Le problème de la démocratie n’est pas un problème spécifiquement africain. Depuis
les années 60 jusqu’aujourd’hui, la philosophie politique a toujours suscité des
débats dans le but de faire la part de choses entre la démocratie et la participation
des personnes au débat politique. La démocratie est un idéal et, a toujours été considérée
comme le système social le moins mauvais.
Une élection qui aboutit à la victoire
d'un candidat, avec, 51% de l'ensemble des voix des électeurs, par exemple, conduit,
selon certains observateurs, à un système dictatorial, mais sous un déguisement démocratique
car, 49% des électeurs sont gouvernés par un système qu'ils n'ont pas choisi, et
qui, au contraire, leur a été imposé.
Une élection peut aussi aboutir à la
victoire d'un parti ne représentant que la minorité, des voix, si l'on additionnait
les voix obtenues par les partis battus. Ce qui conduit souvent à la formation des
coalitions entre partis ayant parfois des programmes de société incompatibles et engendre
des difficultés parfois insurmontables, de gouverner.
Et, face à ces problématiques
auxquelles sont confrontées les anciennes démocraties occidentales basées sur la représentativité,
la démocratie en Afrique devient un défi difficile à relever, un concept ambigu constamment
confronté au choix entre la norme universaliste et les particularismes du continent.
Bien que plusieurs pays du continent aient choisi dès les débuts des années
1990,de passer à la démocratie représentative et au pluralisme politique, la vie politique
africaine est encore marquée par les coups d'Etat, renversements d'alliances, mouvements
sociaux et processus électoraux chaotiques.
Le passage rapide de systèmes
totalitaires des années 70 – 80, au multipartisme et à la recherche de l’alternance,
en concomitance avec la fin de la guerre froide et des blocs en occident n’a pas laissé
beaucoup de temps aux politologues africains pour étudier un système politique adapté
au continent. Ils ont préféré calquer le système représentatif occidental qui commençait
déjà à donner des signes de crise. Ils ont ignoré leur héritage culturel, les processus
de prise de décision traditionnels d’Afrique.
Souvent, la démocratie africaine
traditionnelle précoloniale est accusée d’avoir permis aux rois, aux reines et aux
chefs d’agir de façon autocratique et d’imposer des décisions impopulaires à leurs
communautés, il n’en est pas moins dans les démocraties représentatives où, comme
nous l’avons dit plus haut, « cinquante pour cent plus un » fournit une majorité suffisante
pour appliquer une décision.
L'Afrique doit donc trouver une autre voie et,
pour y parvenir, elle doit inventer sa propre démocratie non pas dans l'individualisme
et le libéralisme, mais plutôt dans le communalisme, le sens de la solidarité, du
partage, de la retenue, en un mot dans l'humanisme.
Car, depuis que le vent
de la démocratisation a commencé à souffler sur le Continent africain, la confusion
institutionnelle s'en est trouvée plus grande, les guerres civiles plus nombreuses
et plus meurtrières, les querelles intestines plus exacerbées, la pauvreté et la misère
plus généralisées, les dictatures plus atroces, même si elles se sont savamment camouflées
du manteau de la légitimité conférée par des élections en réalité toujours entachées
d’irrégularités.
L'exercice du pouvoir en Afrique doit reposer essentiellement
sur le sens du partage. Tant que le législateur africain n'aura pas tenu compte de
« l’arbre à palabres », lieu traditionnel de rassemblement, à l'ombre duquel on s'exprime
sur la vie en société, les problèmes du village, la politique afin de prendre des
décisions concertées, il y aura toujours des coups d'Etat et des coups de force,
des arrestations postélectorales, des contestations de résultats électoraux, des assassinats
politiques, des amendements et des révisions constitutionnels, ... en un mot, l'instabilité
politique qui freine tout effort de développement...
Toutefois, africaniser
la démocratie ne veut pas dire doter l'Afrique d'une démocratie au rabais, c'est
tout simplement forger une démocratie respectueuse des principes fondamentaux en droits
de l'Homme, mais aussi de réalités africaines positives comme le sens du partage
et la solidarité, entre autres.