Les avocats qui défendent les intérêts du Vatican aux États Unis ont présenté leur
défense devant un tribunal du Kentucky dans une affaire d’abus sexuels commis par
un prêtre. Trois hommes affirmant avoir été victimes d'abus sexuels il y a plusieurs
dizaines d'années, estiment que le Saint Siège devrait être tenu responsable parce
que l'évêque de Louisville n'a pas dénoncé les auteurs de ces abus. Maître Jeffrey
Lena a fait valoir que les évêques ne pouvaient être considérés comme des employés
du Vatican. Ils ne sont pas rétribués par le Vatican, ils n’agissent pas pour le compte
du Vatican ; leurs actions ne sont pas contrôlées quotidiennement par le Pape. Les
diocèses sont des entités autonomes, et l’autorité du Pape sur les évêques est d’ordre
religieux. Le mois dernier déjà, le Directeur du Bureau de presse du Saint-Siège avait
rappelé que l’Église n’était pas une multinationale et que les prêtres ne pouvaient
être considérés comme des employés du Vatican. Autre argument mis en avant par la
défense du Saint-Siège : contrairement à ce que soutient l’accusation, le document
de référence pour les procès de droit canonique adopté en 1962, Crimen Sollicitationis,
n’a jamais demandé à la hiérarchie de garder le secret sur les cas de pédophilie.
Ce document n’a par ailleurs aucune incidence sur le droit pénal et civil ; une autre
loi canonique plus sévère a été adoptée en 1983. Maître Léna a demandé le non-lieu.
A Rome on ajoute que la juridiction nationale américaine n’a pas compétence pour
juger le Vatican et le Pape qui est aussi un chef d’Etat. Deux autres affaires judiciaires,
l’une dans le Wisconsin, l’autre dans l’Oregon, tentent d’impliquer la responsabilité
du Vatican dans des cas d’abus commis par des prêtres aux États-Unis. L’avocat
américain Jeff Anderson, célèbre et controversé, qui a déjà obtenu des millions de
dollars de dommages et intérêts pour les victimes des prêtres pédophiles estime que
sa croisade ne sera pas terminée tant que le Pape ne comparaîtra pas en justice.