Intervention de Mgr Vartan Waldir BOGHOSSIAN, Exarque apostolique pour les fidèles
de rite arménien résidant en Amérique latine et au Mexique
La grande mobilité humaine avec ses nombreuses causes, a déplacé d’importantes quantités
de fidèles hors du territoire patriarcal. Les nombreuses communautés de la Diaspora
n’ont pas toujours été accompagnées d’un point de vue pastoral. Encore aujourd’hui,
cette préoccupation “ad gentes” est nécessaire; il existe aujourd’hui des Églises
dont la plus grande partie des fidèles se trouve dans la Diaspora. Les difficultés
ne manquent pas pour concrétiser cette attention; elles proviennent, en particulier
par le passé, de la difficulté de la part de l’Église (“sui iuris”) latine d’accepter
sur son territoire la pleine juridiction d’un Ordinaire oriental. Je me réfère
au concept de territoire établi comme limite pour les activités des Églises orientales
catholiques et présent dans l’ensemble du Code des Canons des Église orientales. Il
est difficile de comprendre pourquoi les activités des Patriarches, des Évêques et
des Synodes des Églises orientales sont limitées à leur territoire. Parmi les vingt-trois
Églises de droit propre qui forment aujourd’hui l’Église catholique, seule une, l’Église
latine, ne connaît pas cette limitation. Difficilement, les vingt-deux Églises orientales
réussissent à conserver leur identité et leur croissance, spécialement en Occident,
même si le Concile Vatican II a exprimé le désir que les Églises orientales “fleurissent
et qu’elles assument la mission qui leur est confiée avec une nouvelle vigueur apostolique”.
Le Code des Canons des Églises orientales affirme que les Patriarches sont Pères et
Chefs de leur Église (canon 55). Cette paternité et cette juridiction ne devraient
pas être limitées à un territoire. Les limiter à ses fidèles est plus que logique!
Mais les limiter à un territoire ne l’est pas, même si sur celui-ci il n’y a plus
de membres de son Église! D’un point de vue oecuménique également, la pleine juridiction
sur ses propres fidèles sur tous les continents serait, pour les Frères séparés, une
anticipation concrète d’une situation de pleine communion. Enfin, les Patriarches
des Églises orientales catholiques, de par leur identité de Pères et de Chefs d’Églises
“sui iuris”qui composent la catholicité de l’Église catholique, devraient être membres
ipso facto du Collège qui élit le Souverain Pontife, sans pour autant devoir recevoir
le titre latin de Cardinal. Pour la même raison, ils devraient également avoir la
priorité sur eux.