Commentaire de l'Évangile du 23e dimanche ordinaire
Le Père Jean-Côme About commente l'Évangile selon st Luc (14,25-33) de ce 23e dimanche
ordinaire : la vraie sagesse, c'est de renoncer à tout pour le Christ.
Le texte du commentaire :
«Si quelqu’un vient à moi sans me préférer
à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre
vie, il ne peut pas être mon disciple». Les paroles de Jésus nous semblent terribles
à entendre, en ce vingt-troisième dimanche du temps ordinaire, tant leur radicalité
bouscule notre manière de comprendre les choses. Et nous avons l’impression que tout
en étant croyant, le statut de disciple s’éloigne de notre cœur. Jésus est radical,
devant cette foule. Il l’emploie même le terme de haïr, dans le texte, tant il tient
à faire comprendre que le choix de Dieu ne tolère aucun compromis. La foule, devant
lui, a suivi le thaumaturge, le guérisseur et sa relation avec Jésus est extérieure.
Elle est attirée par son enseignement et ses miracles mais fait-elle le choix du Fils
de Dieu comme Messie rédempteur ? Alors Jésus les secoue. La relation à Dieu, au
fond du cœur de chacun, ne peut être construite sur une méprise : aimer celui-ci comme
un parent et donc ne se sentir concerné que par des devoirs d’entretiens de bonnes
relations familiales. Tout comme le signifiait déjà l’Ancien Testament, la relation
à Dieu implique un investissement de « tout son cœur, de toute son âme et de tout
son esprit ». Mais placer cette relation dans l’ordre d’une parenté de sang a le désavantage
de n’impliquer parfois que le côté affectif sans véritablement toucher l’existence
et le sens fondamental de la vie. Choisir Dieu ne se fait pas simplement sur un
sentiment. Et comme poursuit Jésus, la construction de notre vie et notre relation
avec Dieu nécessite de se préparer en connaissance de cause. Bâtir une tour ou partir
en guerre ne s’improvise pas : la pérennité du projet tient à l’anticipation des responsabilités
engagées. Cette foule est bien loin de tout cela, comme nous-mêmes, si notre relation
à Dieu est de l’ordre du confort culturel : je crois parce que cela m’arrange ou je
crois parce Dieu est ma vie ? Voilà l’ultimatum de la foi dans la bouche de Jésus.
Et il continue en en montrant toutes les conséquences pour que nous y adhérions en
toute responsabilité et vérité. «Sans me préférer…même à sa propre vie». Oserai-je
mettre ma vie en jeu pour lui comme lui-même l’a mise en jeu pour moi ? La relation
ne peut plus être de l’ordre du superficiel, elle va jusqu’à l’être. Mais ce n’est
pas ma vie contre la tienne, mais ma vie avec la tienne, nous dit-il. «Celui qui
ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut pas être mon disciple» Après
l’émancipation d’une relation équivoque d’ordre affective avec Dieu, après l’émancipation
de la considération de ma vie comme unique centre d’intérêt, il m’est demandé de vivre
la croix… Vivre sa croix : accepter les événements de ma vie comme le Christ l’a
accompli. Cela peut nous paraître accepter tout sans broncher, mais il s’agit d’accepter
ce que Dieu m’appelle à vivre et dont il donne le sens caché, dans les événements
que la vie me fait subir. Lire avec Lui ce qu’il me dit, pour aller jusqu’au bout
avec lui : c’est la plus grande des responsabilités car je corresponds à sa volonté
et cela ne peut être vrai que si j’ai tout laissé entre ses mains. «Celui qui
ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple». Nous voyons donc
que le statut de disciple n’est pas loin ! L’attitude du cœur rend toutes ces étapes
possibles, alors n’hésitons pas.