Benoît XVI lance un vibrant appel en faveur de la liberté religieuse
Depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre de Rome, Benoît XVI a délivré
son traditionnel message de Noël devant plusieurs milliers de fidèles, avant de présenter
ses vœux en 65 langues et de donner sa bénédiction Urbi et Orbi, à la ville et au
monde. Cette année l’indulgence plénière a été accordé pour la première fois également
à tous ceux qui ont suivi cet événement grâce aux nouveaux moyens de communication.
Dans son message, le Pape a tourné ses pensées plus particulièrement vers les
chrétiens qui souffrent de discrimination et de persécutions, invitant les responsables
politiques et religieux à intervenir en faveur du plein respect de la liberté religieuse
partout dans le monde. Il a spécialement demandé aux dirigeants politiques de manifester
une solidarité active avec les chères communautés chrétiennes en Irak et dans tout
le Moyen-Orient, qui connaissent douleur et épreuves. Il a exhorté les chrétiens chinois
à ne pas se décourager et à persévérer dans la foi. Sur un plan plus politique,
Benoît XVI a appelé Israéliens et Palestiniens à une cohabitation juste et pacifique. Il
a souhaité que la naissance du Sauveur puisse ouvrir des perspectives de paix durable
et de progrès authentique aux populations de Somalie, du Darfour et de la Côte d'Ivoire.
Il a également préconisé la stabilité politique et sociale de Madagascar. Et quand
il s’est exprimé en italien, il a souhaité que Jésus inspire les responsables pour
que tous leurs choix et décisions servent le bien commun. Ecoutez le compte rendu
de Marie Duhamel
Malgré des
conditions météorologiques peu clémentes, des milliers de fidèles s’étaient rassemblés
sur la place Saint-Pierre en cette fête de la Nativité pour écouter le message du
Pape et recevoir sa bénédiction. Olivier Tosseri était sur place. Reportage
Ci-dessous
le texte intégral du message de Noël du Pape Benoît XVI, retransmis par les télévisions
du monde entier
« Verbum caro factum est » - « Le Verbe s’est fait chair
» (Jn 1, 14)
Chers frères et Sœurs, qui m’écoutez à Rome et dans le monde
entier, je vous annonce avec joie le message de Noël : Dieu s’est fait homme, il est
venu habiter parmi nous. Dieu n’est pas lointain : il est proche, ou mieux, il est
l’"Emmanuel", Dieu-avec-nous. Il n’est pas un inconnu : il a un visage, celui de Jésus.
C’est
un message toujours nouveau, toujours surprenant, parce qu’il dépasse notre espérance
la plus audacieuse. Surtout parce qu’il n’est pas seulement une annonce : il est un
évènement, un fait, que des témoins crédibles ont vu, entendu, touché dans la Personne
de Jésus de Nazareth ! Étant avec Lui, observant ses actes et écoutant ses paroles,
ils ont reconnu en Jésus le Messie ; et le voyant ressuscité, après qu’il ait été
crucifié, ils ont eu la certitude que Lui, vrai homme, était en même temps vrai Dieu,
le Fils unique venu du Père, plein de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14).
«
Le Verbe s’est fait chair ». Devant cette révélation, resurgit encore une fois en
nous la question : comment est-ce possible ? Le Verbe et la chair sont des réalités
opposées entre elles ; comment la Parole éternelle et toute-puissante peut-elle devenir
un homme fragile et mortel ? Il n’y a qu’une réponse : l’Amour. Celui qui aime veut
partager avec l’aimé, veut être uni à lui, et la Sainte Écriture nous présente justement
la grande histoire de l’amour de Dieu pour son peuple, qui culmine en Jésus Christ.
En
réalité, Dieu ne change pas : Il est fidèle à Lui-même. Celui qui a créé le monde
est le même qui a appelé Abraham et qui a révélé son Nom à Moïse : Je suis celui qui
suis … le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob … Dieu miséricordieux et compatissant,
riche d’amour et de fidélité (cf. Ex 3, 14-15 ; 34, 6). Dieu ne varie pas, Il est
Amour depuis toujours et pour toujours. Il est en Lui-même Communion, Unité dans la
Trinité, et chacune de ses œuvres et de ses paroles vise à la communion. L’incarnation
est le sommet de la création. Quand dans le sein de Marie, par la volonté du Père
et l’action de l’Esprit-Saint, se forma Jésus, Fils de Dieu fait homme, la création
atteignit son sommet. Le principe ordonnateur de l’univers, le Logos, commençait d’exister
dans le monde, dans un temps et dans un espace.
« Le Verbe s’est fait chair
». La lumière de cette vérité se manifeste à celui qui l’accueille avec foi, parce
qu’elle est un mystère d’amour. Seulement tous ceux qui s’ouvrent à l’amour sont enveloppés
de la lumière de Noël. Il en fut ainsi dans la nuit de Bethléem, et il en est encore
ainsi aujourd’hui. L’incarnation du Fils de Dieu est un évènement qui s’est produit
dans l’histoire, mais qui en même temps la dépasse. Dans la nuit du monde, s’allume
une lumière nouvelle, qui se laisse voir par les yeux simples de la foi, par le cœur
doux et humble de celui qui attend le Sauveur. Si la vérité avait été seulement une
formule mathématique, en un certain sens elle s’imposerait d’elle-même. Si au contraire,
la Vérité est Amour, elle demande la foi, le " oui " de notre cœur.
Et que
cherche en effet, notre cœur, sinon une Vérité qui soit Amour ? Il la cherche, l’enfant,
avec ses questions si désarmantes et stimulantes ; il la cherche, le jeune, qui a
besoin de trouver le sens profond de sa vie ; ils la cherchent, l’homme et la femme
dans leur maturité, pour guider et soutenir leur engagement au sein de la famille
et au travail ; elle la cherche la personne âgée, pour donner un accomplissement à
son existence terrestre.
« Le Verbe s’est fait chair ». L’annonce de Noël
est aussi lumière pour les peuples, pour la marche collective de l’humanité. L’“Emmanuel”,
Dieu-avec-nous, est venu comme Roi de justice et de paix. Son Royaume – nous le savons
– n’est pas de ce monde, et pourtant il est plus important que tous les royaumes de
ce monde. Il est comme le levain de l’humanité ; s’il venait à manquer, la force qui
fait avancer le véritable développement ferait défaut : l’élan pour collaborer au
bien commun, au service désintéressé du prochain, à la lutte pacifique pour la justice.
Croire en Dieu qui a voulu partager notre histoire est un encouragement constant à
s’y engager, même au milieu de ses contradictions. C’est un motif d’espérance pour
tous ceux dont la dignité est offensée et violée, parce que Celui qui est né à Bethléem
est venu libérer l’homme de la racine de tout esclavage.
Puisse la lumière
de Noël resplendir de nouveau sur cette Terre où Jésus est né et inspirer Israéliens
et Palestiniens dans leur recherche d’une cohabitation juste et pacifique ! Que l’annonce
consolante de la venue de l’Emmanuel allège leur douleur et réconforte dans leurs
épreuves les chères communautés chrétiennes en Irak et dans tout le Moyen-Orient,
leur donnant apaisement et espérance pour l’avenir et stimulant les Responsables des
Nations à une solidarité active envers eux. Que cela se passe aussi en faveur de ceux
qui, en Haïti, souffrent encore des conséquences du tremblement de terre dévastateur
et de la récente épidémie de choléra. Que ne soient pas non plus oubliés ceux qui,
en Colombie et au Venezuela, mais aussi au Guatemala et au Costa Rica, ont subi récemment
des calamités naturelles.
Puisse la naissance du Sauveur ouvrir des perspectives
de paix durable et de progrès authentique aux populations de la Somalie, du Darfour
et de la Côte d’Ivoire ; promouvoir la stabilité politique et sociale de Madagascar
; apporter sécurité et respect des droits humains en Afghanistan et au Pakistan ;
encourager le dialogue entre le Nicaragua et le Costa Rica ; favoriser la réconciliation
dans la Péninsule Coréenne.
Puisse la célébration de la naissance du Rédempteur
renforcer l’esprit de foi, de patience et de courage chez les fidèles de l’Église
en Chine Continentale, afin qu’ils ne se découragent pas à cause des limitations de
leur liberté de religion et de conscience et, persévérant dans la fidélité au Christ
et à son Église, qu’ils maintiennent vive la flamme de l’espérance. Que l’amour du
« Dieu avec nous » donne persévérance à toutes les communautés chrétiennes qui souffrent
la discrimination et la persécution, et inspire les responsables politiques et religieux
à s’engager pour le plein respect de la liberté religieuse de tous.
Chers
frères et sœurs, « le Verbe s’est fait chair », Il est venu habiter parmi nous ; Il
est l’Emmanuel, le Dieu qui s’est fait proche de nous. Contemplons ensemble ce grand
mystère d’amour, laissons-nous illuminer le cœur par la lumière qui brille dans la
grotte de Bethléem ! Joyeux Noël à tous !