Quand l'État chinois interfère dans les affaires de l'Église
Un communiqué publié ce mercredi par la salle de presse du Saint-Siège condamne avec
la plus grande fermeté l’ordination épiscopale de samedi dernier en Chine du révérend
Guo Jincai. Écoutez le compte-rendu d'Hélène Destombes
Le Vatican avait
pourtant averti “plusieurs fois“ les Autorités chinoises de son opposition à l’ordination
du Père Guo Jincai. Comment expliquer cette ordination qui n’était pas voulue par
le Saint-Siège ? Éclairage de Régis Anouilh, rédacteur en chef d'Églises d'Asie. Il
est interrogé par Marie Duhamel
Le communiqué
dans son intégralité :
1. Le Saint Père a appris la nouvelle avec un profond
regret puisque cette ordination épiscopale a été conférée sans mandat apostolique,
ce qui par conséquent représente une douloureuse blessure à la communion ecclésiale
et une grave violation de la discipline catholique (cf. lettre de Benoît XVI à l’Église
de Chine, 2007, n.9) 2. Le Saint-Siège rappelle que ces derniers jours plusieurs
évêques ont subi, de la part des Autorités chinoises, des pressions et des restrictions
quant à leur propre liberté de mouvement dans le but de les forcer à participer à
cette ordination épiscopale. De telles contraintes exercées par les Autorités gouvernementales
et de sécurité chinoises constituent une grave violation de liberté de religion et
de conscience. Le Saint-Siège se réserve donc le droit d’évaluer de manière approfondie
ce qui vient de se produire, et notamment en ce qui concerne l’aspect de la validité
et la position canonique des évêques concernés. 3. Dans tous les cas, ce qui frappe
de nouveau douloureusement, au sujet du Rev.do Guo Jincai, c’est qu'en vertu d’une
telle ordination épiscopale il se trouve dans une très grave condition canonique en
ce qui concerne l’Église de Chine et l’Église universelle, s’exposant également aux
très lourdes sanctions prévues en particulier par le canon 1382 du Code de droit canonique. 4. Cette
ordination non seulement n’œuvre pas pour le bien des catholiques de Chengde, mais
elle les met également dans une situation délicate et difficile, et elle les humilie,
dans la mesure où les autorités chinoises veulent leur imposer un pasteur qui n’est
ni en pleine communion avec le Pape ni en pleine communion avec les évêques du monde
entier. 5. Plusieurs fois cette année, le Saint-Siège a fait part avec clarté
aux Autorités chinoises de sa propre opposition à l’ordination du Rev.do Guo Jincai.
Malgré cela, les dites Autorités ont décidé de procéder de manière unilatérale, bafouant
l’atmosphère de respect et de dialogue que s’efforce de créer péniblement le Saint-Siège
et l’Église catholique à travers les récentes ordinations épiscopales. Une telle prétention
de vouloir se mettre au dessus des évêques et de vouloir guider la vie de la communauté
ecclésiale ne correspond pas à la doctrine catholique, elle offense le Saint Père,
l’Église de Chine et l’Église universelle, et accentue les difficultés pastorales
existantes. 6. Le Pape Benoît XVI, dans la lettre de 2007 mentionnée plus haut,
a exprimé la disponibilité du Saint-Siège à un dialogue respectueux et constructif
avec les Autorités de la République Populaire de Chine afin de surmonter les difficultés
et de normaliser les rapports (n.4). Tout en réaffirmant une telle disponibilité,
le Saint-Siège constate avec regret que les Autorités laissent à la direction de l’Association
Patriotique Chinoise, sous l’influence de Monsieur Liu Bainian, la possibilité d’assumer
les attitudes qui nuisent gravement à l’Église catholique et constituent un obstacle
au dit dialogue. 7. Les catholiques du monde entier suivent avec une attention
particulière le difficile chemin de l’Église de Chine : la solidarité spirituelle
avec laquelle ils accompagnent les vicissitudes des frères et sœurs chinois, devient
une fervente prière au Seigneur de l’histoire, afin que leur étant proche, il augmente
leur espérance et leur force, et leur donne consolation dans les moments d’épreuves.