Devant le Saint-Suaire, Benoît XVI compare notre époque au Samedi Saint
Visiblement ému, Benoît XVI s’est recueilli en silence, pendant plusieurs minutes,
devant le Saint-Suaire, ce dimanche soir à Turin. Ce moment, a-t-il confié, il l’avait
attendu avec impatience, peut-être parce que les années l’ont rendu plus sensible
au message de cette Icône extraordinaire. Et il l’a vécu intensément, en tant que
successeur de Pierre qui porte toute l’Église et toute l’humanité dans son cœur. Dans
une méditation émouvante, le Pape a qualifié le linceul de Turin d’icône du Samedi
Saint, le jour où Dieu s’est caché, jour de silence et de solitude. A notre époque,
surtout après les événements du siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement
sensible au mystère du Samedi Saint ; l’éclipse de Dieu fait partie de la spiritualité
de l’homme contemporain, de manière existentielle, presque inconsciente, comme un
vide dans le cœur qui ne cesse de s’agrandir. À la fin du XIX° siècle, Nietzsche écrivait :
« Dieu est mort ! Nous l’avons tué ! » Après deux guerres mondiales, les camps et
les goulags, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue toujours plus un Samedi
Saint. Mais, comme une photographie, l’icône a un positif et un négatif. C’est pour
cela que des milliers et des milliers de personnes viennent la vénérer car elles y
voient non seulement l’obscurité mais aussi la lumière ; non pas tant la défaite de
la vie et de l’amour, mais plutôt la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur
la haine. Le linceul est une Icône écrite avec du sang. Mais toute trace de sang parle
d’amour et de vie.