Benoît XVI à la curie romaine : "Seule la vérité sauve"
Benoît XVI, dans son traditionnel discours des vœux aux cardinaux, archevêques et
évêques de la curie romaine, ce lundi 20 décembre, a tenu un discours sans concession
sur l’Église et sur ses maux : « le visage de l’Église est couvert de poussière, son
habit est arraché ». Le Pape a en effet consacré l’essentiel de son discours aux abus
sexuels qui ont marqué la fin de l’année sacerdotale et tous ces derniers mois. Xavier
Sartre
Benoît XVI
assume et reconnaît les fautes de l’Église et de ses prêtres. Nous sommes conscients
de la particulière gravité de ce pêché commis par des prêtres et de notre responsabilité.
Le Pape a donc répété avec force le bouleversement qu’a représenté le scandale des
abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres. Un scandale dont la dimension est
inimaginable. Ces hommes, sous le manteau du sacré, blessent profondément la personne
humaine dans l’enfance et pour le restant de sa vie. Reprenant une vision qu’avait
eu en son temps sainte Hildegarde de Bingen, Benoît XVI compare l’Église à cette femme
dont le visage est couvert de poussière et dont l’habit est arraché par la faute des
prêtres. Le Pape, meurtri, n’hésite pas à parler d’humiliation, une humiliation qui
doit être prise comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement, car
seule la vérité sauve, assène Benoît XVI. Nous devons nous poser la question de
savoir que faire pour réparer l’injustice commise, nous devons chercher ce qui n’allait
pas dans notre annonce, dans notre façon de configurer l’être chrétien. Et le Pape
poursuit : nous devons trouver une nouvelle résolution dans la foi et le bien… nous
devons être capables de pénitence et tout tenter dans la préparation au sacerdoce
pour qu’une telle chose ne puisse plus advenir. Benoît XVI, dans ce malheur, n’oublie
pas de remercier tous ceux qui s’engagent pour aider les victimes et pour leur redonner
la confiance dans l’Église, et la capacité de croire en son message. Mais le Pape
rappelle que ces scandales ont eu lieu dans un contexte bien précis, un contexte dans
lequel le consensus moral se dissout, un consensus sans lequel les structures juridiques
et politiques ne fonctionnent pas. Un contexte marqué aussi par la pédopornographie.
Dans nos sociétés devenues de vastes Babylone, chaque plaisir devient insuffisant
et l’excès dans l’ivresse devient une violence qui déchire des régions entières, le
tout au nom d’une fatale méprise sur le sens de la liberté, une liberté finalement
menacée. C’est pourquoi en ce temps d’Avent plein d’espoir, Benoît XVI nous appelle
tous à prier le Seigneur pour que nous réveillions notre foi.
Et dans la seconde
partie de son discours le Pape est revenu sur le Synode pour le Moyen Orient, qui
s’est tenu en octobre dernier au Vatican rappelant que dans la région les chrétiens
étaient la minorité la plus oppressé et tourmentée. Benoît XVI a ainsi souhaité que
les paroles du synode soient un cri fort adressé à toutes les personnes ayant des
responsabilités politiques ou religieuses afin qu’elles mettent un terme à la christianophobie",
et qu’ils se mobilisent pour revitaliser l’esprit de réconciliation. Le Pape s’est
également attardé sur son voyage en Grande Bretagne et sur le sens de la béatification
du cardinal John Henry Newman développant une longue réflexion sur le chemin de conversion
de ce prêtre anglican converti au catholicisme à l’âge de 44 ans.
A noter également
qu' à l’occasion des fêtes de Noël, les cardinaux du monde entier ont collecté 200.000
euros de dons pour les pauvres et les malades d’Haïti et d’Irak. Le doyen du collège
cardinalice, le cardinal Angelo Sodano, l’a annoncé devant Benoît XVI lors de la cérémonie
des vœux à la curie romaine, dans la matinée de ce lundi. "A l’occasion de Noël,
les cardinaux ont souhaité apporter aux pauvres d’Haïti et d’Irak une contribution
généreuse", a ainsi annoncé le cardinal Angelo Sodano à Benoît XVI, affirmant que
le Sacré collège entendait suivre son exemple de grande solidarité envers ceux qui
souffrent. Un peu plus tard, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a
précisé aux journalistes que la somme récoltée au sein du collège des cardinaux s’élevait
à 200.000 euros. Le Père Federico Lombardi a expliqué que cette initiative, lancée
lors du consistoire du 19 novembre dernier au Vatican, permettrait donc d’envoyer
cette somme aux pauvres et aux malades d’Haïti et d’Irak. Cet argent sera envoyé aux
évêques des deux pays par l’intermédiaire des nonces apostoliques sur place. (Sources
: Apic, imedia)