Le cardinal Sandri préoccupé pour les chrétiens du monde arabe
Le monde arabe est en ébullition : de la Libye à la Syrie, de la Tunisie au Yémen,
en passant par l’Egypte, la Jordanie, l’Algérie …. Les peuples arabes, notamment les
jeunes générations, revendiquent la liberté et la démocratie, dénoncent le chômage
et la corruption et renversent des régimes qui semblaient inébranlables. Pas un jour
ne passe sans que la rue arabe ne fasse parler d’elle, la contestation prenant souvent
une tournure violente. Minoritaires dans chacun de ces pays, souvent discriminés
parfois persécutés dans leur propre patrie, les chrétiens sont-ils fragilisés par
la chute des pouvoirs autoritaires mais laïcs ? Sont-ils plus menacés que par le passé
par le fondamentalisme musulman ? Actuellement, la prudence est de mise, d’autant
que le sort de ces communautés est indissociable des conflits et des fractures qui
déchirent la région. Au Vatican, à l’approche des fêtes de Pâques, le Préfet de
la Congrégation pour les Églises orientales, ne cache pas sa préoccupation. Le cardinal
Leonardo Sandri invite l’occident à une plus grande solidarité avec ces chrétiens
en difficulté et insiste sur les valeurs de liberté et de dignité. Il est interrogé
par Romilda Ferrauto
L’Orient catholique
s'était retrouvé la semaine dernière à Rome pour la troisième réunion du Conseil Spécial
pour le Moyen-Orient. Six mois après le synode, qui avait été convoqué par le Pape
pour mieux comprendre les défis et attentes des chrétiens de cette région du globe,
la situation dans le monde arabe a sensiblement changé. Depuis plus de deux mois maintenant,
un puissant « vent» révolutionnaire souffle. Des dictateurs sont tombés comme en Egypte
ou en Tunisie, la guerre a éclaté en Libye. Et le Moyen-Orient est lui aussi touché
par cette vague de volonté populaire de changement. C’est le cas notamment en Syrie
ou dans la péninsule arabique. Charles-François Brejon a rencontré plusieurs chefs
religieux dans les locaux du Synode des Evêques à Rome, qui s’expriment sur la question.
Ainsi Mgr Paul Matar, archevêque de Beyrouth des Maronites.
Les événements
dans les pays arabes sont porteurs d’espérance pour des populations entières, mais
une peur réside : c’est celle du fondamentalisme musulman. Une préoccupation exprimée
par l’ensemble des évêques moyen-orientaux. Écoutons Sa Béatitude Ignace Youssif III
Younan, Patriarche d’Antioche des Syriens, résidant au Liban.
Et c’est précisément
une situation comme celle que vit l'Irak qui est redoutée. Car huit ans après la chute
de Saddam Hussein, la situation du pays s’est considérablement dégradée, en particulier
pour les chrétiens. On se souvient notamment de l’attentat à la cathédrale syro-catholique
de Bagdad le 2 novembre dernier par Al-Qaïda. Les intégristes musulmans frappent fort
et la situation ne s’améliore toujours pas. Le témoignage de Mgr Warduni, évêque titulaire
d’Anbar et évêque de la Curie de Babylone des Chaldéens.
Dans les révolutions
qui touchent actuellement le monde arabe, comment ne pas parler de la Syrie ? Une
situation à part, où l'Église locale ne cache pas son soutien au président Bachar
el-Assad. Elle souhaite pourtant elle aussi du changement. Les explications avec Mgr
Boutros Marayati, archevêque d’Alep des Arméniens.