Commentaire de l'Évangile du quatorzième dimanche du temps ordinaire
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (10,1-12.17-20) du quatorzième dimanche
du temps ordinaire. En ce quatorzième
dimanche du temps ordinaire nous entrons en mission avec les disciples que Jésus envoie
pour proclamer la bonne nouvelle. La chronologie des consignes que le Seigneur donne,
nous introduit dans une démarche spirituelle explicite. En tout premier lieu, Jésus
envoie soixante douze disciples qu’il désigne. Leurs nombre est symbolique des nations
à rencontrer et qui attendent la Bonne Nouvelle. Aucune ne sera oubliée. Ils vont
deux par deux, d’abord pour ne pas agir seul mais se soutenir mutuellement, ensuite
pour être témoin des œuvres que le Seigneur accomplit. En second lieu, il est pleinement
conscient de la tâche difficile qu’il leur confie et ses recommandations deviennent
des armes pour la mission. «La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux,
priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson». Moisson abondante
et pénurie d’ouvriers s’opposent en un contraste saisissant mais Jésus nous invite
à s’associer à sa prière implorant le Père à qui revient l’initiative de l’envoi.
Cette confiance absolue de Jésus envers son Père doit être le moteur de notre espérance
actuelle face au déficit des prêtres en Occident. La prière sollicite le Père qui
répond ; notre foi active et vraie permet d’ouvrir les cœurs et de les rendre disponibles
à Dieu au sein des familles. Rien n’est jamais perdu. «Allez, je vous envoie comme
des agneaux au milieu des loups». Rien ne vous sera épargné, nous dit Jésus, vous
serez comme l’Agneau que le Père a envoyé parmi les hommes et qui sera sacrifié. Il
est venu complètement désarmé ou du moins sa seule arme était sa mission. Et cette
mission le protégeait des assauts de l’ennemi car elle était sans cesse remise entre
les mains du Père. Chaque fois que le disciple ou le prêtre oublie sa mission, qu’il
néglige l’aide du Père, il tombe entre les mains de l’Ennemi. Et son action devient
un contre témoignage flagrant de sa mission. Cela est identique lorsque l’on manque
à sa vocation d’amour dans un couple. Mais Jésus nous rassure ou plutôt il nous invite
à rester désarmés : «n’emporter ni argent ni sac ni sandales ; ne vous attardez pas
en salutations». Le dépouillement est l’apanage nécessaire de celui qui doit annoncer
le Royaume. Libre, il peut se consacrer à l’urgence de la tâche et ne prête pas le
flanc à l’Ennemi car rien ne le retient. En troisième lieu, le disciple est le messager
de la paix, cette paix que requiert le Royaume et en indique la présence, peu importe
qu’elle soit acceptée ou non. Si elle n’est pas acceptée, on ne doit pas l’imposer
par quelque violence, mais on doit aller ailleurs. En étant accueilli, le messager
se livre entièrement dans son corps et dans sa vie à ceux qui le reçoivent et son
message délivre une révélation : le Royaume s’est approché. Car le Christ, présence
du Royaume l’a mandaté pour en son nom révéler, expliquer, actualiser le Royaume.
On comprend bien alors que les disciples, bien que joyeux à leur retour, ne doivent
pas se réjouir ou se troubler car ce succès n’est pas inclu dans la mission. Le vrai
succès se trouve dans le Seigneur des missions, qui par sa croix a jeté Satan hors
du ciel. C’est uniquement en lui et non en eux-mêmes que les envoyés ont « plein pouvoir
sur la puissance de l’Ennemi ». Chacun est invité à relire sa vocation dans la réponse
qu’il a faite au Seigneur. Mais quel que soit notre engagement, notre cœur sera toujours
invité à être missionnaire comme les 72.