Commentaire de l’Évangile du troisième dimanche de carême
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (13, 1-9) du troisième dimanche
de carême.
Texte intégral
du commentaire
Ce troisième dimanche de Carême nous met face deux
exemples et une parabole de Jésus qui souvent nous laissent sans réflexion véritable :
le massacre des Galiléens par Pilate, l’écroulement de la tour de Siloé, le figuier
improductif.
Pour mieux comprendre, il nous faut resituer le contexte :
Jésus s’accroche avec les scribes et les pharisiens et leur reproche de ne pas voir
les signes du Royaume de Dieu qui se rend présent, maintenant. Ils sont capables de
reconnaître la venue de la pluie par un nuage se levant au couchant mais non pas la
venue du Messie pour lesquels ils sont préparés. Ils se retranchent derrière la Loi
et justifient les châtiments comme conséquence des péchés.
Jésus va jouer
sur deux fronts : désolidariser le péché du châtiment et inviter à la conversion en
refusant l’inéluctable, le destin.
L’affaire des Galiléens fait grand
bruit. Pilate, voulant éviter tout mouvement séditieux, les massacre alors qu’ils
présentaient leurs bêtes en offrande au temple. Les gens ont vite fait d’interpréter
cela comme une volonté de Dieu : si Dieu a laissé ces meurtres s’accomplir, c’est
parce que ces Galiléens étaient pécheurs et méritaient ce châtiment. Comme pour l’aveugle-né,
Jésus s’élève contre cette assimilation abusive. Non, Dieu ne laisse pas mourir
par punition ! Comment, alors, pourrait-il se nommer Dieu d’Abraham, d’Isaac et de
Jacob, dans la première lecture, alors qu’eux-aussi ont été des pécheurs et non point
eu de châtiments mortels ?
L’exemple suivant nous fait toucher du doigt
ce cas typique du destin qui frappe sans discernement : « ces dix-huit personnes tuées
dans l’effondrement de la tour n’étaient pas plus pécheurs que d’autres ! » Et qui
de nous n’a pas eu une tristesse foudroyante lors d’un événement qui nous a privé
d’un être aimé ? Était-ce le destin, le hasard, la faute de Dieu ? Nous avons vite
fait de nous retrancher derrière ces termes et au final d’en vouloir à Dieu.
La
réponse de Jésus peut nous paraître encore plus amère : « Si vous ne vous convertissez
pas, vous périrez comme eux ! ». Il nous faut bien saisir que dans la bouche de Jésus,
ce n’est pas une action de cause à effet.
Se convertir, c’est prendre
la mesure de Dieu qui, dans sa relation d’amour avec nous, nous prépare et nous offre
le temps de tout affronter et de tout assumer. Encore faut-il prendre ce temps avec
lui, sinon nous serons cueillis par la mort sans un geste de notre part. « Convertissez-vous ! »,
en d’autres termes, faites tout pour vous laisser toucher par Dieu ! Prenez du
temps, prenez de votre cœur, prenez de vos sentiments, pour que votre vie parle de
Lui !
D’ailleurs lui-même vous attend ! Comme nous le rappelle, le récit
du figuier : Depuis trois ans il est infécond et le maître veut le couper mais
le vigneron qui entretient le domaine demande du temps pour le refaire fructifier.
Dieu
prend patience : par son Fils, le vigneron, qui peut faire re-fructifier notre vie,
il nous offre du temps. Un temps qui soit le sien, un temps plein d’espérance, un
temps d’éternité… avec lui. Que notre prière soit ce temps en Dieu !