Depuis plusieurs jours, dans le sud de l’Egypte, des milliers de personnes continuent
de descendre dans la rue pour protester contre la nomination d’un gouverneur chrétien
et obtenir sa démission. La province de Qena qui compte une large population chrétienne
est le théâtre de tensions confessionnelles. Dans un contexte politique instable les
extrémismes sont plus menaçants que jamais en Egypte. Éclairage Romilda Ferrauto Emad
Shehata Michael est un chrétien. Il appartient à cette minorité harcelée et discriminée.
Mais surtout, c’est un ex-officier de police, accusé d’être lié à l’ancien régime
et d’avoir contribué à la répression ordonnée par Hosni Moubarak. C’est pour cette
raison que des milliers d’Égyptiens, dont des chrétiens, sont descendus dans la rue.
Mais les rapports interconfessionnels sont incandescents en Égypte, la moindre étincelle
peut mettre le feu aux poudres, d’autant que l’instabilité politique qui a suivi la
chute du Raïs entretient les extrémismes. Alors quand des groupes salafistes ont pris
la tête des manifestations, scandant des slogans antichrétiens et brandissant des
drapeaux saoudiens, beaucoup se sont inquiétés, y compris les frères musulmans qui
sont rentrés chez eux. Les risques de récupération de la révolution égyptienne par
les fondamentalistes sont réels et des violences sectaires sont à redouter, en particulier
à l’approche des fêtes de Pâques. Au sein même du clergé copte orthodoxe, on se veut
rassurant mais l’intransigeance affichée par la prestigieuse université al-Azhar à
l’égard du Vatican n’augure rien de bon. La semaine dernière, le nonce apostolique
au Caire a bien tenté de renouer le dialogue avec ce haut-lieu de l’islam sunnite,
dialogue interrompu au début de l’année suite aux appels du Pape en faveur des chrétiens
du Moyen-Orient. Il s’est heurté à une fin de non-recevoir, le grand Imam exigeant
que Benoît XVI présente des excuses officielles. Écoutez aussi l'entretien réalisé
le 14 avril par Olivier Bonnel avec Mme Lamia Aly Mekhamar, ambassadeur d’Égypte près
le Saint-Siège, sur l’évolution politique de son pays deux mois après la chute du
raïs.