Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (22, 14-71; 23, 1-16.18-56) du dimanche
des Rameaux.
Texte
intégral du commentaire « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec
vous avant de souffrir ! »
Ces premiers mots de la passion en saint
Luc inaugurent notre semaine sainte.
Nos cœurs ne peuvent qu’être émus
par ce cri de tendresse et d’amour du Christ. C’est la troisième Pâque avec ses disciples,
après celles vécues avec ses parents, chaque année. Jésus sait qu’il s’agit de la
dernière et pourtant il a hâte de la vivre avec ses disciples.
Cette hâte
n’est pas une attitude de dépit, face à l’adversité, comme lorsque nous nous décourageons.
C’est une liberté d’amour librement consentie qui désire accomplir la double mission
sollicitée par le Père : unir la communauté des hommes, en l’Église, au travers de
ses apôtres, et vaincre le péché, en sauvant les hommes, par le don de sa vie de
Fils de Dieu.
Et ce chemin se déploie du dernier repas du Christ jusqu’à
sa mort sur la croix. De la plus grande joie à la plus grande tristesse, nous cheminons
avec lui en cette semaine. Et chacun peut se retrouver dans tel ou tel personnage,
au long des actes d’abandon qui vont amener le Christ à être terriblement seul jusqu’à
la fin de la croix.
Et pourtant en cette tragédie unique de souffrance
humaine et divine en Jésus, quatre personnages, qui peuvent nous paraître, extérieurs
à l’histoire ou incongrus dans le contexte, vont nous confier un chemin spirituel
dans cet écrasement.
Le premier est cet ange, « apparu du ciel et qui
le réconfortait ». Jésus vient d’exprimer son désarroi insoutenable : « Père, si tu
le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui
se fasse, mais la tienne ». Alors qu’il doute, non pas du Père, mais de lui-même,
dans sa force d’aller et de tenir jusqu’au bout, il reçoit cette consolation. Le messager
se tient là, non pour influer ou se substituer à son choix mais juste pour dire :
« le Père est à tes côtés ! ».
Lorsque nous sommes au comble du désespoir,
fais surgir, Ô Fils de Dieu, le « notre Père » de notre cœur.
Le deuxième
personnage est Simon de Cyrène, complétement étranger à ce qui se passe et qui se
trouve entraîné à porter la croix. Imaginons cela : devoir porter la croix d’un autre
sans en être concerné. Plus d’un d’entre nous s’écrierai : « j’ai déjà à porter la
mienne alors portez vous-même la vôtre ! ».
Et pourtant c’est ce que fait
Jésus pour tout le genre humain : il porte le péché de l’humanité entière alors qu’il
n’y a jamais participé. N’est pas cela la plus grande preuve d’amour ?
Seigneur,
lorsque je ploie sous le fardeau, fais-moi accepter, qu’un autre me soulage…
Le
troisième personnage est le bon larron qui va percevoir la grâce et la vérité de Jésus.
Il est dans la même condamnation que Jésus, celle de la croix, mais il perçoit que
sa souffrance est largement méritée alors que celle de Jésus est totalement infondée,
lui « qui n’a rien fait de mal ». Un peu de la grâce de la souffrance de la croix
peut se déverser dans le réceptacle déjà prêt du cœur du bon larron.
Lorsque
la mort nous touche, Seigneur, mort du cœur, mort à nous-mêmes ou mort physique, que
notre souffrance ne soit pas un obstacle à ton secours mais qu’elle creuse en nous
la soif de ta grâce. Que nos souffrances, en tes souffrances, murmurent ce oui d’être
sauvé.
Enfin le dernier personnage est le centurion romain, celui le plus
éloigné de cette passion et pourtant il s’écrie : « surement cet homme était un
juste ». Juste, dans la tradition biblique, est celui qui vit de Dieu et sait reconnaître
la loi de son amour, comme Joseph.
Voyant la lumière, le centurion en
est éclairé.
Ô Seigneur, en cette semaine où ta lumière lutte contre mes
ténèbres, où ta vie investit pleinement ma mort, passionne mon cœur pour que tes souffrances
signifient à ma vie de quel amour éternel tu m’aimes.