Les évêques italiens appellent à un sursaut politique et démographique d’urgence
Dans un contexte de crise et d’austérité, alors que l’Italie annonce un plan de rigueur
afin d’assainir les finances publiques, les évêques italiens demandent aux partis
politiques, de gauche comme de droite, de freiner le suicide démographique actuel.
Ils attirent par ailleurs leur attention sur deux dossiers prioritaires : la famille
et le travail. Le cardinal Bagnasco a eu des tons dramatiques à l’ouverture de l’assemblée
générale des évêques italiens lundi soir au Vatican. Des évêques qui souhaitent sortir
la société italienne de sa torpeur. Plus de 50% des couples italiens n’ont pas d’enfants,
25% n’en ont qu’un seul. Les évêques italiens demandent une politique qui encourage
les naissances, à travers des mesures concrètes et urgentes. Même si cela peut paraître
paradoxal en temps de crise, c’est le moment de le faire, estime le président de
la conférence épiscopale. Famille et emploi sont les secteurs les plus fragilisés
dans une société qui perd ses repères. Pour le cardinal Bagnasco la mobilisation de
tous est nécessaire par-delà les clivages idéologiques : dirigeants politiques, chefs
d’entreprises, instituts bancaires et syndicats. Face à une crise économique que le
cardinal Bagnasco qualifie de particulièrement tenace, le pays a besoin de réformes
susceptibles de favoriser la croissance. Il faut innover, si on veut garantir l’avenir
de la société. Il faut soutenir les investissements, l’artisanat, la recherche, le
tourisme, l’agriculture, les coopératives. Et le président des évêques italiens n’a
pas éludé la question sensible du fédéralisme préconisé par la ligue du Nord. Sans
la condamner sans appel, il s’est cependant inscrit en porte à faux contre tout ce
qui pourrait porter atteinte à l’unité nationale. L’Église, a-t-il précisé, est disposée
à déployer toutes ses énergies morales et culturelles pour contribuer à la réussite
du 150e anniversaire de l’unité italienne, une conquête à laquelle on ne peut renoncer
- a-t-il martelé - tout en soulignant que l’unité intérieure et la cohérence spirituelle
du pays restent à construire, qu’il faut donner aux Italiens des motifs d’aimer leur
pays. En ce qui concerne plus spécialement les catholiques, ils sont invités à participer
à la construction de la nation comme aux heures les plus sombres de son histoire :
en 1945 au lendemain de la guerre, en 1980 dans les années de plomb du terrorisme.
Romilda Ferrauto