Opération en Libye : ingérence ou devoir de protection ?
Le Vicaire apostolique de Tripoli se méfie des européens mais il a confiance dans
la sagesse africaine pour sortir de la crise libyenne. Mgr Martinelli ne cesse de
dire à ceux qui veulent bien l’entendre qu’on ne résoudra rien avec des bombes. Il
mise plutôt sur une médiation de l’Union africaine. Il y a aussi le drame des réfugiés
africains qui frappent à la porte de l’Église dans l’espoir qu’elle puisse les aider
à gagner l’Europe. C es jours derniers, l'Osservatore romano a critiqué l’opération
militaire internationale en Libye pointant du doigt la confusion et les divisions
de la coalition ainsi que la hâte et le manque de coordination. Sur le banc des accusés
: la France. Pour le journal du Vatican, c’est la preuve que Paris a agi pour des
motifs politiques et pas pour des raisons humanitaires. A Tripoli, Mgr Martinelli
renchérit en affirmant qu’il n’a pas peur des bombes mais d’une impasse. Le Saint-Siège
a adopté une attitude prudente depuis le début de la crise libyenne, face à la complexité
de la situation mais aussi pour ne pas exposer la petite communauté catholique locale
aux risques de représailles. Éclairage Romilda Ferrauto
Dimanche,
Benoît XVI a fait part de sa vive appréhension ; il a indiqué qu’il priait pour tous
ceux qui sont touchés par la situation dramatique de la Libye et il a adressé un appel
pressant à tous ceux qui ont des responsabilités politiques et militaires afin qu’ils
aient à cœur avant tout l’intégrité et la sécurité de la population et qu’ils garantissent
l’accès aux secours humanitaires. Le Pape s’est dit proche des libyens, il demande
à Dieu qu’un horizon de paix et de concorde se lève au plus vite sur la Libye et toute
l’Afrique du Nord. Mais il ne s’est pas prononcé de manière explicite sur la légitimité
de l’opération militaire déclenchée le 18 mars Mais la doctrine de l’Église catholique
défend le devoir d’ingérence, sous certaines conditions. Lors de son discours aux
Nations Unies, le 18 avril 2008, Benoît XVI avait clairement exposé le principe de
protection. Écoutez un extrait de son discours à ce propos
Au sein même
de la Curie romaine, des voix s'élèvent pour saluer l'intervention internationale.
C'est le cas du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion
de l'unité des chrétiens
Dans les rangs
de la communauté catholique, beaucoup regrettent en revanche que l’on n’ait pas donné
une chance à la voie diplomatique. Ainsi Monseigneur Arnaud Gorgemans, président de
la Commission Justice et paix de la Conférence des évêques de Belgique aurait souhaité
plus de dialogue avant de faire parler les armes. Quant à se positionner pour ou contre
une intervention militaire, le choix est pour lui difficile. Il a accepté de répondre
aux questions de Marie Agnès Georges
Pas moins
de 1470 migrants sont arrivés à Lampedusa (Italie) au cours des dernières 24 heures,
indiquent à la MISNA des sources du Commandement général des capitaineries d’Italie,
qui précisent que les autorités ont dû procéder à 13 interventions pour porter secours
aux passagers d’embarcations en situation critique.
Ces nouvelles arrivées
portent à 4800 le nombre de Nord-africains présents à Lampedusa, soit à peine un peu
moins que les habitants de l’île. La surpopulation du centre d’accueil local – normalement
prévu pour n’accueillir que 800 personnes – donne lieu à de fortes préoccupations
et à de massives protestations. Dimanche, les habitants riverains ont empêché le seul
bateau qui assure la liaison entre la région de la Sicile et l’Italie d’accéder au
quai.