Famiglia Cristiana : les dirigeants italiens ne sont pas à la hauteur de la situation
Dans un contexte incandescent, la polémique ne cesse d’enfler en Italie après la publication
par l’hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana, d’un réquisitoire sévère sur la
classe dirigeante italienne. Sous le titre «un pays sans leader», la revue fustige
les politiques, déconnectés de la nation, incapables de résoudre les graves problèmes
et qui offrent le spectacle lamentable de leurs querelles incessantes. L’article
est sans complaisance ni raccourcis. Les Italiens sont certes anesthésiés par la télévision
mais – avertit l’hebdomadaire catholique – le dégoût se répand à l’égard des dirigeants.
L’absence de leadership touche tous les secteurs : la politique, l’entreprise, la
communication, la culture, jusqu’au monde associatif. Ce qui manque, ce sont des personnes
capables d’offrir des objectifs partagés, des programmes à moyen ou long terme, une
idée du bien commun qui permette de surmonter les divisions et les intérêts particuliers,
voire personnels. L’article pointe du doigt la Ligue du Nord lorsqu’il s’en prend
à ceux qui proposent un fédéralisme qui ressemble fort à une sécession, sans âme ni
solidarité. Il attaque de manière à peine voilée Silvio Berlusconi quand il souligne
qu’un pays mûr ne peut être dirigé par des hommes qui ont choisi la politique pour
se caser et régler leurs propres «questions pendantes». La réaction de la Ligue du
Nord a été rapide : "les auteurs de l’article sont des imbéciles ignorants " a lancé
Umberto Bossi avec l’arrogance qui le caractérise tandis que le reste de la classe
politique maîtrise mal son trouble. D’autant que les évêques italiens, désireux de
voir émerger des hommes nouveaux, encouragent ouvertement les jeunes croyants à entrer
en politique et à prendre en main les destinées du pays. Ces jours-ci le président
de la Conférence épiscopale a enfoncé le clou en affirmant que le sous-développement
moral était, en Italie, la cause de tant de maux et de pauvretés. Il est urgent, selon
le cardinal Bagnasco, de redonner à la vie personnelle et sociale sa dimension éthique.
Mais l’Église – avertit Famiglia Cristiana – doit elle aussi vérifier si ses propres
cadres sont réellement des références éthiques et spirituelles pour la nation.