Le père About commente l’Évangile selon saint Jean (20, 1-9) du dimanche de Pâques.
Texte intégral
du commentaire
Christ est ressuscité, Alléluia ! Christ est vivant comme
il l’a promis, Alléluia ! Ces exclamations, qui résonnent en nos cœurs en ce jour
de Pâques, viennent traduire, en une grande joie, le centre de notre foi. Car qui
peut revendiquer d’être chrétien s’il ne croit pas en la résurrection ? Bien sûr
le chemin de la foi est ardu, mais son accomplissement vient toujours à son terme
par la confession en Jésus ressuscité. C’est ce chemin que nous relate l’évangile
de la Résurrection. Trois personnages, Marie-Madeleine, Pierre et Jean vont l’emprunter
et le vivre différemment ou plutôt l’intensité de leur regard et de leur confiance
va modérer leur compréhension de l’évènement. Marie-Madeleine, la première
en chemin, tout à son chagrin, va constater l’enlèvement de la pierre et la disparition
du corps. Ce ne sera que plus tard qu’elle retrouvera son Seigneur et le verra parce
que son cœur l’aura admis. Pierre et Jean vont courir eux-aussi pour voir. Voir
est le verbe majeur dans ce récit tout comme pour tout être humain. Combien de nos
contemporains se retranchent derrière le voir physiquement et le constater matériellement,
pour refuser de croire ? Saint Thomas, plus tard dans le récit, aura la même attitude
de demande de preuve et sera le premier à appeler Jésus, « mon Dieu ». Voir ne peut
s’arrêter à la dimension physique de la perception des choses, il y a aussi le regard
du cœur et le regard de l’âme.
Jean s’approche du tombeau, voit le linceul
et n’entre pas. Il laisse à Pierre, le premier des apôtres, le soin de découvrir
par lui-même l’événement. Celui-ci entre et constate plus de détails, le linge recouvrant
la tête, roulé à part à coté du linceul. Pierre voit avec son cœur, il a déjà franchit
une étape de plus. « Est-ce possible ? Tout ce qu’il nous aurait dit serait vrai ?
Un voleur n’aurait pas pris soin de rouler le linge ». Déjà s’amorce en lui la réflexion
du cœur qui va au-delà des apparences. Mais il lui faudra la première apparition de
Jésus pour que son être soit tout entier pris dans la certitude de la résurrection.
Alors s’imposera à son âme l’évidence du salut opérée par la résurrection. Alors il
n’aura plus peur et pourra dire trois fois, de tout son cœur et de toute son âme :
« Oui, Seigneur tu sais que je t’aime ». Jean rentre ensuite, il voit et parce
sa confiance va au-delà de son cœur, il croit. Il croit, de toute son âme. Son
regard ne demande pas la présence de Jésus. Alors que ses contemporains, comme les
nôtres, demandent des miracles pour croire, il regarde et voit Jésus, mais il le voit
dans son mystère. C’est-à-dire non pas dans une dimension secrète que seul, lui,
pourrait voir, mais il voit ce mystère comme une lumière aveuglante l’inondant de
sa présence, et par la foi, qui seule peut le lui faire comprendre, il laisse ses
yeux s’habituer à cette lumière. Et ainsi il voit le mystère : même sans la vision
directe de Jésus, il y a le Ressuscité ! Même sans les preuves tangibles de la résurrection,
il y a le vainqueur définitif de la mort ! Même sans l’approbation de la raison, il
y a la certitude de l’éternité ! Et nous ? Où en sommes-nous ? Dans l’attitude
de Jean, Marie-Madeleine ou Pierre ? Est-ce l’important en ce saint jour ? Non, car
là où ils en sont, le Christ va les rejoindre : chacun le verra réellement dans sa
gloire de Ressuscité. Quelle joie, quelle merveille que le Ressuscité nous rejoigne
dans la mesure de notre foi, pour peu que nous osions entrer dans son mystère : vivre
dans une confiance telle, que Dieu se laisse voir et toucher. Christ est ressuscité,
Alléluia !