Venezuela : l'Église ne renoncera pas à faire entendre sa voix
Participer à la vie politique du pays est un droit pour tous, et l’Église vénézuélienne
ne compte pas se laisser intimider. La Conférence épiscopale vénézuélienne a annoncé
son intention de continuer à exprimer son point de vue. Les évêques ont le droit de
prononcer des jugements moraux sur les questions concernant l’ordre politique et les
droits fondamentaux de l’homme. Il y a quelques mois, le cardinal Jorge Urosa
s’était attiré les foudres du gouvernement d’Hugo Chavez qu’il avait accusé d’acheminer
le pays vers une dictature marxiste. Le président avait répondu en le traitant de
troglodyte et en demandant la révision du Concordat. En inaugurant l’assemblée ordinaire
de l’épiscopat, Mgr Ubaldo Santana, Président de la Conférence, a estimé que les évêques
et le clergé avaient le devoir de contribuer au réveil moral des forces nécessaires
à la construction d’une société juste et fraternelle et de prononcer un jugement moral
sur l’ordre politique lorsque le demandent les droits humains fondamentaux de la personne
ou le salut des âmes. Le discours du Président de la Conférence épiscopale évoque
plusieurs questions sensibles : l’intolérance religieuse, les élections et les nouvelles
lois, les grands défis pour la pastorale, la fracture au sein de la société et le
service prophétique des plus faibles. Tout en appelant au calme, Mgr Santana a dénoncé
sans détours une radicalisation du projet politique du président Chavez : le contrôle
de l’État sur l’économie a été renforcé, des pouvoirs exceptionnels ont été attribués
au président pour lui permettre de gouverner par décret. La nouvelle chambre issue
des récentes élections devra, selon lui, s’efforcer de créer des consensus.