Commentaire de l'Évangile du 19e dimanche ordinaire
Le Père Jean-Côme About commente l'Évangile, selon saint Luc (12,32-48) de ce 19e
dimanche ordinaire.
Texte
du commentaire : Jésus disait à ses disciples : «Sois sans crainte, petit troupeau,
car votre Père a jugé bon de vous donnez le Royaume». Le début de l’Évangile de ce
dix-neuvième dimanche se situe dans la description faite, par Jésus, du mode d’attente
du Royaume. Dans les versets précédents, Il invite à ne pas s’inquiéter de la manière
de manger ou de se vêtir car le Père y pourvoit comme pour le corbeau ou le lys des
champs. Eh donc, devant la foule et les disciples, il annonce que le Royaume est donné
à ce petit troupeau qu’il enseigne. Mais l’accueil de ce Royaume nécessite de se séparer
des richesses et biens inutiles qui n’ont pas de valeur aux yeux de Dieu. De s’en
séparer, non de les renier et de rechercher la misère ! Ils ne sont qu’un moyen nécessaire
mais non exclusif pour la subsistance du troupeau. D’où la nécessité de
bien les gérer, de les recevoir comme le simple gérant des biens de Dieu, rien de
plus. Et Jésus prend alors l’exemple de ces serviteurs qui veillent et attendent leur
maître. S’ils veillent en étant disponibles, alors il ne se contentera pas de les
payer et de les remercier mais il prendra lui-même la tenue de service, les fera passer
à table et les servira. Voilà la nouveauté absolue du Royaume : la justice
n’y est pas simplement établie, elle est dépassée par une bonté qui n’est plus de
l’ordre du monde mais du Royaume. Quel patron irait jusque là sans craindre d’être
définitivement déconsidéré ? Et pourtant Jésus le mettra en acte lors de la Cène pour
montrer jusqu’ou s’abaisse le Royaume : Dieu se fait serviteur de l’homme, il sert
le petit troupeau, pour que l’homme soit fait maître avec le Maître, pour que le petit
troupeau devienne le peuple aimé éternellement dans le Royaume. Cela a
de quoi interroger les apôtres : «Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous
ou à tout le monde ?» en d’autres termes : «Devons –nous le vivre ou le faire vivre
?» La perspective est différente car soit ils se mettent du côté de celui qui fait
agir soit ils agissent de même. Et Jésus leur répond d’une manière détournée ; en
reprenant une autre parabole où l’intendant est totalement investi de gérer les biens
du maître. Son attitude juste lui fera donner de participer à la fortune
même de son maître et ici donc d’être pourvu du Royaume, d’y participer pleinement,
d’être en définitive gérant avec Dieu de ses biens. Son attitude irresponsable
le fera se soumettre à ses seules passions et il sera retranché du Royaume avec les
incrédules. Il aura exercé sa propre justice irresponsable qui l’aura enferré dans
sa débauche et le rendra quasi étranger à la foi en son maître. La connaissance
et la participation au Royaume sont donc proportionnées à la foi, dans son accueil
et son approfondissement, et à la gestion féconde des biens que Dieu nous confie.
A nous de mesurer l’investissement de notre foi et d'en vérifier la croissance
dans la prière, et à nous d’évaluer la justice de notre gérance des biens de Dieu
dans nos actes. Que chacun : «Sois sans crainte, car votre Père a jugé bon de vous
donnez le Royaume».