Depuis son arrivée sur le sol hispanique, Benoît XVI a donné trois discours : à l'aéroport,
où il a insisté sur l'importance des racines chrétiennes de l'Europe, dans la cathédrale
de Saint Jacques, où il a affirmé que l'Église est au service de la vérité et de la
liberté, et l'homélie de la célébration eucharistique, où il est revenu sur la place
de la religion dans les sociétés modernes européennes.
Xavier Sarte nous présente
une synthèse de ces discours.
***
D’emblée
Benoît XVI a planté le décor : c’est à tous les Européens qu’il s’adresse, et il
leur rappelle une évidence : l’Espagne pays hôte et l’Europe, ont acquis une physionomie
spirituelle marquée de façon indélébile par l’Évangile. Mais ce sont tous les chrétiens
qui par leur témoignage clair et courageux doivent rappeler cette évidence ; ils doivent
le faire en renonçant notamment à un mode de pensée égoïste, à court terme. Ils doivent
le faire également en combattant l’idée, répandue au 19e siècle, selon laquelle Dieu
est le rival de l’Homme et l’ennemi de sa liberté. Au contraire, répète Benoît XVI,
Dieu est à l’origine de notre être et il est le fondement et le sommet de notre liberté
et non son adversaire.
Le Pape s’interroge ensuite : comment est-il possible
que soit devenu public le silence sur la réalité première et essentielle de la vie
humaine ? comment se peut-il que ce qui est le plus déterminant en elle soit enfermé
dans la sphère privée ou relégué dans la pénombre ? Il est donc temps, selon Benoît
XVI, que Dieu recommence à résonner joyeusement sous le ciel de l’Europe. La croix
doit être l’étoile qui nous guide dans la nuit du temps. La croix, en somme, doit
protéger l’homme contre des menaces envers sa dignité. Ce qui a permis au Pape de
préciser certaines de ces menaces : la privation de ses valeurs et de ses richesses
originaires, par la marginalisation ou la mort infligée aux plus faibles et aux plus
pauvres
C’est pourquoi, comme Jean-Paul II ici même à Compostelle, Benoît
XVI exhorte l’Espagne et l’Europe à construire leur présent et à projeter leur avenir
à partir de la vérité authentique de l’Homme, de la liberté qui respecte cette vérité
et ne la blesse jamais, et de la justice pour tous. Voilà, conclut Benoît XVI, ce
que l’Église désire apporter à l’Europe : avoir soin de Dieu et avoir soin de l’homme.