Intervention du Card. Angelo SODANO, Doyen du Collège des Cardinaux (CITE DU VATICAN)
Une première exigence Posant maintenant le regard sur l’actuelle Assemblée, je
voudrais tout de suite dire que je suis tout à fait d’accord avec ce qui est écrit
dans notre Document de travail, c’est-à-dire que la communion ecclésiale est la première
exigence que les chrétiens doivent sentir dans l’actuelle réalité complexe du Moyen-Orient.
De plus, cette unité est aussi le premier témoignage que les Pasteurs et les fidèles
peuvent fournir à la société où ils vivent, qu’ils se trouvent à Chypre ou au Koweit,
en Turquie ou en Égypte, dans une société où la présence chrétienne est très faible,
comme dans certains Pays de la Péninsule Arabique, ou au contraire très importante
comme au Liban. Les dures épreuves du moment peuvent même devenir un stimulant
pour une plus grande cohésion entre les diverses communautés chrétiennes, surmontant
également le confessionnalisme en ce qu’il a d’étroit et de limité. Les chrétiens,
en effet, sont avant tout des membres du même Corps Mystique du Christ. Avant les
différences de langue, de nation, d’appartenance à des rites divers, il y a, en effet,
l’appartenance à l’unique Église du Christ et donc le devoir d’une étroite collaboration
et d’un style de vie charitable et fraternel. Devant la diffusion du Christianisme
au Moyen-Orient, l’auteur anonyme de la lettre à Diogénète décrivait déjà l’identité
des chrétiens comme étant “ceux qui ne se différenciaient pas des autres hommes ni
par le territoire ni par la langue ou les vêtements... qui ne parlaient pas un langage
inusité... montraient le caractère admirable et extraordinaire de leur système de
vie” (Lettre à Diogénète, n° 5). Je rappelle que sur l’argument de l’unité des
chrétiens et de leur ouverture solidaire envers les autres, le regretté Pape Jean-Paul
II y avait beaucoup insisté au cours du Synode pour le Liban, en 1995. Ensuite, il
y consacra différentes directives importantes dans l’Exhortation Apostolique post-synodale
de 1997, en nous rappelant que toutes les diverses communautés chrétiennes forment
une unique et même Église catholique unie autour du Successeur de Pierre et vouée
au service de l’humanité (Exhortation post-synodale “Une espérance nouvelle” n. 8). L’unité
ecclésiale Parfois les discussions dans nos communautés naissent aussi des divers
comportements pastoraux, entre celui qui préfère privilégier la garde de l’héritage
du passé et celui qui rappelle davantage à la nécessité du renouvellement. Toutefois
nous savons, qu’à la fin, il faudra toujours tenir compte du critère qui nous a été
donné par Jésus, le critère du “nova et vetera” (Mt 13,52), c’est-à-dire du neuf et
du vieux à extraire du trésor de l’Église. Notre aimé Saint-Père Benoit XVI le
rappelait d’ailleurs récemment, en parlant à un groupe d’Évêques nouvellement nommés,
leur disant: “Le concept de garder ne veut pas seulement dire conserver ce qui a été
établi - bien que cet élément ne doit jamais venir à manquer - mais requiert aussi,
dans son essence, l’aspect dynamique, c’est-à-dire une tendance concrète au perfectionnement,
en pleine harmonie et continuelle adéquation aux exigences nouvelles liées au développement
et au progrès de cet organisme vivant qu’est la communauté” (L’Osservatore Romano,
13-14 septembre 2010). Bien évidemment, l’unité entre les Pasteurs et les fidèles
au Moyen-Orient comporte ensuite une étroite unité avec l’Église de Rome, là où la
Providence a conduit l’Apôtre Pierre à établir son siège. À cet égard, qui a oublié
ce qu’écrivait à l’Église de Rome le grand Évêque d’Antioche, Saint Ignace? Il
s’agit d’une union affective qui doit, ensuite, conduire à une union effective avec
le Saint-Siège, à travers les nombreux canaux qui existent aujourd’hui. À ce propos,
je voudrais aussi rappeler l’opportunité d’une union étroite avec les Représentants
Pontificaux existants dans les Pays du Moyen-Orient. Ils sont au nombre de huit, les
méritants Envoyés du Pape, qui à Jérusalem et à Beyrouth, à Damas et à Ankara, à Bagdad
et à Téhéran, au Caire et à Safat au Koweit, entendent collaborer avec les Pasteurs
locaux en ce moment difficile de leur mission. Notre espérance En conclusion,
nous devrions travailler tous ensemble pour préparer une aube nouvelle pour le Moyen-Orient,
en se servant des talents que Dieu nous a donnés. Il est, bien sûr, urgent de favoriser
la solution du tragique conflit israélo-palestinien. Il est, bien sûr, urgent d’oeuvrer
pour que prennent fin les courants agressifs de l’Islam. Nous devrions, bien sûr,
toujours demander le respect de la liberté religieuse de tous les croyants. C’est
une mission difficile celle que vous, vénérés Pasteurs de l’Église au Moyen-Orient,
devez accomplir dans un moment historique aussi dramatique. Sachez, cependant, que
vous n’êtes pas seuls dans votre sollicitude quotidienne pour préparer un avenir meilleur
à vos communautés. Il est vrai que, parfois, devant les épreuves du moment actuel,
certains peuvent avoir aussi spontanément envie de répéter avec le Psalmiste: “Exsurge,
Domine! Salvos nos fac, Domine!” (Ps 3,8). “Dresse-toi, Yahvé! Sauve-moi, mon Dieu!”. Cependant,
la foi nous dit tout de suite que le Seigneur est déjà bien vigilant à nos côtés et
que la promesse que le Christ fit un jour aux Apôtres est toujours actuelle: “Je suis
avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28,20). Chers Confrères, cette
certitude nous soutient dans le moment difficile dans lequel nous vivons!