Les deux nouvelles explosions survenues, mardi 15 mars, à la centrale atomique de
fukushima et l'incendie qui s'est déclenché sur le réacteur 4 ont provoqué dans la
région, et cela jusqu'à Tokyo, une hausse du niveau de radioactivité. L'accident nucléaire
a atteint le niveau 6 de gravité sur l'échelle internationale qui en compte 7, a estimé
mardi l'Autorité française de sûreté du nucléaire (ASN). Le niveau 7 n’a été atteint
qu'une fois dans le monde, en 1986 à Tchernobyl. "On est dans une catastrophe tout
à fait évidente" au Japon, a déclaré le président de l'ASN, André-Claude Lacoste,
lors d'une conférence de presse à Paris. Le commissaire européen à l'Energie, Günther
Oettinger, a qualifié mardi l'accident nucléaire au Japon d'"apocalypse", estimant
que les autorités locales avaient pratiquement perdu le contrôle de la situation dans
la centrale de Fukushima. Les pays de l'UE ont décidé d'effectuer des tests de résistance
de leurs centrales nucléaires aux tremblements de terre, tsunamis et attaques terroristes,
a annoncé la Commission européenne. La crise nucléaire a déclenché une véritable
panique boursière. - 10,55% : c’est la chute effectuée par l’indice boursier de
Tokyo ce mardi. La journée avait débuté en forte baisse, elle a fini dans la débâcle
générale, alors que le Japon est confronté à une crise nucléaire majeure après la
catastrophe naturelle qui a ravagé le Nord du pays. Conséquence directe : un vent
de panique a soufflé sur toutes les places boursières mondiales. Écoutez l’analyse
de Jean-Marie Bouissou, directeur de recherche à Sciences Po au CERI et spécialiste
du Japon, qui revient également sur les conséquences des récents événements sur l’économie
japonaise. Il est interrogé par Charles-François Brejon.
Le
séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon vendredi dernier ont fait 3.373 morts
confirmés, 6.746 disparus et 1.897 blessés, selon un nouveau bilan provisoire officiel
de la Police nationale diffusé mardi soir.
Selon les évêques catholiques du
pays, la catastrophe a provoqué un choc émotionnel dans la société. Les évêques tiendront
une réunion extraordinaire le mercredi 16 mars à Sendai, le diocèse le plus touché,
qui compte 500 Kms de côtes. Ils s’efforceront de mettre au point une stratégie. Ils
remercient le Pape pour ses paroles d’encouragement et d’espérance. L’espérance, c’est,
selon l’épiscopat, le don que les chrétiens peuvent offrir à la nation en ces heures
de souffrance. Dans un témoignage recueilli par l’Agence Fides, de la Congrégation
romaine pour l’évangélisation des peuples, l’évêque de Sendai, Mgr Martin Tetsuo Hiraga,
décrit la situation très difficile : « nous ne parvenons pas encore à prendre la mesure
de l’entité du désastre, à évaluer le nombre de morts, de disparus et de déplacés.
Les nouvelles sont fragmentaires. L’incertitude entrave l’action et le déploiement
des secours. L’impact matériel et émotionnel est très fort ». Le diocèse de Sendai
ne compte que quelque 10.000 catholiques. Leur évêque les invite à la prière et à
la solidarité. Il invite les chrétiens du monde entier à prier pour le Japon.
Le
Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholoméos 1er, a appelé les
États à revoir leur politique énergétique nucléaire. Il s’agit selon lui d’une option
trop dangereuse pour l’humanité. Très connu pour ses initiatives et ses prises de
position en faveur de la sauvegarde de l’environnement, le Patriarche attire l’attention
sur le cauchemar que vit actuellement le Japon. Lorsqu’il s’agit d’un séisme – relève-t-il
– l’homme n’a rien à dire car les causes sont plus grandes que lui. Mais quand il
s’agit du risque d’explosion d’une centrale nucléaire, il a le droit de parler.
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Des
prêtres des Missions Etrangères de Paris (MEP), qui ont vécu le tremblement de terre
et le tsunami qui a suivi, le 11 mars 2011 au Japon, témoignent de la catastrophe
et de la vie qui reprend son cours. Des témoignages rapportés par Eglises d’Asie (EDA),
l’agence des Missions Etrangères de Paris (MEP), le 15 mars. A Hakodate, dans le
sud du Hokkaido, un prêtre des MEP, a raconté que la vague, d’une hauteur de près
de 2 mètres, engendrée par le tremblement de terre, a envahi le quartier du port sans
faire de dégâts autres que matériels. Les habitants s’emploient désormais à nettoyer,
tandis que la vie reprend son cours. "Les Japonais ne sont pas un peuple qui se lamente
devant l’adversité, mais au contraire qui combat pour rester en vie: quelle leçon!",
a déclaré le missionnaire présent sur l’île depuis une quinzaine d’années. Plus
au sud, sur l’île de Honshu, dans le diocèse de Sendai, un autre missionnaire a vécu
le séisme, dans la région la plus proche de l’épicentre. La ville où il habite est
située derrière des montagnes et a ainsi été épargnée par le tsunami. Le missionnaire
s’est estimé "bien chanceux par rapport à ceux qui ont tout perdu". "Au lendemain
du séisme, l’eau, l’électricité et parfois le gaz ont commencé à être rétablis. Mais
il faut ranger, nettoyer et jeter, tout en se tournant vers ceux qui sont dans une
situation bien plus terrible, a-t-il raconté par e-mail. La solidarité s’organise,
y compris au niveau de l’Eglise du Japon qui, malgré sa petitesse (0,3% de la population,
ndlr), sait remarquablement mettre en place un mouvement d’entraide par son réseau
interdiocésain et interparoissial, afin d’envoyer des volontaires et du matériel." Un
prêtre des MEP, qui a connu le tremblement de terre de Kobe de 1995, a rapporté que,
dans la région de Sendai, les secours étaient ralentis parce que l’eau ne reflue pas.
Dans certaines régions, la vague du tsunami a envahi des terres situées sous le niveau
de la mer, et l’eau ne s’écoule pas. Cela retarde les recherches pour retrouver des
survivants. Un sang-froid et une dignité exemplaires Depuis Tokyo, le responsable
des MEP pour le Japon, le Père Olivier Chegaray, a dit son admiration pour "le sang-froid
et la dignité exemplaires dont les Japonais font preuve dans leur malheur". "Hier,
à la messe dominicale, a-t-il écrit dans un e-mail daté du 14 mars dernier, alors
que je prononçais l’homélie, l’église a été fortement secouée. J’avoue avoir eu du
mal à garder tout mon aplomb, mais personne dans l’assistance n’a bougé…" Le prêtre
a salué, en autres, la mémoire du Père André Lachapelle, des Missions étrangères du
Québec, dont le décès a été annoncé. Ce dernier serait mort d’une crise cardiaque,
alors qu’il tentait de rejoindre son église, située à une trentaine de kilomètres
du centre de Sendai. Agé de 76 ans, le missionnaire québécois vivait au Japon depuis
près d’un demi-siècle. Les catholiques se mobilisent Depuis Kobe enfin, un missionnaire
rapporte que les catholiques ont envoyé, dès le 11 mars au soir, des équipes de bénévoles
vers la zone sinistrée, située au nord-est de Tokyo. Depuis le tremblement de terre
de 1995, le visage de la communauté catholique de Kobe a changé, a-t-il expliqué.
Le drame avait provoqué un fort élan de solidarité que nul n’aurait pu imaginer peu
auparavant. Les bénévoles avaient afflué pour aider la population sinistrée et une
générosité enfouie avait resurgi. Aujourd’hui, les catholiques de Kobe, qui "portent
encore les blessures du séisme dans leur corps et leur cœur", veulent aider à leur
tour ceux qui vivent le même drame. Dans les heures qui ont suivi la diffusion des
images du tsunami dans le Nord-Est de l’archipel, des équipes de jeunes volontaires
catholiques, dont des médecins et des infirmières, de Kobe sont partis pour porter
secours aux victimes des régions touchées par la catastrophe. (apic/eda/nd)