Commentaire de l'Évangile : Assomption de la Vierge Marie
En ce dimanche 15 août, solennité de l'Assomption de la Vierge Marie, le père Jean-Côme
About commente l'Évangile selon saint Luc (1.39-56)
Texte de l'homélie: En
cette solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, nous fêtons l’élévation au ciel
de son corps après qu’elle se fut endormie dans la mort. Une grâce divine, toute
particulière, lui permet de ne pas connaître la corruption terrestre. Celle qui fut
préservée du péché pour recevoir le Fils de Dieu en son sein est maintenant épargnée,
dans une suite logique, de cette corruption charnelle et spirituelle que provoque
le péché. Et l’Église, pour nous faire mesurer qu’un oui, pleinement consenti, à Dieu
est source de sainteté, nous offre le récit de la Visitation de Marie à Élisabeth.
Rencontre de deux cœurs donnés à Dieu, rencontre de deux vies imprégnées de la
prière de Dieu, rencontre de deux âmes qui perçoivent leur vie en Dieu et exultent
d’en être comblé. Oui, ce chant qui monte de leur cœur en un dialogue de joie,
préfigure le chant de l’Église rencontrant son Seigneur Jésus-Christ, tout comme celui
du simple fidèle rencontrant le visage et la sainteté de son sauveur, dans sa prière,
ses frères et ses activités quotidiennes. Marie, comme toute femme en Orient,
va se mettre au service, pendant un certain temps, de celle qui est plus âgée et qui
conçoit. L’ayant su par l’ange, elle se hâte de rejoindre sa cousine. Marie salue
Élisabeth et ces paroles déclenchent tout : l’enfant qu’elle porte, Jean-Baptiste,
tressaillit en elle et elle ne peut qu’exprimer sa jubilation de comprendre que Marie
est elle-même «mère de mon Seigneur». L’amour de Dieu révèle Dieu, et son mystère
ne consiste plus à être privé de l’entière connaissance de ce qu’il est, mais ce mystère
correspond désormais à un éblouissement de connaissance auquel nos esprits doivent
s’habituer comme pour une lumière trop violente. Ce n’est plus une privation par manque
d’intelligence des choses de Dieu, c’est une surabondance d’éclaircissements dans
la foi parce que Dieu se révèle dans nos propres paroles et nos propres manières de
penser. C’est ce que touche Élisabeth et en premier et d’une manière unique, Marie.
L’ange a salué Marie au nom de Dieu et Marie, en saluant elle-même, transmet cette
présence de Dieu. La sainteté de Dieu se répond en écho au travers de leur cœur par
l’intermédiaire de leur enfant béni de Dieu. Jean-Baptiste est rempli de l’Esprit
Saint dès sa naissance et Jésus est conçu de l’Esprit Saint. C’est l’Esprit qui
agit et résonne en leur âme et leur rencontre provoque le jaillissement de l’hymne
d’amour et de gratitude que leurs mères ne peuvent contenir. Ainsi en est-il de
toute âme qui se laisse toucher par Dieu : elle devient un écho d’amour divin que
rien ne peut contenir. «Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur
vienne jusqu’à moi ?... Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui
lui furent dites de la part du Seigneur» s’exclame Élisabeth. «Mon âme exalte le
Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon sauveur… » Et Marie de répondre, en cette
hymne prodigieuse, à l’éternelle question humaine : «Dieu, que fais-tu, quand viendras-tu
?», en révélant l’œuvre de Dieu qui se déploie à travers les âges et dont la réalité
prend corps en elle. Le Magnificat est la plus belle expression de l’élévation
de notre cœur priant vers Dieu, et l’on comprend pourquoi Marie fut élevée dans son
intégrité pour signifier le don total qui rejoint celui de Dieu.