Benoît XVI aux journalistes : « vous êtes des alliés importants et des amis dans notre
mission »
Ce samedi matin, Benoît XVI s'est adressé aux participants de la 17ème Assemblée de
l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), qui, cette année, est l'hôte de Radio
Vatican, à l'occasion du 80ème anniversaire de sa fondation. Dans son discours prononcé
depuis Castel Gandolfo, Benoît XVI a rappelé que par la radio, les Papes ont pu transmettre
au-delà des frontières des messages de grande importance pour l'humanité. Il a également
salué les potentialités que la radio pouvait offrir pour le service de la mission
de l'Église et souligné qu'en termes d'information, l'Église catholique avait une
contribution spécifique à offrir.
Écoutez un extrait du discours de Benoît
XVI
Traduction
intégrale du discours de Benoît XVI à l’Union Européenne de Radio-Télévision. Castel
Gandolfo, le 30 Avril 2011
Chers amis,
Je suis très heureux de souhaiter
la bienvenue à vous tous, membres et participants de la 17ème Assemblée de l’Union
Européenne de Radio-Télévision, qui, cette année, est l’hôte de la Radio vaticane,
à l’occasion du 80ème anniversaire de sa fondation. Je salue l’Archevêque Claudio
Maria Celli, Président du Conseil pontifical pour les Communications sociales. Je
remercie le Président de l’Union Européenne de Radio-Télévision, Monsieur Jean Paul
Philippot, et le Père Federico Lombardi, Directeur général de la Radio vaticane, pour
les paroles courtoises avec lesquelles ils ont présenté la nature de votre rencontre
et les problèmes que vous devez affronter.
Quand mon Prédécesseur Pie XI s’adressa
à Guglielmo Marconi pour doter l’État de la Cité du Vatican d’une station radiophonique
pourvue de la meilleure technologie disponible à cette époque, il démontra avoir perçu
avec lucidité dans quelle direction se développait le monde des communications et
les potentialités que la radio pouvait offrir pour le service de la mission de l’Église.
Effectivement, par la radio, les Papes ont pu transmettre au-delà des frontières des
messages de grande importance pour l’humanité, comme ceux justement célèbres de Pie
XII durant la deuxième guerre mondiale, qui ont donné voix aux plus profondes aspirations
à la justice et à la paix, ou comme celui de Jean XXIII au moment culminant de la
crise entre les États-Unis et l’Union Soviétique en 1962. Par la radio, Pie XII a
pu aussi faire diffuser des centaines de milliers de messages des familles à l’adresse
des prisonniers et des disparus durant la guerre, réalisant une œuvre humanitaire
qui lui a valu une gratitude impérissable. Par la radio, en outre, ont été longtemps
soutenues les attentes de croyants et de peuples soumis à des régimes opprimant les
droits humains et la liberté religieuse. Le Saint-Siège est conscient des potentialités
extraordinaires dont le monde de la communication dispose pour le progrès et la croissance
des personnes et de la société. On peut dire que tout l’enseignement de l’Église dans
ce secteur, à partir des discours de Pie XII, en passant par les documents du Concile
Vatican II, jusqu’à mes plus récents messages sur les nouvelles technologies numériques,
est traversé par un courant d’optimisme, d’espérance et de sympathie sincère pour
ceux qui s’engagent dans ce domaine pour favoriser la rencontre et le dialogue, pour
servir la communauté humaine et pour contribuer à la croissance pacifique de la société.
Chacun
de vous sait naturellement que, dans le développement des communications sociales,
se cachent aussi des difficultés et des risques. Permettez-moi alors de manifester
à vous tous mon intérêt et ma solidarité pour l’importante œuvre que vous accomplissez.
Dans la société d’aujourd’hui, des valeurs de base pour le bien de l’humanité sont
en jeu, et l’opinion publique, dans la formation de laquelle votre travail a beaucoup
d’importance, se retrouve souvent désorientée et divisée. Vous savez bien quelles
sont les préoccupations de l’Église au sujet du respect de la vie humaine, de la défense
de la famille, de la reconnaissance des droits authentiques et des justes aspirations
des peuples, des déséquilibres causés par le sous-développement et la faim dans de
nombreuses parties du monde, de l’accueil des immigrés, du chômage et de la sécurité
sociale, des nouvelles pauvretés et des marginalisations sociales, des discriminations
et des violations de la liberté religieuse, du désarmement et de la recherche de solution
pacifique aux conflits. J’ai fait référence à beaucoup de ces questions dans l’Encyclique
‘Caritas in veritate’. Nourrir chaque jour une information correcte et équilibrée
et un débat approfondi afin de trouver les meilleures solutions partagées sur ces
questions dans une société pluraliste, est la tâche des radios ainsi que des télévisions.
C’est une tâche qui requiert grande honnêteté professionnelle, correction et respect,
ouverture aux diverses prospectives, clarté dans le traitement des problèmes, liberté
par rapport aux barrières idéologiques et conscience de la complexité des problèmes.
Il s’agit d’une recherche patiente de cette « vérité quotidienne » qui traduit mieux
les valeurs dans la vie et oriente mieux le chemin de la société, et qui est recherchée
avec humilité par tous.
Dans cette recherche, l’Église catholique a une contribution
spécifique à offrir ; elle entend l’offrir en témoignant de son attachement à la vérité
qui est le Christ, mais dans un esprit d’ouverture et de dialogue. Comme je le disais
lors de ma rencontre avec des personnalités du monde de la culture et de la politique
britannique à Westminster Hall à Londres en septembre dernier, la religion ne cherche
pas à manipuler les non-croyants, mais à aider la raison dans la découverte de principes
moraux objectifs. La religion contribue en « purifiant » la raison, en l’aidant à
ne pas être victime de distorsions, telles que la manipulation par l’idéologie ou
l’application partielle qui ne tiendrait pas pleinement compte de la dignité de la
personne humaine. En même temps, la religion reconnaît également son besoin des mesures
correctives de la raison afin d’éviter les excès, tels que le fondamentalisme ou le
sectarisme. « La religion ... n’est pas un problème à résoudre pour les législateurs,
mais une contribution essentielle à la conversation nationale ». Je vous invite donc
également, « au sein de vos sphères d’influence respectives, à rechercher des moyens
de promouvoir et d’encourager le dialogue entre foi et raison » en vue de servir le
bien commun de la nation.
Vous êtes un « service public », un service aux gens,
pour les aider chaque jour à connaître et à mieux comprendre ce qui se passe, et pourquoi
cela se produit, et de communiquer de façon active afin de les accompagner dans le
cheminement de la société. Je suis bien conscient que ce service rencontre des difficultés
prenant des aspects et des proportions différentes selon les pays. Il peut s’agir
de la concurrence venant de chaînes commerciales, du conditionnement de la politique
entendue comme la division des pouvoirs plutôt que le service du bien commun, du manque
de ressources économiques rendu plus aigu par des situations de crise, de l’impact
de l’évolution des nouvelles technologies de communication, et de la recherche laborieuse
de téléspectateurs et d’auditeurs. Mais les défis du monde moderne sur lequel vous
devez informer sont trop grands et trop urgents : ne vous laissez pas décourager,
ou tenter d’abandonner face à de telles difficultés.
Il y a vingt ans, en 1991,
lorsque votre Assemblée générale a été reçue au Vatican par le vénérable Jean-Paul
II, que j’aurai la joie de béatifier demain, il vous a encouragé à développer une
collaboration mutuelle en vue de favoriser la croissance de la communauté des peuples
du monde. Aujourd’hui, je pense aux processus qui se déroulent dans certains pays
de la Méditerranée et du Moyen-Orient, dont certains sont également membres de votre
association. Nous savons que les nouvelles formes de communication continuent à jouer
un rôle d’une certaine importance dans ces processus. Je vous demande instamment de
mettre vos contacts et activités internationaux au service de la réflexion et de l’engagement
visant à assurer que les instruments de communication sociale puissent promouvoir
le dialogue, la paix et le développement des peuples dans la solidarité, en surmontant
la séparation culturelle, les incertitudes et les peurs.
Enfin, chers amis,
alors que je souhaite sincèrement à chacun d’entre vous et à votre Association beaucoup
de succès dans vos travaux, je tiens également à exprimer mes remerciements pour la
collaboration spécifique que vous avez fournie à mon ministère à maintes reprises,
et que vous continuer à fournir, comme pendant les grandes fêtes de Noël et de Pâques,
ou lors de mes voyages apostoliques. Pour moi aussi, et pour l’Église catholique,
vous êtes donc des alliés importants et des amis dans notre mission. Dans cet esprit,
je suis heureux d’invoquer la bénédiction du Seigneur sur vous tous, sur ceux qui
vous sont chers et sur votre travail.