Commentaire de l’Évangile du cinquième dimanche de Pâques

Le père About commente l’Évangile selon saint Jean (13, 31-35) du cinquième dimanche de Pâques.

Texte intégral du commentaire

    En ce temps pascal, nous cheminons doucement vers le don de l’Esprit saint aux Apôtres, à la pentecôte, et les différents dimanches nous invitent à approfondir le mystère de Dieu, révélé par le Ressuscité. Ce cinquième dimanche nous introduit dans le don du Père et nous évoque, dans les paroles de Jésus, le moyen d’y parvenir.

    « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire et il lui donnera bientôt ».

    La glorification est un terme récurrent dans tout l’Ancien Testament. La gloire de Dieu est la manifestation de sa puissance divine et celui qui y participe est transformé en tout ce qu’il est. Ainsi Moïse sur le Sinaï qui reflète la gloire de Dieu dans laquelle il fut baigné et dont le rayonnement devient visible aux yeux du peuple. De même les apôtres lors de la transfiguration : la gloire sourd du Christ et la nuée qui entoure Pierre, Jacques et Jean en fixe les limites.

    Mais la gloire, avec Jésus, devient un élément intérieur à la vie.

    Être glorifié en Dieu, selon les paroles de Jean, indique que toute la puissance divine rejaillit dans le Fils, dans l’acte du don total de soi-même.
Et ce don total est le propre du Père. En répondant à la demande du Père, Jésus lui-même devient don pour les hommes. Il reçoit l’amour vivifiant du Père, et, dans le même geste de don que le Père, il introduit l’humanité, par son sacrifice, dans la vie de Dieu. C’est en cela qu’il glorifie le Père.

    Il devient, pourrait-on dire père pour les hommes afin que Dieu redevienne le seul Père de toute l’humanité.

    Et la glorification est là : la vie divine devient accessible à l’homme et la vie humaine est capable de glorifier Dieu en recevant sa sainteté et en rayonnant. N’est-ce pas ce que nous signifient les saints ? Ils vivent pour Dieu en servant les hommes et irradient sa gloire.
Chacun, par le Christ, peut désormais, en vérité, glorifier Dieu et être porteur de cette gloire de Dieu.

    Mais comment y parvenir ?
« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimé, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ».

    Le commandement est-il nouveau ? Il fut évoqué dans le Lévitique sous l’expression connue : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Mais ici, Jésus rajoute : « Comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres ».
La mesure n’est plus soi-même comme dans le commandement. Ce n’est plus la dimension humaine qui est référence au respect et à l’amour des personnes. Désormais, la mesure est Jésus dans le don qu’il a fait de lui-même à l’humanité, en tant que Fils de Dieu. Chacun est donc invité à aimer, en ne se contentant pas de sa nature humaine, mais avec la puissance divine du Ressuscité qui le crée, fils de Dieu, dans la foi de son baptême.

    « Ce qui montrera aux hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Il ne s’agit donc pas de se contenter de suivre le Christ, physiquement ou selon la Loi, mais c’est à l’amour que nous manifesterons, que le monde découvrira que nous sommes les disciples du Christ-Jésus.

    Toute la perspective humaine est bouleversée : sa finalité n’est plus la loi qui est accomplie et qui s’arrêtait trop souvent à l’homme, désormais c’est l’amour de Dieu et un amour mutuel, offert par le Christ, qui inscrit Dieu en ce monde au travers de nos vies.

Vivons du Ressuscité, Alléluia ! Vivons de sa Gloire, Alléluia !