Mgr Jean Pierre Kutwa sur la Côte d'Ivoire : “Il nous faut pardonner pour vivre ensemble”
L’heure est au pardon et à la réconciliation. Après les douloureux moments vécus,
les filles et fils de la Côte d’Ivoire doivent se pardonner mutuellement et mains
dans la main construire un avenir radieux pour leur pays. Les chrétiens catholiques
ivoiriens, à l’instar de leurs frères et sœurs des autres communautés doivent s’inscrire
dans cette dynamique. C’est le message fort lancé le dimanche dernier, par l’Archevêque
d’Abidjan, Monseigneur Jean Pierre Kutwa, à l’occasion de la fête de la pâque, mettant
fin au carême chrétien. Devant les fidèles catholiques ayant effectué le déplacement
à la cathédrale Saint Paul d’Abidjan Plateau, Mgr Jean Pierre Kutwa a insisté sur
la nécessité de pardonner, surtout après des moments aussi pénibles. « Chrétiens et
chrétiennes de Côte d'Ivoire, nous vivons dans un contexte sociopolitique, aujourd'hui,
douloureux, fait de grandes souffrances, habité par l'angoisse et le désarroi. Nous
avons encore dans le cœur et devant les yeux, le souvenir de ce flot ininterrompu
des populations désespérées sur les routes, ce décor affligeant d'hommes et de femmes,
d'enfants et de vieillards regroupés dans nos paroisses ou sur des sites aménagés
à la hâte à cet effet, dans une très grande précarité. Nos villages et nos villes
portent encore les marques de cet horrible affrontement. Des survivants que nous sommes
chacun porte dans son corps et dans son âme, des blessures profondes, des frustrations
de tous genres. Toutes ces blessures et frustrations demandent à être traitées non
pas superficiellement mais en profondeur pour une guérison totale. Aussi, mon adresse,
ce matin, à la faveur de la fête de notre libération voudrait-elle vous inviter à
préparer les cœurs des hommes, des femmes, de tous les habitants de ce pays à recevoir
et à donner le pardon pour qu'ensemble nous vivions dans la paix » a-t-il enseigné.
Pour parvenir à ce pardon le prélat à invité les fidèles catholique à se recueillir
dans la prière « arme puissant pour réduire les tensions, les dissensions qui nous
accompagne souvent dans notre vivre ensemble » et à faire attention à « certains moteurs
dont dépend notre comportement ». Notamment « la tête » qui s’assimile à « un ordinateur
de grande capacité qui fabrique du tout, du bon comme du moins bon », « le cœur, le
siège de nos sentiments » et « les yeux, pour voir plus clairement l’immense espérance
donnée par Jésus et cette espérance nous aiderait à changer ». Pour l’homme de l’Dieu,
avec le Christ ressuscité, tout commence et avec lui, tout est possible. « Je prie
pour vous et je demande à Dieu de féconder vos efforts pour qu'avec sa grâce la Côte
d'Ivoire, comme le phénix renaisse de ses cendres, aussi belle, sinon plus belle qu’en
ces années glorieuses », a-t-il souhaité. Notons que la cathédrale Saint Paul n’a
pas échappé aux affres de la guerre. Le toit de l’édifice religieux selon ses responsables
à été troué par un obus et plusieurs vitraux ont volé en éclat du fait des impactes
de balles. Dao Maïmouna (Le Patriote)