2010-10-08 14:00:41

Évangile du 28e dimanche du temps ordinaire


Le Père Jean-Côme About commente l'Évangile selon saint Luc (17, 11-19) de ce 28e dimanche du temps ordinaire. RealAudioMP3

« Jésus, maître, prends pitié de nous ». Cet appel nous introduit au vingt-huitième dimanche du temps ordinaire et semble être le cri de l’humanité qui se tourne vers Dieu. Jésus poursuit son chemin vers Jérusalem, en Luc, et entrant dans un village, dix lépreux s’approchent, s’arrêtent à distance et lui adressent ce cri du cœur.
Notre première réaction serait de considérer leur attitude comme naturelle : ils sont malades ; on leur a parlé des guérisons que Jésus effectuaient et ils tentent leur chance. Mais leur interpellation n’envisage pas, en premier lieu, une guérison mais un signe où le cœur de la personne est mobilisé pour leur venir en aide, ou du moins, qu’ils trouvent et retrouvent une dignité aux yeux de quelqu’un.
Jésus ne donne rien mais demande qu’ils aillent se montrer aux prêtres. Car pour qu’une guérison soit authentifiée il faut que le témoin du temple la reconnaisse pour l’attribuer à Dieu. Jésus ne déroge pas à cette démarche mais sans que rien ne se soit passé, il les envoie au prêtre. Il inverse l’ordre des choses : le témoignage et la confiance sont requis avant le signe.
Il anticipe leur guérison comme si son cœur leur avait déjà répondu. Et nous voyons toute l’œuvre de Dieu qui se déploie, là où on ne l’attendait pas ou plus.
Les lépreux repartent certainement déçus car rien ne leur est advenu. Et voilà qu’en chemin, ils sont tous purifiés, sans exception. Là où notre temps nous trompe en amplifiant l’attente de l’action de Dieu, son éternité nous devance et effectue son œuvre dans le silence.
Qui n’est pas à l’affût de Dieu ne verra que sa propre guérison et pensera au miracle et non à l’auteur, à la source. Il cheminera comme les neufs lépreux, avides de leur guérison qui restera extérieure.
Qui ouvrira le sens de son cœur et de son âme percevra la délicate attention de Dieu et ne pourra réprimer sa joie : il chantera la louange de Dieu, en bénira l’auteur et n’aura de cesse de s’abreuver à la source.
Tel est le dixième lépreux dont l’attitude ne laisse aucune équivoque dans sa reconnaissance et qui ne tient plus compte de son identité d’étranger, de samaritain, pour douter de l’intercession d’un juif. Il a laissé Dieu le toucher à distance dans le Christ et là se trouve désormais sa vie. Sa guérison, il la reconnait autant extérieurement qu’intérieurement et c’est pourquoi Jésus lui dit « Relève-toi et va ; ta foi t’a sauvé. » Littéralement en grec : anastas, qui donnera le mot anastasis, résurrection. Jésus ainsi l’invite à se relever, à se lever de la mort où il était, et le « va » lui enjoint d’être désormais dans la vie, sa vie de sauveur en route vers Jérusalem.
D’une simple supplique nait la vie éternelle. D’une demande de pitié surgit la vie de Dieu. Ne restons pas aveugles ou lépreux ; osons sincèrement demander dans la foi. Osons attendre, sans aucun doute, l’action de Dieu ; osons nous faire étranger à nous-mêmes pour s’émerveiller de l’action de Dieu loin de nos stéréotypes. Osons nous laisser re-susciter par Dieu lui-même dans le riche foisonnement de son Eglise pour s’étonner de joie, du salut qui est là.







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