Pédophilie : retrait d'une plainte contre le Saint-Siège
Trois personnes qui affirment avoir été victimes de prêtres pédophiles, il y a des
dizaines d’années dans le Kentucky, ont décidé de retirer leur plainte déposée en
2004 contre le Saint-Siège. Le juge doit encore signer le non-lieu mais les deux parties
estiment que l’affaire est close. Il s’agissait de l’une des trois affaires mettant
en cause directement la responsabilité du Saint-Siège, dans ce dossier. Le Saint-Siège
a salué le retrait d’une cause qui a eu un impact très négatif sur l’opinion publique.
L’implication du Vatican accusé d’avoir occulté les faits était sans fondement – se
réjouit le Directeur du Bureau de presse. Le Père Lombardi précise, dans une note,
qu’il ne s’agit pas, bien entendu, de minimiser l’horreur des abus sexuels et la compassion
due aux victimes. Deux autres actions en justice mettant en cause le Saint-Siège sont
toujours en cours dans le Wisconsin et l’Oregon. Pour l’avocat du Vatican aux
États-Unis, c’est la preuve que le Saint-Siège ne peut être tenu pour responsable,
civilement et pénalement, des abus sexuels commis par des prêtres. Jeffrey Lena estime
que la thèse suivie par les avocats des victimes, il y a 6 ans, a fourvoyé l’opinion
publique et risque de détourner l’attention de l’objectif principal : la protection
des enfants. Maître Lena rappelle que l’Église n’est pas une multinationale et que
les prêtres ne sont pas des salariés du Vatican ; que les évêques diocésains n’agissent
pas pour le compte de Rome et ne sont pas contrôlés quotidiennement par le Pape.
Dans l’Église catholique, les évêques et les supérieurs des ordres religieux bénéficient
d’une réelle autonomie de gouvernement. Les prêtres relèvent de leur autorité et pas
de celle de Rome. De leur côté, les avocats des victimes rappellent que les évêques
sont nommés par le pape et que les dossiers sensibles sont soumis à l’examen de la
Curie romaine, qu’ils accusent de négligence. Par ailleurs, la loi américaine interdit
aux tribunaux de poursuivre des chefs d’État étrangers, à l’exception toutefois de
ceux qui ont causé des préjudices à des personnes résidant sur le territoire américain.
Récemment, du reste, la cour suprême a refusé de se prononcer sur l’immunité du Pape.
De telles empoignades judiciaires sont fréquentes dans la société américaine et suscitent
des passions. Dans le domaine éducatif ou médical, les actions judiciaires collectives
se multiplient. Des cabinets d’avocats puissants et parfois sans scrupules recherchent
activement des plaignants leur faisant miroiter des indemnités importantes en réparation
de préjudices subis. Et le Saint-Siège apparaît pour certains comme une poule aux
œufs d’or.