EDITORIAL : LES RELIGIONS POUR LA PAIX DANS DES SITUATIONS DE CONFLIT
Quelle peut être la position du chrétien face à la crise que traverse plusieurs pays
du continent africain, notamment les pays du Nord du continent, appelé aussi pays
de l’Islam ? Quelle contribution elle peut donner dans la recherche d’une paix dans
le respect des convictions religieuses de chacun ? Le message final de la récente
assemblée plénière des Evêques peut être considéré comme une référence.
En
effet, les évêques catholiques d’Afrique du Nord ont tenu leur réunion annuelle, du
29 janvier au 2 février, à Alger. Ils ont longuement parlé des événements qui ne concernait
en ce moment là que la Tunisie et l’Égypte et qui se sont élargi aujourd’hui à la
Libye. Il s’agit d’événements qui font reflètent les changements profonds auxquels
le monde moderne est confrontés, notamment en Afrique du Nord.
Dans un texte
publié à l’issue de cette rencontre, les évêques d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et
de Libye ont tenu à souligner que les évènements qui « bouleversent actuellement le
Nord de l’Afrique sont une revendication de liberté et de dignité, notamment de la
part des jeunes générations, qui se traduit en volonté que tous soient reconnus comme
citoyens, et citoyens responsables.
Ces changements, qui adviennent dans un
monde globalisé, exigent des nouvelles réponses, en conformité avec des riches traditions
culturelles de différents peuples, nations, et régions du monde, mais qui ont comme
point central, la dignité de la personne humaine, libérée de mécanismes qui privent
de liberté personnes et tissu social, appauvrissent et mettent des freins au développement
culturel des populations.
Le 3 février, l’archevêque de Tunis, Mgr Maroun
Elias Lahham, a précisé que, pour les évêques d’Afrique du Nord, l’actualité suscite
plutôt des espoirs que de l’inquiétude. On a beaucoup d’espoirs, du fait que ces révolutions
ont été faites par des jeunes. Notre rôle sera de les accompagner, de leur faire sentir
notre appui, notre sympathie.
Les contrastes qui caractérisent l’époque moderne
sont un défi pour les religions dans l’accomplissement de leur mission de proclamer
la réalité de Dieu et défendre la dignité de chaque personne humaine. Souvent, le
Pape Benoît XVI parle, aussi durant les rencontres avec les représentants des autres
religions (à titre d’exemple : le 6 novembre 2008 aux participants au Forum Catholico
Islamique parmi lesquels figurait le Grand Mufti Mustapha Céric et le professeur Seyyed
Ossein Nasr), que nos religions professent la foi en un seul Dieu, créateur, qui aime
et prend soin de chaque personne humaine partout dans le monde.
Il est donc
important de travailler ensemble,malgré la diversité de nos visions anthropologiques
et systèmes théologiques, pour la collaboration interreligieuse dans la promotion
des droits fondamentaux et de la dignité de chaque personne
Au cours de leur
rencontre algéroise, les évêques ont aussi insisté sur les « liens d’amitié » entre
musulmans et chrétiens dans les pays du Maghreb et déclarent s’engager pour un renforcement
de la liberté religieuse et des droits civiques, considérant qu’ils sont la garantie
d’un respect complet et réciproque et prendront une place croissante dans les dialogues
entre croyants musulmans et chrétiens.
La réunion de la CERNA avait pour but
principal définir les moyens de "mieux vivre ensemble" en terre musulmane, d’organiser
des rencontres amicales pour, notamment, contribuer au développement" économique et
social de la région.
Dans cette perspective de consolider le "vivre ensemble",
les évêques ont évoqué de nombreux échanges de vues et d’expériences avec des dignitaires
religieux musulmans.
Et, face aux événements qui secouent le Nord de l’Afrique,
l’Eglise, présente dans cette région a également débattu de la manière de se situer
par rapport à l’évolution de la situation” dans chaque pays d’Afrique du Nord.
Voir
comment ces pays aspirent à une certaine liberté, une certaine démocratie. Face
à “toute cette dynamique que l’on voit naître, cette liberté d’expression des hommes,
les chrétiens ne peuvent pas être à côté. Ils doivent se positionner dans ce nouveau
contexte avec comme ligne motrice “le droit de réserve dans les affaires politiques”
et “le respect des libertés fondamentales, notamment de conscience”.
Dans cette
trajectoire de “paix par le dialogue”, les membres de la CERNA ont tablé sur de contacts
directs avec des musulmans hommes et femmes, avec qui les chrétiens ne discutent
pas de “théologie ou de métaphysique, mais de choses concrètes liées au développement”
telles que “la formation, l’agriculture, la place de la femme dans la société”.