Atteintes à la liberté religieuse : le Pape n'épargne pas l'Occident
Dans son discours traditionnel au corps diplomatique, ce lundi, un discours centré
sur les atteintes à la liberté religieuse dans le monde, Benoît XVI a également épinglé
l’Occident où on se trouve face à d’autres types de menaces contre le plein exercice
de la liberté religieuse. Le Pape a évoqué les pays dans lesquels on accorde une grande
importance au pluralisme et à la tolérance, mais où la religion subit une croissante
marginalisation. On tend à considérer la religion, toute religion, comme un facteur
sans importance, étranger à la société moderne ou même déstabilisant et l’on cherche
par divers moyens à en empêcher toute influence dans la vie sociale. On en arrive
ainsi à exiger que les chrétiens agissent dans l’exercice de leur profession sans
référence à leurs convictions religieuses et morales, et même en contradiction avec
celles-ci, comme, par exemple, là où sont en vigueur des lois qui limitent le droit
à l’objection de conscience des professionnels de la santé ou de certains praticiens
du droit. Dans ce contexte, Benoît XVI s'est réjoui de l’adoption par le Conseil de
l’Europe, au mois d’octobre dernier, d’une Résolution qui protège le droit du personnel
médical à l’objection de conscience face à certains actes qui lèsent gravement le
droit à la vie, comme l’avortement.
Une autre manifestation de la marginalisation
de la religion, et, en particulier, du christianisme, consiste dans le bannissement
de la vie publique des fêtes et des symboles religieux, au nom du respect à l’égard
de ceux qui appartiennent à d’autres religions ou de ceux qui ne croient pas. En agissant
ainsi, non seulement on limite le droit des croyants à l’expression publique de leur
foi, mais on se coupe aussi des racines culturelles qui alimentent l’identité profonde
et la cohésion sociale de nombreuses nations. L’année dernière, certains pays européens
se sont associés au recours du Gouvernement italien dans la cause bien connue concernant
l’exposition du crucifix dans les lieux publics. Le Pape a exprimé sa gratitude aux
Autorités de ces nations, ainsi qu’à tous ceux qui se sont engagés dans ce sens, Episcopats,
Organisations et associations civiles ou religieuses, en particulier le Patriarcat
de Moscou et les autres représentants de la hiérarchie orthodoxe, ainsi qu’à toutes
les personnes - croyants mais aussi non-croyants - qui ont tenu à manifester leur
attachement à ce symbole porteur de valeurs universelles.
Benoît XVI a par
ailleurs critiqué les projets de loi qui risquent de créer une sorte de monopole étatique
en matière scolaire, comme on le constate par exemple dans certains pays d’Amérique
Latine. Alors que plusieurs d’entre eux célèbrent le deuxième centenaire de leur indépendance,
occasion propice pour se souvenir de la contribution de l’Eglise catholique à la formation
de l’identité nationale, le Pape a exhorté tous les Gouvernements à promouvoir des
systèmes éducatifs qui respectent le droit primordial des familles à décider de l’éducation
des enfants et qui s’inspirent du principe de subsidiarité, fondamental pour organiser
une société juste.