Collecte du Vendredi Saint pour les chrétiens de Terre Sainte Lettre
du cardinal Leonardo Sandri Préfet de la Congrégation pour les Églises orientales
Évoquer
la Quête du Vendredi-Saint, c’est rappeler un engagement qui remonte au temps apostolique.
Saint Paul l’atteste lorsqu’il écrit aux Galates: “nous devions seulement songer aux
pauvres, ce que précisément j'ai eu à cœur de faire” (2, 10). Il le répète aux chrétiens
de Corinthe (1Cor 16, 1-3; 2 Cor 8-9) et de Rome: “...je me rends à Jérusalem pour
le service des saints car la Macédoine et l'Achaïe ont bien voulu prendre quelque
part aux besoins des saints de Jérusalem qui sont dans la pauvreté” (15, 25-26).
La
Terre-Sainte attend la fraternité de l’Eglise universelle et désire en échange partager
son expérience de grâce et de souffrance qui marque son chemin. Avant tout, elle reconnaît
la grâce du Synode des Evêques du Moyen-Orient ainsi que celle de la visite du Saint
Père à Chypre. Ces événements ont accru l’intérêt du monde, mais aussi le retour de
nombreux pèlerins sur les traces historiques de Jésus-Christ. La Terre-Sainte est
sensible à l’augmentation des violences envers le chrétiens d’Orient, dont les conséquences
sont notables dans toute la région. Les chrétiens d’Orient expérimentent l’actualité
du martyre et souffrent de la précarité de la paix ou de son absence. Leur exode incessant
en est le signe le plus inquiétant. Au milieu de cette situation, quelques signes
positifs sont insuffisants pour renverser la douloureuse tendance à l’émigration chrétienne
qui appauvrit cette région de ses forces vitales que constituent les jeunes générations.
Il
nous appartient donc, de nous unir au Pape pour encourager les chrétiens de Jérusalem,
d’Israël et de Palestine, de Jordanie et des pays orientaux environnants, avec Ses
propres paroles: “La paix est possible. La paix est urgente. La paix est la condition
indispensable pour une vie digne de la personne humaine et de la société. La paix
est également le meilleur remède pour éviter l'émigration du Moyen-Orient” (Benoît
XVI, homélie pour la conclusion du Synode pour le Moyen-Orient).
Le présent
appel pour cette quête s’inscrit en faveur de la paix dont nos frères et sœurs de
Terre-Sainte veulent être les instruments efficaces dans les mains du Seigneur pour
le bien de tout l’Orient.
Il parvient au début de notre itinéraire de Carême
qui trouvera son point culminant le Vendredi-Saint, ou à tout autre moment opportun
en fonction du contexte local. Mais cette collecte demeure, partout, la voie ordinaire
pour promouvoir la vie des chrétiens de Terre-Sainte.
La Congrégation pour
les Eglises Orientales se fait le porte-voix des besoins pastoraux et éducatifs, d’assistance
et de charité de leurs Eglises. Grâce à cette solidarité mondiale, elles demeurent
ancrées dans les souffrances et les espérances de leurs peuples, tout en progressant
dans la collaboration œcuménique et interreligieuse. Elles rendront gloire à Dieu
et défendront les droits et les devoirs des particuliers et des communautés, en commençant
par l’exercice personnel et public de la liberté religieuse. Elles seront aux côtés
des pauvres, sans aucune distinction, pour contribuer à la promotion sociale du Moyen-Orient.
Surtout, elles vivront les béatitudes du pardon et de la réconciliation.
Benoît XVI nous invite à aller au-delà du geste purement matériel. Le
rapport doit devenir plus intense pour arriver à une “vraie spiritualité ancrée dans
la Terre de Jésus”: “C’est pourquoi, plus nous voyons l’universalité et l’unicité
de la Personne du Christ, plus nous considérons avec gratitude cette Terre où Jésus
est né, a vécu et s’est donné lui-même pour nous tous. Les pierres sur lesquelles
notre Rédempteur a marché demeurent pour nous riches de souvenirs et continuent à
«crier» la Bonne Nouvelle... les chrétiens qui vivent sur la Terre de Jésus, en témoignant
leur foi dans le ...sont appelés à servir non seulement comme «un phare de la foi
pour l’Église universelle, mais aussi comme un levain d’harmonie, de sagesse et d’équilibre
dans la vie d’une société qui, traditionnellement, a été et continue d’être pluraliste,
multiethnique et multi-religieuse” (Exhortation post-synodale Verbum Domini, 89).
Je
remercie, au nom du Saint Père, les pasteurs et les fidèles de toute l’Eglise, confiant
dans leur constante générosité. C’est un merci partagé par l’Eglise latine rassemblée
dans le Patriarcat latin de Jérusalem et la Custodie Franciscaine de Terre-Sainte
et aussi par les Eglises Melkite, Maronite, Syro-catholique, Arménienne, Chaldéenne,
qui composent ensemble l’Eglise catholique en Terre-Sainte.
Avec mes souhaits
les plus fraternels dans le Christ Jésus.