Le nouvel ambassadeur du Sénégal à Pape Jean-Paul II: terre riche et fière de ses
valeurs et de sa culture, le Sénégal possède une grande et vieille tradition de tolérance
10 mars 2005 Très Saint-Père, Je suis ici, devant Vous, en un de ces instants
privilégiés de la vie d'un homme, où la solennité des lieux, l'exceptionnelle dimension
de ses interlocuteurs, la mission que son Pays lui confie, tout le transcende en même
temps qu'il appelle à l'humilité. Ce n'est donc pas sans émotion, mesurant l'honneur
et la responsabilité qui m'échoient, que je Vous remets, en ce moment solennel, avec
les Lettres de Rappel de mon distingué prédécesseur, les Lettres qui m'accréditent
en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal
près le Saint-Siège. J'éprouve également une immense joie à Vous présenter les
salutations cordiales et respectueuses de Son Excellence Maître Abdoulaye Wade, Président
de la République du Sénégal, ainsi que les vœux les meilleurs qu'Il forme pour Votre
santé — qu'Il recommande à. Dieu — et pour la poursuite de Votre inestimable mission
apostolique. Très Saint-Père, Depuis son accession à l'indépendance, le Sénégal
a établi avec le Saint-Siège des relations amicales fructueuses qui sont, aujourd'hui,
empreintes de confiance, de respect et d'enrichissement mutuels. C'est le lieu, pour
moi, de souligner la permanence et la qualité de ces liens et de saluer les efforts
de tous ceux qui se sont employés, avec intelligence et persévérance, à les développer,
au long de ces années. L'éclatant succès de Votre visite pastorale historique,
en 1992, à Dakar, qui demeure gravée pour toujours dans la mémoire de tous mes compatriotes,
a offert non seulement l'agréable occasion de magnifier l'excellence de notre coopération,
mais encore le témoignage de la bonne entente entre les Autorités publiques et l'Eglise
catholique locale. Comme Vous avez pu Vous en apercevoir, celle-ci est, dans l'exercice
de son magistère, un partenaire actif dont le rôle et l'aide, dispensée par ses institutions,
associations et mouvements, dans des domaines sociaux et éducatifs aussi vastes que
variés, à travers la réalisation de projets, où elle obtient maints succès, sont d'une
importance particulière au Sénégal. Très Saint-Père, Pèlerin infatigable,
Homme de Paix et ardent Apôtre de la non-violence, Vous avez, au cours des vingt-sept
années de Votre Pontificat, imprimé dans des moments difficiles une marque indélébile
de courage, de conviction, de foi, de générosité et de sagesse à l'évolution des relations
internationales et, si l'on ose dire, «écrit les pages les plus impressionnantes de
l'histoire de notre temps». Rarement, le Successeur et Titulaire du Trône de Pierre
aura, face aux défis multiples et aux réalités tragiques qui interpellent le monde,
servi de repère et de source d'inspiration. Mon Pays apprécie profondément l'engagement
personnel à toute épreuve, la détermination inébranlable et la contribution inlassable
de Votre Sainteté à la construction de cette «Civilisation de l'Amour», à Votre cœur
si chère, comme Votre combat pour le triomphe des valeurs humaines et des rapports
toujours plus fraternels entre les Nations. C'est que, terre riche et fière de
ses valeurs et de sa culture, le Sénégal possède une grande et vieille tradition de
tolérance. Chrétiens et Musulmans, indépendamment de leurs croyances et convictions,
y forment une seule et même famille. «Le dialogue y est une règle de vie et la politique
un lieu d'échange et de confrontation pacifique des idées». Le Gouvernement s'y efforce
de permettre, dans le cadre d'une activité démocratique normale, une concertation
saine et la participation réelle et libre de chaque citoyen dans les choix politiques
qui engagent son avenir. Cela explique pourquoi le Sénégal a vécu, en l'An 2000, dans
la transparence, la paix sociale, le respect de la souveraineté populaire et, par
la voie pacifique des urnes, une alternance apaisée de ses dirigeants à la tête de
l'Etat, et, on ne le dira jamais assez, sans effusion de sang. Dès lors, ce n'est
pas un hasard si le Président Abdoulaye Wade, qui a reçu, entre autres distinctions
au cours de l'année 2004, le «Prix international de la Ligue internationale des Droits
de l'Homme» et le «Prix Harriman pour la Démocratie» de l'Institut nationale démocratique
pour les affaires internationales (NDI), pour son combat pacifique pour la démocratie
et le refus de toute solution politique violente dans son Pays et en Afrique, a pris
deux initiatives insignes. Je veux parler: —d'une part, de la convocation à Dakar,
en décembre 2006, d'une Conférence internationale sur le Dialogue islamo-chrétien
— au succès de laquelle nous attendons une contribution éminente du Saint-Siège —
partageant ain-si les préoccupations constantes de Votre Sainteté pour l'approfondissement
du dialogue entre toutes les religions, notamment avec l'Islam; —et, d'autre
part, de l'abolition des dispositions du Code pénal sénégalais sur la peine de mort. Assurément,
mon Pays se retrouve avec le Siège apostolique sur l'attachement aux valeurs communes
sans lesquelles une meilleure compréhension et une collaboration sincère et durable
entre tous les peuples ne sont pas concevables. Qu'il me suffise de citer, au nombre
de ces principes, le respect de la personne humaine et de sa dignité, le maintien
d'une paix véritable et de la sécurité interne, et la promotion d'une solidarité concrète
et tangible entre Etats, par le dialogue et la négociation. Puisse l'action que
j'engage maintenant au service du Sénégal contribuer à l'élargissement, au renforcement
et à la consolidation de nos relations bilatérales. Je ne saurais terminer mon
propos sans remercier Votre Sainteté de m'avoir rapidement accordé cette audience
et former des vœux pour Sa santé et Son bien-être personnel. De même, en Vous assurant
de mon entière disponibilité, je sollicite Votre appui et celui de la Curie romaine
et Votre Bénédiction paternelle pour le Sénégal, son Président, le Peuple sénégalais,
mais aussi pour mes collaborateurs, ma famille et moi-même.