2010-03-12 15:58:07

Commentaire de l’Évangile du quatrième dimanche de carême


Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (15, 1-3.11-329) du quatrième dimanche de carême. RealAudioMP3
 

Texte intégral du commentaire

Ce quatrième dimanche de carême est centré sur l’un des plus belles pages de l’Évangile : la parabole du Fils prodigue. Nous connaissons tous l’épisode et ses différentes interprétations : la bonté du père, l’ingratitude du jeune fils, l’orgueil de l’aîné, la découverte de l’amour du père par le jeune fils, le don renouvelé de la vie par le père, l’aveuglement de l’aîné.
     Mais j’aimerais, avec vous, le lire sous l’angle de la personne : nous découvrons la perte du corps, la perte du cœur et la perte de l’esprit.

     L’outrecuidance du jeune fils nous paraît scandaleuse : demander son héritage et partir. Symbole de ce lien paternel ou maternel que nous avons du mal à gérer : je veux devenir autonome et pourtant je suis attaché à mes parents. Le jeune fils force la main au père et, en demandant son indépendance totale, il coupe son être du minimum dont il a besoin pour vivre : l’amour vrai de celui qui lui a donné la vie.
Il va, sans s’en rendre compte, en coupant tous les ponts, jusqu’à sevrer son corps de ce qui l’unit à la vie : l’amour de son père. Et, par ce fait, il perd son corps, au sens propre comme au figuré : il l’offre à des plaisirs faciles et mange les réserves de sa vie. Alors il connaît la faim.
Dans son corps et dans son être, l’épuisement se fait sentir ; la mort de ce qu’il est, surgit.

     Mais ce n’est pas tout, il a aussi perdu son cœur. Il a perdu la dimension des êtres et des choses ; il ne sait plus où est sa dignité. Ce n’est que lorsque son être est épuisé et a touché la plus basse des indignités, garder des porcs – ces animaux impurs – qu’il pense aux ouvriers de son père : ils ont à manger. Et sa perte de cœur va jusqu’à oublier qu’il est fils : sa demande au père est centrée sur le péché et sa condition déchue non sur sa vie et ce qu’il le fait vivre. En lui, plus rien n’est symbole de vie sinon juste l’instinct de survie. La perte de son cœur le fait se mettre au rang des animaux qu’il a gardés. Il avait tout, il n’a plus rien ; il était tout, il se fait rien.

Jusqu’où Dieu vient-il nous chercher ?

     La perte de l’esprit est cristallisée par l’attitude du fils aîné. Il ignore ce que peut-être une communion de vie : non pas quantifier ce que je te donne et ce que je reçois mais vibrer de vie et de joie à ce que tu es et à ce que je suis.
Te laisser qualifier ma vie, c’est ça la communion d’amour du Père.
Alors que le Fils aîné ne veut voir que sa fidélité récompensée par sa rectitude, le Père lui rappelle que l’amour est la seule communion qui se partage sans conditions. La perte de l’esprit dans cette mesure d’amour, le place en dessous de la conversion de son frère ; celui-ci, sans réclamer, retrouve l’amour que le père donne, tandis que lui, en réclamant, ne perçoit toujours pas l’amour du père dans lequel il vit.

Perte de corps, perte de cœur, perte de l’esprit, à chaque fois le Père va répondre. Il est celui qui donne la dignité et il ne cesse de la donner et trop souvent nous oublions que tout vient de lui. Il est celui qui redonne vie, qui la soutient, qui la maintient, et s’en détacher nous plonge dans le chaos de nous-mêmes.
Il est celui qui pardonne, notre corps, notre cœur, notre esprit parce que sa vie, c’est d’être notre vie.
Quelle Pâque, Seigneur tu nous fais vivre !
Te savoir notre Père inonde notre vie du salut de ton Fils et nous donne la joie d’être tes fils.







All the contents on this site are copyrighted ©.