Un Chemin de Croix sous le signe de Saint-Augustin
Les Romains étaient encore très nombreux au pied du Colisée pour suivre le chemin
de Croix. Une Via Crucis dont les méditations avaient été confiées cette année à une
religieuse augustine italienne. Les paroles de Saint Augustin étaient en toile de
fond des réflexions tout au long des stations du chemin de Croix. Olivier Tosseri
Voici
en intégralité les mots prononcés par le Pape à l'issue du Chemin de Croix :
Chers
Frères et Sœurs, Ce soir, nous avons accompagné dans la foi Jésus qui parcourt
la dernière étape de son chemin terrestre, l’étape la plus douloureuse, celle du Calvaire.
Nous avons entendu la clameur de la foule, les paroles de la condamnation, la dérision
des soldats, les pleurs de la Vierge Marie et des femmes. Maintenant nous sommes plongés
dans le silence de cette nuit, dans le silence de la croix, dans le silence de la
mort. C’est un silence qui porte en lui le poids de la douleur de l’homme rejeté,
opprimé, accablé, le poids du péché qui en défigure le visage, le poids du mal. Ce
soir, nous avons vécu à nouveau, au plus profond de notre cœur, le drame de Jésus,
chargé de la douleur, du mal, du péché de l’homme. Qu’est-ce qui demeure
à présent devant nos yeux ? Il demeure un Crucifié ; une Croix élevée sur le Golgotha,
une Croix qui semble marquer la défaite définitive de Celui qui avait porté la lumière
à qui était plongé dans l’obscurité, de Celui qui avait parlé de la force du pardon
et de la miséricorde, qui avait invité à croire dans l’amour infini de Dieu pour toute
personne humaine. Méprisé et rejeté par les hommes, devant nous se tient « l’homme
de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu’un devant qui on se voile la face
» (Is 53, 3). Mais regardons bien cet homme crucifié entre la terre et le
ciel, contemplons-le avec un regard plus profond, et nous découvrirons que la Croix
n’est pas le signe de la victoire de la mort, du péché, du mal mais elle est le signe
lumineux de l’amour, et même de l’immensité de l’amour de Dieu, de ce que nous n’aurions
jamais pu demander, imaginer ou espérer : Dieu s’est penché sur nous, s’est abaissé
jusqu’à parvenir dans le coin le plus sombre de notre vie pour nous tendre la main
et nous attirer à lui, nous ramener jusqu’à lui. La Croix nous parle de l’amour suprême
de Dieu et nous invite à renouveler, aujourd’hui, notre foi dans la puissance de cet
amour, à croire que dans chaque situation de notre vie, de l’histoire, du monde, Dieu
est capable de vaincre la mort, le péché, le mal, et de nous donner une vie nouvelle,
ressuscitée. Dans la mort en croix du Fils de Dieu, il y a le germe d’une nouvelle
espérance de vie, comme le grain qui meurt en terre. En cette nuit chargée
de silence, chargée d’espérance, résonne l’invitation que Dieu nous adresse à travers
les paroles de saint Augustin : « Croyez ! soyez sûrs que vous serez admis aux délices
de ma table, puisque je n’ai point dédaigné les amertumes de la vôtre… Je vous ai
promis ma vie… Comme avance j’ai enduré la mort pour vous, jusqu’à vous dire : Je
vous invite à partager ma vie, dans ce séjour où personne ne meurt, où la vie est
réellement bienheureuse, où les aliments ne s’altèrent point, où ils nourrissent sans
s’épuiser. Voilà à quoi je vous appelle, … à jouir de l’amitié de mon Père et de l’Esprit-Saint,
à vous asseoir à un banquet éternel, à être en communion avec moi, à partager ma vie
» (Discours 231, 5). Fixons notre regard sur Jésus Crucifié et demandons
lui dans la prière : Illumine, Seigneur, notre cœur, pour que nous puissions te suivre
sur le chemin de la Croix, fais mourir en nous le « vieil homme », lié à l’égoïsme,
au mal, au péché, fais de nous des « hommes nouveaux », hommes et femmes saints, transformés
et animés par ton amour.