Mgr Bechara Raï élu patriarche de l'Église maronite
L’Église maronite a un nouveau patriarche. Mgr Bechara Rai, évêque de Jbeil (Bkerké)
a été élu ce mardi matin. Les cloches ont sonné à travers tout le Liban pour fêter
l’élection du nouveau patriarche. Mgr Béchara Rai est né le 25 février 1940, il a
été ordonné prêtre en 1967 avant de devenir évêque en 1986. Il a été entre autres
responsable des émissions en arabe de Radio Vatican. Il succède ainsi au Patriarche
Nasrallah Boutros Sfeir, qui avait présenté sa démission au Vatican, le 26 février
dernier, indiquant avoir atteint la limite d’âge. Il devient le 77 ème patriarche
maronite d'Antioche.
Le père Jospeh Nassar est un jésuite libanais, vice-recteur
de l’Université Saint- Joseph à Beyrouth. Il revient au micro d'Olivier Bonnel sur
la figure du nouveau patriarche qu’il connait bien, et sur les défis qui l’attendent.
Mgr Rai s’était
notamment fait connaitre ces dernières années, dénonçant la division de la communauté
chrétienne libanaise. Voici un extrait de son intervention lors du dernier synode
des évêques pour le Moyen-Orient au mois d'octobre dernier:
Nous lisons au
n° 34 de l'Instrumentum Laboris: "Au Liban, les chrétiens sont divisés au
plan politique et confessionnel et personne n'a un projet acceptable par tous". Il
n'existe pas une division au plan confessionnel, mais une diversité d'Églises sui
iuris catholiques, orthodoxes et évangéliques ayant chacune son propre patrimoine,
liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire. Il existe par contre une division
sur le plan politique, qui ne touche pas l'essence mais les options stratégiques.
Quant à l'essence, les chrétiens sont d'accord autour des constantes nationales, définies
dans le document dit "les constantes" publié par le Patriarcat Maronite le 6 décembre
2006, lequel a été accepté et signé par les chefs des partis politiques chrétiens.
Ces constantes ont été développées dans un autre document paru en 2008 sous le titre:
Charte de l'action politique à la lumière de l'enseignement de l'Église et de la spécificité
du Liban. Quant aux options politiques, la division des Chrétiens est centrée
sur la stratégie relative à la protection desdites constantes et à la présence efficace
et effective des chrétiens. Cette division est causée par les conditions politiques
actuelles, tant internes que régionales et internationales. Car il existe
dans le monde arabe une forte division entre les sunnites et les chiites, apparente,
sur le plan régional, dans la coalition, du côté sunnite, entre l'Arabie Saoudite,
l'Égypte et la Jordanie, et du côté chiite entre l'Iran et la Syrie. Cette division
s'est transformée en conflit sanglant entre les sunnites et les chiites en Irak. Sur
le plan international, le conflit se situe entre les États-Unis et ses alliés en faveur
des sunnites d'un côté, et l'Iran de l'autre à cause de ses ambitions régionales et
de son programme nucléaire. Au Liban, c'est le conflit politique entre les chiites
et les sunnites, où se situe la division des Chrétiens. Pour sauver le régime libanais
et leur présence effective, une partie choisit l'alliance avec les sunnites, une autre
avec les chiites et une troisième appelle à de bonnes relations avec les sunnites
et les chiites et à ne pas se laisser entraîner dans la politique des axes régionaux
et internationaux. Le projet politique acceptable par tous consiste à parfaire
l'État civil, dont les éléments se trouvent dans les "Constantes", la "Charte de l'action
politique" et la Constitution. C'est ce qui différencie le Liban des autres pays du
Moyen-Orient, ayant tous de régimes religieux."