2010-12-25 19:07:29

Noël dans le monde : entre peur, violence et soulagement


Beaucoup de chrétiens ont choisi cette année de célébrer la Nativité discrètement, par peur des attentats, des intimidations et des agressions. Dans plusieurs pays, des liturgies ont été supprimées.
C'est le Nigéria qui détient, ce 25 décembre 2010, la triste palme de la violence. De nombreuses personnes ont été tuées le soir de Noël. Dans le nord majoritairement musulman, des hommes armés suspectés d'appartenir à la secte Boko Haram, qui se réclame des talibans d’Afghanistan, ont mené trois attaques contre des églises. Plus de 50 personnes, ont été tués au cours des cinq derniers mois dans des agressions attribués à cette secte qui affirme vouloir instaurer un Etat islamiste "pur" et dont le nom signifie l'éducation occidentale est un péché. De nombreuses personnes ont par ailleurs perdu la vie dans une série sans précédent d'attentats à la bombe à Jos, théâtre, dans un passé récent, de violents affrontement entre chrétiens et musulmans. Les autorités peinent à contenir les violences.
Aux Philippines, dans le sud du pays en proie à une rébellion musulmane, six personnes ont été blessées par l'explosion d'une bombe dans une église où était célébrée la messe de Noël sur l'île de Jolo.
Au Pakistan, plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi dans les plus grandes villes du pays pour le maintien de la loi controversée sur le blasphème, aux cris de « Jihad ». A Karachi, plus de 2000 personnes ont demandé au gouvernement de punir Asia Bibi, une chrétienne condamnée à la pendaison. Plusieurs organisations et responsables ont récemment prévenu que toute grâce présidentielle accordée à Asia Bibi provoquerait l’anarchie dans le pays.
En revanche en Irak, les chrétiens poussent un soupir de soulagement. Aucun incident n’a endeuillé les festivités de Noël. Les fidèles ont défié les terroristes en se rendant dans les églises, y compris à Bagdad, même si beaucoup ont préféré passer les fêtes au Kurdistan, havre de paix relative pour la communauté chrétienne. Malgré les mesures de sécurité, plusieurs églises ont préféré supprimer les messes de minuit.
A Bethléem, où le Christ est né, le patriarche latin de Jérusalem a lancé un appel pour que le son des cloches couvre le bruit des armes au Moyen-Orient. Au cours de la messe de la nuit de Noël, Mgr Fouad Twal a fait particulièrement allusion au sort des chrétiens d'Irak. Dans un monde déchiré par la violence et l'intégrisme, qui légitime les pires actions, jusqu'aux assassinats dans les églises, a-t-il lancé dans son homélie, l'Enfant de Bethléem vient nous rappeler que le premier commandement est l'Amour. Le Patriarche a par ailleurs souhaité que Jérusalem devienne non seulement la capitale de deux nations, mais aussi un modèle pour le monde entier de bonne entente et de coexistence entre les trois religions monothéistes.
C’est à la cathédrale du Sacré cœur d’Alger que se sont retrouvés, la nuit de Noël, les quatre dernières moniales de Tibhirine, autour de l’archevêque, Mgr Ghaleb Bader qui a dénoncé les actes de violences commis au nom de Dieu. La célébration a été marquée par une grande ferveur mais il n’y a pas eu de messe de minuit, la dernière s’achevant vers 21h, une mesure de précaution adoptée depuis la terreur islamiste.
En Côte d’Ivoire, l’archevêque d’Abidjan a estimé dans son homélie de Noël que le pays donnait l’impression de courir vers le chaos. Devant quelques milliers de fidèles rassemblés dans la cathédrale Saint-Paul, Mgr Jean-Pierre Kutwa a regretté les situations de tension, de méfiance réciproque, d'accusations gratuites, de calomnies, d'insécurité, et, sous des applaudissements nourris, il a nommément invité Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara à l'apaisement.
A Cuba, le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane a célébré la messe dans la principale prison du pays, où sont incarcérés 11 opposants qui attendent toujours leur libération promise.
(avec agences AFP/Ansa/Reuters)








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