les législateurs, mais une contribution essentielle à la conversation nationale ». Je vous invite donc également, « au sein de vos sphères d’influence respectives, à rechercher des moyens de promouvoir et d’encourager le dialogue entre foi et raison » en vue de servir le bien commun de la nation.

Vous êtes un « service public », un service aux gens, pour les aider chaque jour à connaître et à mieux comprendre ce qui se passe, et pourquoi cela se produit, et de communiquer de façon active afin de les accompagner dans le cheminement de la société. Je suis bien conscient que ce service rencontre des difficultés prenant des aspects et des proportions différentes selon les pays. Il peut s’agir de la concurrence venant de chaînes commerciales, du conditionnement de la politique entendue comme la division des pouvoirs plutôt que le service du bien commun, du manque de ressources économiques rendu plus aigu par des situations de crise, de l’impact de l’évolution des nouvelles technologies de communication, et de la recherche laborieuse de téléspectateurs et d’auditeurs. Mais les défis du monde moderne sur lequel vous devez informer sont trop grands et trop urgents : ne vous laissez pas décourager, ou tenter d’abandonner face à de telles difficultés.

Il y a vingt ans, en 1991, lorsque votre Assemblée générale a été reçue au Vatican par le vénérable Jean-Paul II, que j’aurai la joie de béatifier demain, il vous a encouragé à développer une collaboration mutuelle en vue de favoriser la croissance de la communauté des peuples du monde. Aujourd’hui, je pense aux processus qui se déroulent dans certains pays de la Méditerranée et du Moyen-Orient, dont certains sont également membres de votre association. Nous savons que les nouvelles formes de communication continuent à jouer un rôle d’une certaine importance dans ces processus. Je vous demande instamment de mettre vos contacts et activités internationaux au service de la réflexion et de l’engagement visant à assurer que les instruments de communication sociale puissent promouvoir le dialogue, la paix et le développement des peuples dans la solidarité, en surmontant la séparation culturelle, les incertitudes et les peurs.

Enfin, chers amis, alors que je souhaite sincèrement à chacun d’entre vous et à votre Association beaucoup de succès dans vos travaux, je tiens également à exprimer mes remerciements pour la collaboration spécifique que vous avez fournie à mon ministère à maintes reprises, et que vous continuer à fournir, comme pendant les grandes fêtes de Noël et de Pâques, ou lors de mes voyages apostoliques. Pour moi aussi, et pour l’Église catholique, vous êtes donc des alliés importants et des amis dans notre mission. Dans cet esprit, je suis heureux d’invoquer la bénédiction du Seigneur sur vous tous, sur ceux qui vous sont chers et sur votre travail.







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