Communiqué de la Conférence Episcopale des Régions du Nord de l’Afrique
Communiqué au sujet de « l’évolution historique qui touche les pays arabes et
spécialement le Maghreb » Conférence Episcopale des Régions du Nord de l’Afrique
Les Evêques d’ Afrique du Nord ( Maroc , Algérie , Tunisie , Libye), tous confrontés
à des évolutions historiques, qui touchent les pays arabes et spécialement le Maghreb,
tiennent à répercuter leur pressant appel en vue de trouver à ce douloureux conflit
,une solution juste et digne pour tous . Ils s’unissent en cela à l’appel pressant
lancé par Benoît XVI en ce dimanche 27 Mars. Comme ils le notaient déjà dans le
compte rendu de leur dernière Assemblée, ils reconnaissent, dans les événements qui
bouleversent actuellement la Région, une revendication légitime de liberté, de justice
et de dignité, notamment de la part des jeunes générations. Cette revendication se
traduit par une volonté d’être reconnus comme citoyens, citoyens responsables, ayant
la possibilité de trouver un travail qui leur permette de vivre décemment, bannissant
toute corruption et tout clientélisme.
Aujourd’hui, ce vent de changement
traverse notamment la Libye. Et nous rejoignons plus particulièrement nos Frères Evêques
de Tripoli et de Bengazi, et toutes les populations de ce pays.. Nous savons que
la guerre ne résout rien, et lorsqu’elle s’enclenche, elle est aussi incontrôlable
qu’une explosion dans un réacteur nucléaire ! Les premières victimes sont toujours
les plus pauvres et les plus démunis ! Par ailleurs, que nous le voulions ou non,
la guerre au Proche Orient, et maintenant au Maghreb, sera toujours récupérée comme
une « croisade ». Et cela retombe inévitablement sur les relations de convivialité
que Chrétiens et Musulmans ont tissé et continuent de tisser au quotidien.
L’enjeu
d’une médiation diplomatique serait d’aider les Libyens sur un chemin de négociation
pour qu’ils trouvent eux-mêmes une solution honorable au bénéfice de tous. S’asseoir
à une même table, n’est-il pas l’unique chemin à prendre ensemble pour pouvoir retisser
des liens qui ont été rompus et recomposer un tissu social qui bannit la revanche
et la haine? Au cœur du conflit, dans ce pays comme dans les autres atteints par
la violence, une mobilisation de la diplomatie et de l’aide humanitaire doit se faire
pour aider des évolutions qui tiennent compte des aspirations à la liberté et à la
citoyenneté responsable. Tout cela n’est-il pas urgent pour empêcher que des
victimes succombent de toute part, soit à cause de la force, ou du manque de nourriture
et de soins. Ces événements entraînent des déplacements de populations ; certaines
n’hésitant pas à passer les frontières terrestres ou maritimes, au risque de leur
vie et de celui de n’être pas accueillies. Mais d’autres, les « pauvres des pauvres
» n’ayant même pas ce recours à cause de leur pauvreté extrême, sont obligés de subir
les événements sans aucune possibilité de se défendre.
L’Eglise
peut-elle seule accueillir toutes ces détresses ?
Comment
aider tous les hommes de bonne volonté à unir leurs efforts ?
Ils
souhaitent que dans toutes les parties du monde, notamment dans les pays du Maghreb,
les hommes puissent sortir de l’enfermement dû à la peur, à l’ignorance mutuelle et
à l’injustice pour rentrer dans une dynamique de cette espérance à laquelle tant de
personnes aspirent dans ces régions.
Au nom des convictions qui animent notre
Foi dans le Dieu Unique, nous voulons aider à construire un monde de Fraternité Universelle
dans le mutuel respect des personnes et des Peuples. Nous prions le Très Haut
pour qu’Il incite les Responsables à trouver le chemin qui conduit vers la Justice
et la Paix.
+Vincent LANDEL s.c.j. Archevêque de Rabat
Président de la CERNA