La Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui compte 17 juges,
a rendu son arrêt définitif sur la présence de crucifix dans les écoles publiques
en Italie, en donnant raison à l'Italie. Dans un premier jugement, en 2009, la Cour
européenne avait condamné l'Italie, jugeant que la présence de crucifix dans les salles
de classe était contraire au droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs
convictions et au droit des enfants à la liberté de religion. Mais Rome avait obtenu
le renvoi de l’affaire en appel devant la Grande Chambre. Huit pays européens de tradition
catholique ou orthodoxe avaient soutenu le gouvernement italien dans cette affaire. Dans
un communiqué, le directeur du bureau de presse affirme que cette sentence a été accueillie
avec satisfaction par le Saint-Siège. Il s’agit – souligne-t-il - d’une sentence particulièrement
engageante et historique. L’État italien dans son recours en appel avait obtenu un
soutien inédit de la part de nombreux États européens et l’adhésion de plusieurs
organisations exprimant un sentiment largement partagé par les populations. La sentence
reconnait à un niveau juridique international et qui fait autorité, que la culture
des droits de l’homme ne doit pas être en contradiction avec les fondements religieux
de la civilisation européenne, à laquelle le christianisme a apporté une contribution
essentielle. Elle reconnait que conformément au principe de subsidiarité, chaque pays
doit pouvoir bénéficier d’une marge confortable quand il s’agit de la valeur des symboles
religieux dans son histoire culturelle et son identité nationale. Dans le cas contraire
on finirait paradoxalement, au nom de la liberté religieuse par bannir son expression
de l’espace public en violant cette même liberté et gommant les identités spécifiques
et légitimes. La Cour – note le Père Lombardi - affirme donc que l’exposition du crucifix
n’est pas de l’endoctrinement, mais l’expression de l’identité culturelle et religieuse
des pays de tradition chrétienne. Cette sentence est la bienvenue parce qu’elle contribue
efficacement à rétablir la confiance dans la Cour européenne des droits de l’homme
aux yeux de nombreux européens convaincus et conscients du rôle déterminant des valeurs
chrétiennes dans leur histoire mais aussi dans la construction unitaire de l’Europe
et dans sa culture de droit et de liberté. Écoutez Grégor Puppinck, directeur du
Centre Européen pour le droit et la justice à Strasbourg, interrogé par Marie-Leila
Coussa
Lire aussi Déclaration
du Card. Péter Erdő, Président du CCEE, sur le jugement de la Grande Chambre de la
Court Européenne des Droits de l’Homme dans l’affaire Lautsi c. Italie qui traite
de l’exposition des crucifix dans les salles de classes en Italie.
J’exprime
ma satisfaction pour le jugement de la Grande Chambre de la Court Européenne des Droits
de l’Homme de Strasbourg faisant suite au réexamen du jugement du 3 novembre 2009
dans l’affaire Lautsi c. Italie (requête n° 30814/06) qui traite de l’exposition des
crucifix dans les salles de classes en Italie, contre lequel le Gouvernement italien
avait fait appel le 29 janvier 2010. Le présent jugement de la Grande Chambre,
qui a renversé le verdict du jugement précédemment adopté, est un signe de bon sens,
sagesse et liberté. Le caractère définitif de ce jugement acquiert une valeur
symbolique qui va beaucoup au-delà du cas italien, comme l’avaient témoigné les nombreuses
réactions au premier jugement suscitées au niveau européen et mondial. Aujourd’hui
une page d’histoire a été écrite. Un espoir est né non seulement pour les chrétiens,
mais pour tous les citoyens de l’Europe, croyants et laïques, qui avaient été profondément
blessés par le jugement du 3 novembre 2009 et qui sont préoccupés face à des procédures
qui tendent à effriter une grande culture comme la culture chrétienne et, en fin des
comptes, à miner sa propre identité. Considérer la présence du crucifix dans l’espace
publique comme contraire aux droits de l’homme aurait signifié nier l’idée même d’Europe.
Sans le crucifix, l’Europe que nous connaissons aujourd’hui n’existerait pas. Voilà
pourquoi ce jugement est avant tout une victoire pour l’Europe. Je suis d’accord
avec la Grande Chambre quand cette dernière laisse entendre que les questions religieuses
doivent être traitées au niveau national par chaque Etat membre. Je suis convaincu
que le présent jugement peut contribuer à avoir plus de confiance dans la Cour et
dans les institutions européennes de la part de beaucoup de citoyens de l’Europe.
Par ce jugement, les juges ont reconnu que la culture des droits de l’homme ne doit
pas forcement exclure la civilisation chrétienne.
Card. Péter Erdő Archevêque
de Esztergom-Budapest Président du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (source
CCEE)