2011-03-02 09:50:23

Shabbaz Bhatti, "une vie offerte en sacrifice" selon le cardinal Tauran


Les funérailles du ministre pakistanais des minorités religieuses ont eu lieu ce vendredi dans l’église Fatima d’Islamabad. Pour l’occasion des mesures de sécurités drastiques ont été prises par les autorités. Le quartier a été entièrement bouclé par l’armée et la police. Shabbaz Bhatti a été assassiné ce mercredi à Islamabad par des inconnus qui ont criblé de balles sa voiture, en plein jour, dans un quartier chic de la capitale. Les assaillants ont réussi à prendre la fuite. Le cercueil du défunt sera inhumé dans son village familial de Khushpur près de Faisalabad. Dans un télégramme du Pape signé du cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone envoyé au président de la conférence épiscopale pakistanaise, Mgr. Lawrence John Saldanha, Benoît XVI a exprimé sa « profonde tristesse » après la mort de Shabbaz Bhatti. Le Pape « prie pour le repose serein de sa noble âme et présente ses condoléances à la famille du défunt et à tous ceux qui pleurent la mort de ce serviteur fidèle et courageux du peuple pakistanais ».

Pour le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil Pontifical pour le dialogue intereligieux, le témoignage de Shabbaz Bhatti est exemplaire. RealAudioMP3

Ce meurtre survient en pleine controverse sur des velléités d'amendement d'une loi prévoyant la peine de mort en cas de blasphème et l'assassinat début janvier d'un gouverneur qui avait pris la défense d'une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir "insulté" le prophète Mahomet. Le ministre Bhatti se disait régulièrement menacé. Le compte rendu de Charles-François Brejon RealAudioMP3

Réaction du père Lombardi, porte-parole de Benoît XVI au sujet de l'assassinat de Shabbaz Bhatti
"L'assassinat du ministre pakistanais pour les minorités, Shabbaz Bhatti, est un nouveau fait de violence d'une terrible gravité. Il démontre combien sont justes les interventions insistantes du Pape au sujet de la violence contre les chrétiens et contre la liberté religieuse en général.
Bhatti était le premier catholique à avoir endossé de telles responsabilités. Rappelons qu'il avait été reçu par le Saint-Père en septembre dernier et qu'il avait témoigné de son engagement pour une cohabitation pacifique entre les communautés religieuses de son pays. A la prière pour la victime, à la condamnation pour l'inqualifiable acte de violence, à la proximité envers les chrétiens pakistanais touchés de telle façon par la haine, s'ajoute un appel pour que chacun se rende compte de l'urgence dramatique de la défense de la liberté religieuse et des chrétiens objets de violences et de persécution."

Les évêques pakistanais ont vivement condamné l’assassinat de Shabbaz Bhatti. « Il s’agit d’un exemple parfait et tragique de l’insoutenable climat d’intolérance que nous connaissons au Pakistan», a déclaré Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore et président de la Conférence épiscopale du Pakistan. Les évêques demandent ainsi au gouvernement, aux institutions et au pays tout entier, « de reconnaître et d’affronter avec fermeté cette question afin qu’il soit mis fin à cet état de fait, dans lequel la violence triomphe ». Nos confrères de la rédaction anglophone ont recueilli la réaction de monseigneur Rufin Anthony évêque d’Islamabad rawalpindi RealAudioMP3

Ainsi Shabbhaz Bhatti n’aura pas pu réformer le Pakistan comme il le souhaitait. En tout cas, le commando qui l’a assassiné ne lui en aura pas laisser le temps. Fervent défenseur de la cause d’Asia Bibi, ce membre du parti au pouvoir était partisan de la révision de la loi anti-blasphème. Cette loi en vigueur depuis 1986 est devenue aujourd’hui le nerf de la guerre entre les ultras conservateurs et ceux qui souhaitent son abolition. Gilles Boquérat est chercheur associé à l’Institut français des relations internationales, il revient sur l’assassinat de Shabbaz Bhatti RealAudioMP3

Des propos recueillis par Thomas Chabolle








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