Le chemin de croix au Colisée : temps fort du Vendredi Saint
Temps fort du Vendredi Saint à Rome : le traditionnel chemin de croix, présidé par
le Pape au Colisée. Cette année, les méditations qui accompagnent le rite ont été
confiées à une femme, une moniale augustine italienne, mère Maria Rita Piccione, de
la communauté des quatre Saints couronnés, située à proximité du Colisée. Le texte
qui s'inspire de la pensée de saint Augustin, lance un appel aux hommes qui se ferment
à la vérité. L'auteur reconnaît dans le poids de la Croix portée par Jésus les persécutions
contre l’Église passées et présentes et fustige le cœur mesquin de l’homme d’aujourd’hui
accaparé par la comptabilité de son propre bien-être ; les masques du mensonge qui
se moquent de la vérité, les séductions du succès qui étouffent l’appel intime à l’honnêteté,
le vide de sens et de valeurs, le désordre des cœurs qui défigure la candeur des petits
et des faibles. Les chrétiens sont tués au nom d’un Dieu étranger à l’amour, leur
dignité est bafouée par des lèvres mensongères et des paroles arrogantes. Le texte
établit un parallèle entre les tergiversations de Pilate et les conditionnements extérieurs
qui étouffent nos consciences. Il exhorte à savoir pleurer sur nos péchés, à reconnaître
les blessures de nos infidélités et de nos ambitions, de nos trahisons et de nos rébellions
; il invite à rester ferme dans l’épreuve. L’humilité de Jésus et l’esprit de vérité
traversent toutes les méditations. Les images qui illustrent le livret des méditations
ont été confiées à la sensibilité artistique d’une autre religieuse augustinienne,
sœur Elena Maria Manganelli. Et pour la première fois, deux enfants ont été chargés
de lire un bref extrait des méditations. Parmi les personnes chargées de porter la
Croix cette année, figurent un couple romain avec leurs cinq enfants, une famille
éthiopienne et deux égyptiens. Dans sa forme actuelle, avec ses 14 stations, le
rite du chemin de croix au Colisée remonte à 1750, sous le pontificat de Benoît XIV,
qui voulut marquer ainsi l’année jubilaire. L’amphithéâtre romain fut alors consacré
à la passion du Christ et à la mémoire des martyrs. La tradition du chemin de Croix
au Colisée fut interrompue en 1870, lorsque Rome fut proclamée capitale de la nation
italienne. En 1926, une croix fut réinstallée au Colisée, en 1959, Jean XXIII y présida
un chemin de Croix et la tradition fut rétablie par Paul VI en 1964. La première femme
chargée de composer les méditations a été la supérieure d’une abbaye bénédictine en
1993, mère Anna Maria Canopi.