Pourquoi des chrétiens ont-ils été tués la nuit du Nouvel An à Alexandrie ?
Ce dimanche, le ministre égyptien de l’Intérieur a accusé un groupe radical palestinien,
l’Armée de l’Islam, lié à Al-Qaïda, d’être responsable de l’attentat contre une église
copte à Alexandrie, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Le ministre
qui s’exprimait dans un discours diffusé par la télévision d’État, à l’occasion de
la journée de la police, n’a pas donné de précisions sur l’enquête et les éléments
qui ont conduit à incriminer ce groupe. A Gaza, l’Armée de l’Islam a démenti tout
rôle dans cette attaque, le groupe accusant à son tour le Mossad, service de renseignement
extérieur israélien. De son coté le président Moubarak a réaffirmé dans un discours
télévisé que l’Égypte n’accepterait aucune pression et que la protection des chrétiens
comme des musulmans était de son seul ressort. Les partisans du confessionnalisme
– a-t-il assuré – seront punis. Et à l’adresse de ceux qui ont élevé leur voix à l’étranger,
Hosni Moubarak a affirmé que l’ère des protectorats et de la tutelle étrangère était
révolue. Des discours qui interviennent alors qu’une manifestation de l’opposition
est prévue mardi. Les opposants politiques accusent les autorités égyptiennes de tenter
par tous les moyens de calmer la population et d'affaiblir la contestation.
Le
président Moubarak avait déjà assuré que des mains étrangères étaient derrière cet
attentat qui, selon les autorités égyptiennes, visait à frapper l’unité égyptienne
et à affaiblir le tissu national ; un attentat, condamné à travers le monde, qui a
relancé les inquiétudes de la minorité copte qui se dit victime de discriminations
et a provoqué une crise entre l’Égypte et le Saint-Siège. L'Egypte a rappelé pour
consultations son ambassadeur près le Saint-Siège à la suite de propos du pape Benoît
XVI sur la protection des chrétiens d'Orient. La grande institution sunnite d'Al-Azhar,
qui siège au Caire, a de son côté suspendu son dialogue avec le Conseil pontifical
pour le dialogue interreligieux et accusé le Pape d’attaquer l’Islam. Le Vatican
maintient l'option du dialogue et de la prudence pour conjurer tout dérapage Écoutez
l'éclairage de Romilda Ferrauto, réalisé quelques heures après l'annonce du gel des
rapports par Al-Azhar
Le Caire a
qualifié d'ingérence inacceptable les prises de position étrangères en faveur d'un
renforcement de la sécurité des chrétiens d'Orient et maintient que la constitution
égyptienne est extrêmement claire sur le droit à croire, à pratiquer sa foi et sa
croyance et sur la responsabilité de l'Etat à protéger ses citoyens. Un point de
vue que conteste Gress Sobhy, qui dirige « Visages et cultures coptes ». Olivier Tosseri
l'avait interrogé début janvier à propos des menaces qui pesaient sur les Coptes également
en Europe Écoutez