Intervention du Card. Stanisław RYŁKO, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs
(CITE DU VATICAN)
Le plus grand défi que l’Église doit affronter aujourd’hui est la formation d’un laïcat
mûr dans la foi, conscient de sa vocation propre et de sa mission dans l’Église et
dans le monde. Il est nécessaire de former des identités chrétiennes fortes et convaincues,
de réveiller l’audace d’une présence visible et incisive des fidèles laïcs dans la
vie publique, une présence qui oeuvre selon les principes de la doctrine sociale de
l’Église. Dans le cadre de la formation du laïcat, s’ouvre un vaste espace d’action
pour les diocèses et les paroisses, mais également pour les écoles et les universités
catholiques, appelées à rechercher les voies et les méthodes éducatives en mesure
de répondre toujours plus aux besoins des fidèles, en suivant les enseignements de
la Christifideles laici, magna charta du laïcat catholique. Dans un monde marqué par
une sécularisation envahissante, la foi ne peut plus être donnée pour acquise même
parmi les baptisés. Il faut donc partir des fondements, c’est-à-dire promouvoir avec
urgence des itinéraires concrets en vue d’une véritable initiation chrétienne post-baptismale,
en considérant que - ainsi que l’écrit le Pape - “à l’origine du fait d’être chrétien,
il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement,
avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation
décisive” (Deus caritas est n° 1). À notre époque, l’un des grands signes d’espérance
pour l’Église est la “nouvelle saison d’association des fidèles laïcs” (Christifideles
laici n° 29) qui, après le Concile Vatican II, voit la naissance de tant de mouvements
ecclésiaux et de nouvelles communautés. Un vrai don de l’Esprit Saint! Ces nouveaux
charismes donnent lieu à des itinéraires pédagogiques d’une efficacité extraordinaire
pour la formation humaine et chrétienne des jeunes et des adultes et créent en eux
un élan missionnaire stupéfiant, élan dont l’Église a aujourd’hui particulièrement
besoin. Ces nouvelles communautés ne constituent pas, naturellement, une alternative
à la paroisse, mais sont plutôt un soutien précieux et indispensable à sa mission.
Dans un esprit de communion ecclésiale, elles aident et stimulent les communautés
chrétiennes à passer d’une logique de simple conservation à une logique missionnaire.
Le Pape Benoît XVI, en continuité avec le Vénérable Jean-Paul II, ne se lasse pas
de solliciter une ouverture toujours plus grande des Pasteurs envers ces nouvelles
réalités ecclésiales. En 2006, le Pape, s’adressant aux Évêques en visite ad limina,
a affirmé: “je vous demande d’aller au devant des Mouvements avec beaucoup d'amour.
Ils doivent parfois être corrigés, insérés dans l'ensemble de la paroisse ou du diocèse.
Mais nous devons respecter le caractère spécifique de leurs charismes et être heureux
que naissent des formes communautaires de foi dans lesquelles la Parole de Dieu devienne
vie” (L’Osservatore Romano, 19 novembre 2006). Il est donc véritablement souhaitable
que les Églises du Moyen-Orient s’ouvrent avec une confiance croissante à ces nouvelles
réalités agrégatives. Nous ne devons pas avoir peur de cette nouveauté en matière
de méthode et de style de l’annonce qu’elles portent: il s’agit d’une “provocation”
salutaire qui aide à sortir de la routine pastorale qui est toujours à l’affût et
risque de compromettre notre mission (cf. Document de travail n° 61). L’avenir de
l’Église dans cette région du monde dépend justement de notre capacité à être docilement
à l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église aujourd’hui, y compris à travers ces
nouvelles réalités agrégatives.