Immigration illégale : l'Europe fait preuve d'égoïsme
Silvio Berlusconi s’est rendu en visite sur la petite île de Lampedusa où ont afflué
ces derniers mois des milliers de migrants illégaux tunisiens ainsi que des réfugiés
africains en provenance de Libye. Au cours d’une conférence de presse, le chef du
gouvernement italien a affirmé que l'Europe ne pourrait pas se soustraire à ses responsabilités.
Il a rappelé que les pays du sud de l'Europe avaient sollicité l'aide de l'Union européenne
pour l'accueil des migrants. L'Italie a décidé jeudi d'octroyer aux immigrés tunisiens
un permis de séjour temporaire de six mois qui, selon elle, leur permettra de circuler
librement dans l'espace européen Schengen. Une interprétation vivement contestée par
Paris et Berlin. Dans son éditorial hebdomadaire, le Père Federico Lombardi invite
à ne pas oublier ces personnes anonymes mortes en Méditerranée alors qu’elles essayaient
de fuir l’oppression et la violence, la faim et la pauvreté inhumaine. Le directeur
du Bureau de presse du Saint-Siège rappelle que la compassion nous oblige à faire
mémoire, face aux tragédies de l’humanité, en solidarité avec les pauvres de la terre.
Pour sa part l’archevêque de Tunis, Mgr Laham réaffirme qu’il faut aider les tunisiens
à ne pas quitter leur pays. 700.000 jeunes tunisiens, dont des diplômés, sont au chômage.
La moitié des familles du pays est en difficulté. Il faut investir en Tunisie pour
créer des emplois. Mgr Laham reconnaît que même s’ils se plaignent, les italiens finissent
par accueillir et nourrir ces immigrés. En ce qui concerne l’offensive en Libye, l’évêque
de Tunis estime que la guerre n’est pas une solution. Les rebelles n’auraient pas
dû recourir aux armes. Ils auraient dû, selon lui, manifester pacifiquement comme
cela s’est déroulé en Tunisie et en Égypte.
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« Invasion »,
« vague d’immigration tunisienne », pour des raisons politiques et sans doute électorales,
la France dénonçait il y a quelques jours par la voix de son ministre la venue de
ces migrants « économiques » qui profitent de la situation politique fragile de leur
pays pour tenter leur chance en Europe. Analyse de Claire Rodier, juriste au Gisti,
groupe d’information et de soutien aux immigrés, et cofondatrice de Migreurop un réseau
européen et africain de défense des immigrés