Les institutions européennes risquent de perdre toute crédibilité
Les institutions européennes risquent de perdre toute crédibilité. C’est la crainte
exprimée par un haut responsable de la Curie romaine après le report sine die, faute
de consensus, d’un texte de la diplomatie étrangère de l’UE sur la liberté religieuse.
Une polémique a surgi à Bruxelles autour de la mention du terme « chrétien » dans
un document officiel. Les ministres européens des Affaires étrangères qui avaient
souhaité que la déclaration cite explicitement les communautés religieuses exposées
aux risques de violences et de discriminations n’ont pas obtenu gain de cause. Or
cette déclaration avait été demandée suite aux attaques antichrétiennes dans le monde.
Le président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation a souligné devant
les journalistes qu’on ne pouvait balayer d’un revers de main les sentiments de la
population. Mgr Rino Fisichella s’en est pris en particulier au Haut Représentant
pour la politique étrangère de l’Union, Catherine Ashton. « Le contrôle du langage
– a-t-il dit - est devenu insupportable et je ne veux plus respecter un langage qui
refuse de reconnaître le fait chrétien ». Pour Mgr Fisichella, l’Europe ne peut pas
se cantonner dans attitude de neutralité mais avec Catherine Ashton le mot chrétien
risque bien de plus figurer dans une résolution européenne.
Le Parlement européen
avait clairement manifesté ces jours derniers son soutien aux chrétiens persécutés
et s’était prononcé de manière nette en faveur de la liberté religieuse, actuellement
violée dans plus de 50 pays. Les élus ont demandé aux États européens de ne pas conclure
d’accords ou de partenariats avec les pays qui ne respectent pas la liberté religieuse.
On assiste aujourd’hui à une prise de conscience de la souffrance des minorités chrétiennes
dans de nombreux pays.
Les ambassadeurs des 27 pays de l'UE s'étaient entendus
en amont d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles sur un texte
appelant la diplomate en chef européenne Catherine Ashton à élaborer des "propositions
concrètes" pour "renforcer" l'action de l'Union européenne en faveur de la liberté
de religion. Le texte condamnait "fermement" la "violence récente et les actes de
terrorisme visant des lieux de culte et de pèlerinage", mais ne mentionnait aucune
communauté spécifique, ce que certaines délégations, notamment italienne et française,
ont jugé trop vague, selon des diplomates. D'autres, les Britanniques et certains
pays nordiques, ont refusé cette mention en arguant qu'il ne fallait pas en faire
"un choc des civilisations", selon un diplomate. Les 27 ont finalement décidé de renvoyer
le texte à leurs ambassadeurs, pour qu'ils l'affinent, ont précisé d'autres diplomates.
L’embarras
et la faiblesse du Conseil des ministres de l’UE risquent de creuser encore un peu
plus le fossé entre les citoyens et les institutions.